Ça commence quand et comment les City Kids ?
En 1980, au Havre, à la base il y a Erik Houllemare et moi. On a tout de suite pensé à Stéphane Lesauvage « Pax » à la batterie. On avait déjà joué ensemble tous les trois dans un groupe, en 1977, qui s’appelait Lipstick dont le chanteur était Jérôme Soligny. J’étais le clavier du groupe. Le groupe s’est arrêté assez vite et moi j’ai été embauché dans Little Bob Story. Je suis resté un an avec eux. Une année pendant laquelle j’ai fait un album avec le groupe. Dès que je suis sorti de chez Bob, Erik m’a contacté. On a pensé à Pax. Erik connaissait par son frère Christian, un guitariste : Pascal Lamy, et voilà on était au complet.
J’ai lu pourtant que au début Guy Georges Gremy (ex guitariste de Little Bob Story Ndlr) avait joué avec vous ?
Très vite on est parti jouer en Angleterre en première partie de Doctor Feelgood pour 25 concerts. On a pris Guy George à la place de Pascal qui était un peu « jeune » à l’époque pour cette tournée… Je pense que c’était une sorte de sécurité pour nous.
Et il est parti à la fin de la tournée ?
C’est un très grand guitariste Guy Georges, mais il était fou ! Il était dans une période d’alcoolisme très compliquée. On a réussi à faire la tournée mais assez vite, on a repris Pascal.
J’ai lu que tu avais découvert la musique en allant chez « Crazy Little Things » (magasin de disque mythique Ndlr) au Havre, que tu voulais acheter Chick Corea et qu’à la place tu es revenu avec les Stooges ?
C’est à peu près ça … J’ai baigné dans la musique très jeune : à six ans je suis rentré dans une chorale chrétienne. J’étais soliste et j’ai appris la musique très tôt. J’adorais vraiment la musique à 11 ans : je jouais du piano. Un jour on me parle de « Crazy Little Things », le premier magasin, celui avec Philippe Garnier. J’y suis allé et j’ai demandé un truc de jazz et je suis reparti avec « Raw power » des Stooges (rires). C’est lui qui m’a conseillé ça, je suis rentré chez moi, j’ai écouté çà et là … (rires) ! Quand j’étais au collège, avec Erik on était allé chez un copain pour son anniversaire et son grand frère avait pleins de disques de rock. Pour nous c’était un nouveau monde ! Des portes s’ouvraient toutes grandes dans nos vies !
Mais il y avait déjà Little Bob au Havre ?
Bien sûr …
Il vient d’où le nom « City Kids » ?
C’est un morceau des Pink Fairies. C’est Erik Houllemare qui l’a trouvé.
Dès le début vous jouez du rock en Anglais ?
On ne s’est jamais posé la question : on jouait ce qu’on sentait. On mettait vraiment le meilleur de nous-mêmes. On aimait le rock anglais, point !
Il se passait des choses au Havre à l’époque : Fixed Up, Bad Brains, Les Croaks, les Roadrunners…
C’est Garnier qui a commencé à proposer cette musique au Havre avec son magasin et ses concerts. Ensuite Yves Guillemot a repris le magasin et les concerts ! Au Havre il y a eu plein de groupes anglais et américains qui jouaient à la salle Franklin (une salle de boxe). C’était l’école pour nous ! On a vu beaucoup de grands noms du rock de l’époque, ils étaient très souvent anglophones. Donc pour nous chanter du rock en anglais c’était comme chanter de l’Opéra en italien.
Les groupes s’arrêtaient au Havre en arrivant en France ?
Absolument, l’avion était trop cher à l’époque. Quand ils arrivaient avec le ferry, ou quand ils repartaient, ils jouaient au Havre…et assez souvent à la salle Franklin !
On parle du Havre : c’est une ville d’une très grande importance dans votre musique ?
C’est un truc « sociologique » : on est tous des gosses de cité. A l’époque c’était une ville dure ! il n’y avait pas beaucoup de débouchés et le rock en était un. On était des punks rockers pour échapper à tout ça, un peu comme les anglais en fait.
Tout de suite vous jouez beaucoup et il y aura un mini album « live » 6 titres pour commencer ?
