Que s’est-il passé depuis la sortie de votre album il y a deux ans ?
On a fait 40 dates un peu partout en France et à l’étranger. On a eu aussi la chance d’avoir notre album réédité avec des featuring d’artistes qu’on aime beaucoup comme Storm Orchestra, Laventure ou Vapa. On a aussi enregistré une reprise de « Smalltown Boy » de Bronski Beat produit par Pelle Gunnerfeldt, producteur des Hives et Viagra Boys qu’on adore aussi. Mais surtout on préparait la sortie de notre nouvel album qui va sortir début 2024.
Vous l’avez fait où et avec qui ce nouvel album ?
On l’a enregistré à Londres avec notre producteur de cœur Brett Shaw. Producteur incroyable qui a fait notamment les Foals et Florence + The Machine ! Et on a sorti vendredi 17 novembre un premier titre : « Empty Club »
Vous êtes toujours trois ? C’est qui votre batteur ?
On est trois dans le groupe oui mais accompagnés aux drums par notre frère et ami Féodor Trotta.
Votre nouveau titre, et l’album qui va suivre, sont sous haute influence « Madchester », c’est-à-dire la musique du nord de l’Angleterre entre 1985 et le milieu des années 90 qui mélangeait pop et dance music. Vous avez toujours eu cette influence, pourquoi s’en revendiquer maintenant ?
Tu as raison, on a toujours eu cette influence qui nous a donné l’envie de faire ce qu’on appelle du « Club Rock ». J’en ai eu la révélation quand j’ai commencé à m’intéresser à cette scène avec l’Hacienda en point d’ancrage (Club et salle mythique de Manchester NDLR) et tout le symbolisme et les valeurs qui vont avec. C’était donc normal pour nous de s’arrêter à Manchester.
Sur le disque, vous avez un son plus Dance et moins électro qu’avant ?
On nous a dit qu’il y avait plus de rock aussi.
Vous écoutiez quoi quand vous avez commencé à faire ce disque ?
On écoutait toute cette scène-là : Joy Division, les Happy Mondays et autre Charlatans, tous les projets acid house de l’Hacienda aussi, et bien sûr New Order !
Cette musique a beaucoup décomplexé les gens pour danser, vous avez toujours revendiqué ça !
Exactement, merci de le dire ! Quand j’ai commencé à m’intéresser à cette scène, en allant notamment à Manchester, j’ai vu que l’Hacienda était à la fois un club électro mais aussi une salle de concert. C’est ce qu’on veut faire depuis toujours. Je trouvais ça génial de penser qu’ils l’ont fait trente ans avant nous. Tu ajoutes à ça, l’histoire de New Order : d’anciens bros qui mélangent rock et électro, et je ne peux que m’identifier. L’idée c’était vraiment d’en faire notre truc sans être un Tribute Band ou une pâle copie ! Ce disque est vraiment une constellation d’inspirations de cette époque mais avec notre authenticité, notre sincérité : à la Caesaria, en 2023 quoi.
Cette musique est née dans le nord de l’Angleterre qui était sinistrée à l’époque par le chômage et cela permettait d’oublier le quotidien.
À titre personnel, je trouve qu’il y a beaucoup de points communs entre cette époque et maintenant. Bien sûr il y a trente ans de différence mais il y a quand même de grandes similarités à travers tout ce que j’ai lu. Nous avons toujours voulu que les gens puissent s’oublier à travers la teuf et la musique. Et c’est ce qui m’a plu : tout le monde pouvait participer à la fête et se dépouiller d’une partie de son quotidien morose, d’une actualité pas hyper cool, d’un futur relativement brumeux et ce le temps d’une soirée, d’un concert à l’Hacienda. Et à l’Hacienda c’était « tant que tu peux marcher, tu peux rentrer » j’adore l’idée
Cette musique a permis de lever un côté social et de permettre d’autres perspectives. Avez-vous un côté social ?
Oui, je pense. En faisant ce que l’on fait, nous avons choisi nos vies. C’est une volonté personnelle, réelle et pas le chemin le plus simple. On est donc à fond pour lever les barrières sociales, je me moque de qui tu es, de ce que tu fais, d’où tu viens… l’important c’est de faire corps. Ensemble.
Il y avait aussi le côté où chacun était une star : ça doit vous plaire ?