C’était important pour nous qu’il soit fait au Havre. Pour ce qui est du Live c’est juste parce que on en a eu l’opportunité. Un copain est venu avec un 16 pistes et il a enregistré le concert. On commençait déjà à beaucoup tourner et à répéter. Ça a pris quelques années en répétant parfois tous les jours pour être au point et quand on a fait « The Name of the Game » au Havre dans la salle Franklin c’était emblématique. Mais franchement on n’y pensait pas à l’époque. C’était juste pratique pour nous de faire comme ça.
Il y avait eu la compilation « Snapshot » où vous êtes incorporés à une scène « garage » ?
Il y a eu à cette époque l’émergence de nombreux groupes de rock en France plutôt anglophones, Le Havre avait une excellent réputation !
C’est l’époque, en 1983, où vous démarrez vraiment ?
Le Live a été capital pour nous. On l’a enregistré avec notre copain Yves Leroy, qui était notre ingé son. On avait une bande mais qui n’était pas mixée… Yves Guillemot avait quitté le Havre et avait ouvert un magasin à Londres « Vinyl Solution » à Notting Hill Gate. Je suis allé le voir avec ma cassette pour lui faire écouter parce que Yves c’était notre référent… . Dans son magasin j’ai rencontré Jim Dickson, un australien, qui était le bassiste des Barrucadas (groupe de garage rock anglais Ndlr). Le soir on est allé chez Yves, j’ai fait écouter la cassette et là les deux m’ont dit c’est vraiment super ce que vous avez fait les mecs ! Je pensais qu’ils se foutaient de ma gueule (rires). Là Jim me dit : « je dois te faire écouter des trucs ». Il est parti chez lui, il revenu avec une cassette, qu’il m’a donné. Dessus, il y avait une dizaine de groupes Australiens de la même époque. C’est lui qui m’a parlé de Rob Younger et Alan Thorne qui produisaient les groupes australiens.
Et c’est comme ça que vous allez faire la connexion avec L’Australie ?
Oui, Jim m’a donné leurs contacts et ils ont accepté de mixer la bande. On l’a envoyé par la poste en l’entourant de papier aluminium et en retour ils nous ont renvoyé la bande stéréo. C’était la première ligne de Rock avec l’Australie.
Et puis il va y avoir un premier changement dans le groupe ?
Jusqu’en 1984, il y a eu un vrai clash avec Erik. Il a décroché de notre musique. Ce n’était pas tout à fait ce qu’il voulait faire. Ça a été un choc pour nous : il écrivait pas mal de titres, il chantait avec moi… On était vraiment un groupe à deux têtes ! Ce n’était pas juste un bassiste qui partait : c’était un des deux fondateurs du groupe.
Qui le remplace ?
On en a essayé plusieurs, on a joué avec Erickson, un bon bassiste et après on a trouvé Christophe Paillette. Là, le groupe s’est vraiment relancé. Les autres jouaient très bien et Christophe était vraiment au-dessus, musicalement et humainement. Il était plus jeune que nous mais nous aimions les mêmes choses ….
On parle de William Klein qui a fait vos pochettes ?
Quand on a reçu le maxi d’Australie, on est tombé à la renverse : c’était sublime ! On a du se mettre au niveau du disque. En un mois on a appris à jouer au niveau de la production : ils nous ont fait gagné trois ou cinq ans. On ne les avait pas encore rencontré. Tout le monde était content. Ça a été le premier choc artistique et puis comme j’ai fait des études d’art, je me suis intéressé aux histoires de graphisme et de pochette. J’ai trouvé une photo absolument superbe, je l’ai recadrée, coloriée et hop c’est parti à l’impression.
Comme ça ?
Comme ça ! Seulement quelque temps après je rencontre Roger Legrand, un photographe du Havre qui me dit « Dom, fais attention ta pochette, c’est William Klein, c’est un photographe hyper connu… ». Je lui dit « ne t’en fais pas on a mis son nom ». Là il me répond que le type vit… en France et que ça peut l’énerver. Le disque sortait de l’usine et on partait en tournée.
Et donc ?
On trouve le numéro de téléphone de William Klein. On l’appelle et franchement il avait l’air pas vraiment joyeux de ce bordel… Il nous dit de passer chez lui. Avant de partir jouer dans le sud on s’est arrêté avec le camion de tournées garé en bas de chez lui. Il avait un grand appartement avec vue sur le jardin du Luxembourg. Il nous fait rentrer, on s’assoit et là, on ressemblait vraiment à une bande de gosses qui avaient mis la main dans le pot de confiture.
Vous étiez tous là ?
Au moins trois, il y avait aussi sa femme et son fils. Il nous fait asseoir et nous a demandé le disque. Il le prend, regarde la pochette et avec l’accent américain il nous dit « c’est recadré ça, vous savez que on a pas le droit de le faire sans l’autorisation du photographe ? ». On était tout penaud et il continue « ça s’est colorié ? ». Il a regardé et demandé « qui a fait ça ? ». J’ai levé la main, presque la tête baissée, sans le regarder (rires). Là il dit « c’est pas mal ». Il tourne le disque et il voit son nom. Il nous dit « une minute », il s’en va et il revient avec un livre d’art magnifique, « New York, William Klein », marqué en lettres d’or et la photo de couverture… c’est celle qu’on a prise !
(Rires) Au moins vous avez du goût !
(Rires) Il met le disque, il écoute sans rien nous dire pendant que sa femme lui demandait si elle pouvait nous offrir un thé. Il nous dit « c’est pas mal… ». Là sa femme a le droit de nous servir un thé (rires). L’ambiance était un peu plus… détendue. Il va dans un coin avec sa femme il revient et il nous demande « vous avez une maison de disque ? ». On lui dit que non, on explique notre histoire et là il nous dit « ok 3000 francs en trois fois, c’est bon ? », 500 euros de maintenant alors que cinq minutes avant il nous avait expliqué qu’il venait de vendre la photo 50 000 francs à un éditeur japonais (rires). C’était un cadeau absolu !
Après il a fait d’autres pochettes pour vous ?
En fait on est devenu amis ! Il y a un film de William Klein qu’on a jamais retrouvé. On jouait à Champs sur Marne et il est venu avec sa femme et son fils. Il y avait FR3 qui filmait le concert. Il a piqué la caméra et c’est lui qui a filmé tout le concert. On a jamais vu les images et on ne sait pas où est ce film.
Ensuite vous allez signer avec « Closer », le label du Havre ?
Il était content que on fasse un truc avec lui mais le mec est un peu bizarre (rires). Il faut le suivre Philippe Debris, c’était dur de se mettre d’accord. Il y a des gens avec qui c’est difficile de travailler et lui en il fait partie (rires).
Et sur la pochette de ce cinq titres il y aura encore une photo de Wiliam Klein ?
(Rires) Là c’est grandiose ! Je demande à Pascal de chercher une photo pour la pochette et là il trouve une photo d’un petit garçon et d’une petite fille qui dansent dans la rue mais en flou. C’est une photo floue qui est super belle ! Il me dit « il y a un problème : c’est une photo de William Klein ! ». Là je dis « Oh non ! Mais bon on s’en fout, on a son contact, on l’appelle ». Il nous a dit de venir (rires). C’était plus détendu que la première fois : on a eu droit au thé tout de suite (rires). Bon, on lui montre la photo et il dit « Oh non, pas celle-là ». Il nous explique qu’il y a dix photographies importantes dans la vie d’un photographe ! On lui en avait pris déjà une et la deuxième en faisait aussi partie (rires) ! Jane, sa femme a côté qui lui disait « Bill, vas-y tu peux leur donner » et lui « Oh non ! ». Il s’en va et il revient avec une dix ou quinze photos et là il nous dit « prenez en une ». Elles étaient toutes sublimes ! Bref on a pris celle avec les « kids » qui regardent le ciel.
Vous êtes le seul groupe au monde qui avez des photos de William Klein ?
Je ne sais pas, en tout c’est un grand, un très grand photographe…
A l’époque vous parcourez la France et l’Europe ?
On faisait de bons concerts et on était devenu un bon groupe de scène. C’est allé assez vite, mais à l’époque il y avait moins de groupes et de lieux, pas d’internet et c’est le bouche à oreille qui a fonctionné pour nous. On a été très vite repéré. On a aussi fait quelques concerts en première parties de groupes plus connus.
C’est l’époque où vous avez fait un téléfilm sur France 3 ?