C’est ce à quoi on aspire ! Si chacun et chacune pouvait se représenter telle une star alors on serait dans une société avec plus d’espoir, de perspectives positives et donc dans une société plus heureuse. De fait.
Vous n’aviez pas peur de faire un peu « revival » ?
On s’est beaucoup pris les pieds dans le tapis parce qu’on voulait faire NOTRE truc, pas un réchauffé de la scène, pas un tribute en reprenant tous les codes. On s’est inspiré de cette culture mais en y amenant nos idées. On n’est pas de Manchester, on n’est pas des anglais donc hors de question d’en faire une imitation.
La plupart de ces groupes, quand ils jouaient, venaient souvent avec Dj pour avant et après le concert. Allez-vous faire pareil ?
On est en pleine réflexion là-dessus. On vient de terminer un remix d’Empty Club avec un DJ que l’on adore et qui est fan de Madchester. Pour nos « release party », je réfléchis que ce soit à Paris ou à Strasbourg d’avoir des DJ’s avec nous pour finir les concerts.
Tu pourrais le faire ?
Seul l’avenir nous le dira !
Les autres étaient d’accord pour te suivre dans ce concept ?
C’est venu d’une belle discussion tard dans la nuit avec notre DA que j’embrasse. Derrière, j’ai réussi à intéresser les mecs ainsi que toutes les autres personnes autour du groupe. Et tout le monde a parfaitement compris là où je voulais aller. Donc tant mieux ! Maintenant au public (rires)
Vous n’avez pas peur de vous trouver un peu en équilibre entre l’électro et la pop ? Il y a des auditeurs qui vont écouter un groupe de Dance et en concerts ils verront un groupe de pop.
Non, je suis convaincu qu’à nos concerts on ne peut qu’adhérer en ayant écouté nos disques avant. Je sais qu’en live on défonce.
Est-ce que tu penses que cette musique pourrait se faire en Français ?
Ça ne marchera pas tant que quelqu’un ne le fera pas (rires). Maintenant si ta question est ce « vous chanterez un jour en Français ? », la réponse est non.
Ils parlent de quoi tes textes ?
Rien n’est gratuit chez nous. Chaque texte est un reflet de nos vies. Et on y parle beaucoup d’amour dans tous les sens du terme mais aussi de nos rêves, de nos rébellions, de nos colères, de nos envies, de nos chutes, de nos épreuves… C’est, comme toujours, très introspectif.
Beaucoup de groupes cette scène n’étaient pas de grands groupes de scène et ils avaient besoin d’une armada de samples, de light et de Dj’s pour que les concerts se passent bien. Allez-vous faire la même chose ?
On a pas mal travaillé la scénographie, oui. Le live c’est notre vie. Tu sais, on est en totale indé et parfois tu fais tellement d’administratif et autre papier de merde que tu peux t’éloigner de pourquoi tu fais de la musique. Et nous très clairement c’est la scène qui nous ramène à l’essentiel et à ce pourquoi on fait tout ça. Donc on travaille beaucoup cet aspect de notre carrière.
Qu’est-ce qui vous manque pour rencontrer le succès et le grand public ?
C’est une bonne question, je n’en ai pas la réponse. Chanter en anglais est compliqué en France, on le sait. Néanmoins, on a de l’ambition et on sait que ça marchera. Maintenant, la route est longue, c’est certain, mais c’est pourquoi elle rend l’aventure si belle.
Mais n’est-ce pas à cause de votre son un peu dance, un peu pop ?
Je n’en sais rien et peu m’importe.
Il y aura une tournée après l’album ?
Bien évidemment.
Vous pourriez faire une tournée des discothèques ?
Peut-être mais dans une formule différente.
Vous êtes les seuls en France à faire ça ?
Je crois mais le club rock est si transversal qu’en fait, un paquet de formations pourraient s’y associer.
Vous allez faire attention à tout le graphisme et les clips ?
Bien sûr, surtout pour les clips. Encore une fois, on est dans la continuité et pas dans le revival.
Le mot de la fin ?
J’espère que cet album va plaire et sinon tant pis, il est là et c’est tant mieux.
Quel disque de Madchester tu recommanderais ?
« Pills ‘n Thrills and Bellyaches » des Happy Mondays, un must have.