Absolument, je ne sais plus trop quand c’était. On avait été contacté par Jean Schmitt, un réalisateur un peu marginal qui filmait surtout les marginaux. Il aimait les gens en marge. Il nous a branché pour faire un film à Laval sur les conseils de gens autour de lui.
Je n’ai jamais revu ce film ?
Moi non plus (rires), je crois que c’était pas un chef d’œuvre (rires) mais on a fait des musiques pour lui. On est resté dans la Mayenne pour plusieurs jours de tournage et on a écrit des musiques pour ce film.
A l’époque vous tournez dans toute l’Europe et personne ne parle de vous à part les Fanzines ?
C’est valable pour tous les groupes comme nous. La presse ne parlait pas des gens comme nous, il y avait que les Dogs qui avaient un peu de couverture médiatique. Il y avait pleins de groupes comme les Thugs, les Fixed Up, les Croaks ou les Roadrunners qui jouaient beaucoup et personne n’en parlait. C’est peut être un truc de province… Il faut dire que les rares personnes qu’on a rencontré du métier, c’était modeste ! Pour eux le rock c’était Johnny et Téléphone !
Vos disques sont sortis en Australie ?
Non jamais, on a eu des titres sur des compilations mais pas plus …
Vous avez joué avec qui ?
Beaucoup de groupes : les Pretty Things, Stiff Little Fingers, Iggy Pop, Gun Club, Dr Feelgood… pas mal de gens ….
Il va y avoir l’enregistrement en 1986 de « The Orphans Parade » votre troisième disque et premier album et là enfin vous allez rencontrer Rob Younger et Alan Thorne ?
Et oui, c’était le troisième disque qu’on faisait ensemble. On avait un label en Espagne et un label en Italie. Pour la première fois, on était un peu soutenu et on avait un peu de moyens. C’était un peu plus facile. On a trouvé une période où ils pouvaient venir et voilà…
Tout de suite ça l’a fait avec eux ?
On était déjà copains et en plus on enregistrait à Florence, c’était l’été, on était logé dans un appartement sous les toits tout près des palais. C’était magique. C’est une ville extraordinaire. Pour nous, comme pour eux c’était un rêve. On a été distribué en France par Musidisc.
A l’époque vous jouez encore beaucoup ?
Entre 50 et 100 concerts par an. On est allé partout mais il faut dire que nous avions un niveau d’exigence qui n’était pas excessif. Des groupes auraient pu refuser certains de nos concerts parce que les conditions n’étaient pas suffisantes .. mais nous on s’en foutait ! On jouait !
Vous en viviez ?
Non, on avait juste une autonomie financière pour le groupe. Entre deux tournées on faisait des petits boulots. La SACEM nous a rapporté un peu d’argent, et on avait un fonctionnement particulier. On payait tout de notre poche : les camions, les disques… Ça a été un peu différent quand on avait des labels mais on discutait tous ensemble, on faisait ce qu’on voulait. C’était vraiment la démocratie directe !
Vous avez pu visiter toute l’Europe ?
Absolument ! Italie, Espagne, Angleterre, Belgique, Hollande, Suisse …Le plus important est que l’on est toujours resté à un certain niveau musical… On pouvait ne pas se voir pendant trois semaines et puis quand on revenait au local ça repartait. C’était vraiment un truc étrange, presque magique …
Mais vous étiez plus un gang qu’un groupe : vous étiez des amis avant tout ?
C’est ce qui a permis que cela dure aussi longtemps et on est toujours des amis. Pax je l’ai rencontré en 1975 ou 1974, t’imagines … C’est toujours mes frangins. On a niveau d’amitié entre nous qui est énorme. Il n’y a pas de guerre d’égos entre nous. On est au service de notre histoire qui nous a de loin dépassée ! On a fabriqué un truc qui est plus grand que nous : c’était magique. Il y a eu des concerts incroyables où brutalement le truc décolle et toute la salle décolle avec nous !! … Une espèce de communion avec les gens.
Vous aviez un piano ce qui changeait tout au niveau de la ligne mélodique ?
C’est sûr il n’y en avait pas beaucoup et ça amène des choses. Ça changeait les morceaux, les compositions ! Une orchestration différente donc une ambiance différente.
Mais à cause de ce piano on vous comparait aux Doors ?
Oui, oui… ça s’explique aussi parce que j’avais une voix grave… ce n’était pas idiot parce que iles critiques ont toujours besoin de références. En fait, on en était assez loin…
La ville du Havre ne vous a jamais soutenu alors que vous et beaucoup de groupes parcouraient l’Europe !
Non jamais, pourtant dès que l’on jouait quelque part on nous demandait des nouvelles du Havre alors que la mairie s’en fichait royalement. Une des conséquences ça a quand même été une école de musique de plus 1000 élèves et nombreux profs issus du monde du Rock ! C’est la grande différence avec l’Angleterre : quand on a tourné avec Doctor Feelgood on a vu quand que dans les facs il y avait des radios et des amphis avec des sonos où l’on pouvait jouer. La musique est dans la vie des gens ! En France on a compris ça plus lentement, mais c’est rentré par la rap, par le rock. Aujourd’hui, c’est plus facile d’enregistrer. Pour nous tout était compliqué pour faire un disque : enregistrement, mixage, production, fabrication, SDRM, SACEM et en plus ça coutait cher même si ça t’obligeait à avoir une grande rigueur.
« The Orphans Parade » sera le sommet de votre carrière ?
Le temps jugera ! Juste après on a sorti une compilation chez Spliff, un super label de Clermont Ferrand. En fait juste après le disque on a perdu nos labels Italiens et Espagnols. C’était fatiguant de tout faire tout seul et comme pour jouer il nous fallait de l’actualité on a sorti cette compilation.
Vous avez continué à beaucoup jouer ?
Oui, beaucoup ! Certaines années , on jouait vraiment beaucoup !
Enfin arrive « Third Life » : pourquoi ce titre ?
C’était la troisième vie du groupe avec un peu d’humour. En fait c’est un disque un peu raté : on n’a pas pu faire ce qu’on voulait. On l’a commencé avec un ingé-son étrange. On n’a pas fini avec lui. On a rattrapé l’affaire en envoyant les bandes aux australiens. C’est un de mes regrets, le projet pourtant au départ était bien, on n’a pas réussi à le porter aussi haut !!!
Et vous allez faire les premières parties de Noir Désir sur la tournée « Tostaky « ?
C’étaient des fans. Ils venaient nous voir quand on jouait à Bordeaux au Jimmy. Ils avaient peur de nous parler (rires). On a beaucoup joué avec eux, dans de très bonnes conditions et devant des publics importants. Ils nous payaient sur leurs propres cachets, parce que le fixe que nous avions négocié leur semblaient trop bas. Tu le crois ça ? C’était vraiment bien. Ça nous a doublé notre cachet, c’était un très beau geste. Denis Barthe a même offert une batterie à Pax. Ils ont été supers avec nous. Ils nous ont chouchouté.
Il y a eu la première partie de Iggy Pop au Zénith ?
C’était bien avant ! On était arrivé super en retard parce que on avait été bloqué dans le traffic. On a dû monter le matos à toute vitesse, faire une balance ultra rapide et c’était parti. On se met à jouer et là je vois Iggy sur le côté de la scène avec son petit coll roulé marron. Il a regardé tout notre concert ! Lui aussi a fait un super concert ! Après son show, il y avait plein de monde en backstage, toutes l’intelligentsia du rock parisien …. Et là je le vois descendre des loges. Personne ne l’a remarqué : il était en civil ! Il vient directement vers nous. Il nous félicite en nous disant qu’il nous classait entre le Velvet et les Who.
C’est génial !
On l’a remercié (rires) et il se met à parler de la guitare. Là je me pousse et je laisse Pascal aller devant. Il le félicite, il lui tend la main et là Pascal ne pouvait plus parler tellement il était ému. Il faut savoir que Pascal a commencé la musique en faisant un groupe qui ne faisait pratiquement que des morceaux des Stooges, il en était dingue (rires).
Il était devant son modèle ?
Plus que ça (rires), je crois que il ne s’est pas lavé la main pendant une semaine (rires).
A une époque il y a eu un deuxième guitariste ?
Oui, Bruno Michel, c’était une expérience qui n’a pas duré longtemps mais j’aimais bien. Cela amène des choses à la musique et dans les arrangements.
Il y aura un album live et vous arrêtez ?
Oui, en 1995, à la sortie de tournée avec Noir Désir, quand l’un d’entre nous a choisi d’arrêter, et je ne dirai pas qui (rires), nous avons décidé de nous séparer ! C’est notre histoire, on a arrêté quand le groupe était en pleine puissance !
Tu as ensuite fait une carrière solo avec du chant en Français ?
Oui, c’était assez loin des City Kids. Je ne cherchai rien ; c’est Soraya, une chanteuse qui avait fait des chœurs avec le groupe qui me demande de lui écrire des chansons en Français. J’’ai composé une quinzaine de chansons. Finalement, elle ne fait pas le truc. A l’époque j’ai un piano là où j’habite, Mamie Blue un squat, et le bassiste des Croaks passe. Il me demande de jouer avec moi, cool ! Une amie qui entends ça, nous inscrit aux sélections du Printemps de Bourges… Bref on y va et on se retrouve devant un public avec des enfants, des adolescents, des moins jeunes et des gens âgés.. bref pas notre public habituel. Là on gagne tout, mais alors tout… On se retrouve à Bourges, on fait un bon concert, le soir même on joue avec Higelin et le lendemain on est signé chez « Night and Day ». En tout je ferai trois albums en français dont deux avec eux.
Mais les City Kids se reforment !
On a commencé à rejouer en 2007 parce que on nous le demande. Il y a eu un premier concert pour le C.E.M. l’école de musique du Havre. On s’est retrouvé tous les quatre dans un local et aussitôt s’est reparti ! Dès que on joue ça repart !
Vous avez beaucoup joué ?
Non, juste quelques concerts par an mais on essaye de travailler sur de nouveaux titres. On avait trois jours de studio, le lendemain du premier jour du premier confinement.
Vous allez sortir un nouveau disque ?
On a de nouveaux titres, ça a commencé … Ce n’est pas achevé… En fait en ce moment tout est compliqué ! On ne peut plus faire grand-chose tant que la situation ne s’est pas calmée. On doit travailler encore mais de nouvelles portes s’ouvrent !
Et vous allez être réédités ?
Il parait (rires), il va se passer des choses. Les choses arrivent maintenant et c’est bien. Les choses ont évolué et on n’a plus besoin d’expliquer ce que nous avons fait et pourquoi nous l’avons fait ! Il y a des choses intéressantes artistiquement qui peuvent très bien arriver !
Quand tu regardes derrière toi qu’est-ce que tu ressens ?
Je suis heureux, content ,c’est notre vie ! On a eu une jeunesse merveilleuse. 15 ans de concerts incroyables, on a voyagé dans toute l’Europe et c’est quelque chose qui a bouleversés et construits ! Il y a un côté où nous avons été reconnu par des gens qui nous admirions. Quand on a joué en Angleterre avec Feelgood, leur manageur est arrivé avec un mec et c’était Larry Wallis ; celui qui avait écrit la chanson « City Kids » ! Il nous a félicité et on a passé la soirée merveilleuse avec lui ! Un exemple de super souvenir !
Tu vois une relève arriver ?
Il y a des groupes que j’aime bien mais je ne sais pas si il y aura une relève. Les jeunes écoutent plutôt du rap pas du rock. Les rappeurs quand je les croisent ils me disent « on sait très bien qui vous êtes, on vient des mêmes citées ». Les jeunes ils ont la même hargne que nous mais avec du rap, c’est un truc de génération. Tout est logique : on a fait cette musique à ce moment-là et on a eu des opportunités. On a beaucoup travaillé, beaucoup répété et beaucoup joué ! C’est sur scène que tu apprends ton boulot. La première fois que on a joué avec Stiff Little Fingers, on croyait que on n’était pas trop mauvais mais eux ils jouaient 150 concerts par an et c’était une vraie machine de guerre. On a dû travailler, encore et encore, pour devenir cette machine de guerre comme eux. On a rejoué, comme tout le monde, et franchement le niveau de tous n’a pas baissé et c’est très agréable. Notre histoire elle a existé, il faut des opportunités et on ne va plus vers les gens c’est eux qui viennent vers nous… comme toi (rires) et crois moi c’est hyper touchant pour nous !
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