Quand j’ai fini par le voir, très récemment, j’avoue avoir été un tout petit peu déçue. Ça fait ça parfois, quand on attend trop quelque chose. J’ai bien sûr admiré la performance des acteurs, y compris celle de Bowie, qui, à cette époque est au sommet de sa gloire et de sa beauté, et joue parfaitement sur l’ambigüité de son personnage. La particularité de son regard due à ses yeux vairons, ajoute encore une touche de folie au Major Jack Celliers. Je ne sais pas si c’est le film qui a vieilli – à moins que ce ne soit moi !! – mais je n’ai pas été si bouleversée que ça par la tension dramatique de ce personnage hanté par la culpabilité vis à vis de son jeune frère, et par le rapport quasi sado-maso qu’il entretient avec le capitaine Yonoi (Ryuichi Sakamoto) qui tombe sous son charme (on le comprend !)
Ce qui m’a le plus touché finalement, c’est la relation entre John Lawrence (Tom Conti) et le sergent Hara (Takeshi Kitano). D’abord cruel et brutal, ce dernier laisse peu à peu transparaitre son humanité, malgré tout, et l’on sent que l’amitié naissante entre les deux hommes aurait pu s’épanouir si les circonstances l’avaient permis. Et c’est bien là tout le drame : les circonstances d’une foutue guerre dont tous ces hommes sont les acteurs, chaque camp étant persuadé d’être dans le vrai, alors qu’ils en sont en fait les victimes impuissantes, puisque comme le dit très justement Lauwrence : « the truth is, of course, that nobody’s right » …
https://www.youtube.com/watch?v=1dodlaEqr9Q
Je passerai rapidement sur Les prédateurs, pur produit des années 80, plutôt esthétique dans la forme, un peu gore, avec quelques scènes pseudo sulfureuses destinées sans doute à exciter les ados (et oui à l’époque, voir des stars comme Catherine Deneuve et Susan Sarandon se rouler des pelles et se tripoter les nichons, ce n’était pas si courant !! Et ça suffisait à nous émouvoir). David Bowie n’y tient pas un rôle franchement marquant, si ce n’est qu’on le voit grimé en petit vieux, faiblissant à vue d’œil, et mon cœur de midinette a tendance à penser que c’est dommage de le voir comme ça… !
J’avoue ne pas m’être passionnée pour l’intrigue fumeuse de femme immortelle qui se trouve des partenaires – homme ou femme, elle est très open – pour traverser les âges avec elle mais qui finissent par lâcher en route et qu’elle abandonne dans des caisses en bois, rangées bien sagement dans son grenier… (Jusqu’à cette scène finale un peu grotesque de nuit des morts vivants…) Je garderai juste en mémoire quelques jolis plans de Bowie de profil, fumant sa cigarette, préoccupé par le début de la fin qu’il sent approcher.
Absolute beginners n’est peut-être pas un chef d’œuvre, mais il a le mérite d’utiliser le talent de chanteur de Bowie, avec son tube éponyme, évidemment, mais aussi That’s motivation, moins connu, où l’on voit David Bowie évoluer dans des décors mémorables, faire des claquettes sur une machine à écrire géante, onduler sur un globe terrestre coloré, et monter au sommet de l’Everest. Tout cela en chantant et en dansant. La grande classe… Cette comédie musicale très lollipop sur fond de peinture sociale n’est pas sans rappeler les comédies outrancières de John Waters, type Hairspray, avec quelques références à West side story. L’actrice Patsy Kensit se prend pour B.B. mais n’est pas Bardot qui veut… (B.B. ne savait pas jouer mais elle bougeait et dansait comme personne) et l’on voit plutôt une bimbo des années 80 dans un clip du top 50. Oui mais voilà, il y a Bowie…
Il tarde à apparaître et son rôle est secondaire, mais il semble prendre un réel plaisir à jouer ce personnage cynique, sorte de diable qui invite le jeune héro à la tentation du péché. En bref, si la carrière d’acteur de David Bowie n’est bien sûr pas ce qu’il y a de plus intéressant chez lui, elle n’en reste pas moins intrigante et donne à la star l’occasion de montrer un talent supplémentaire. Elle aura servi également à laisser de belles images de lui, comme cette photo choc de Furyo qui nous a tous marquès : le corps totalement enseveli, seule dépassant sa tête, qui semble être posée sur le sable, comme si elle était tout ce qui reste de lui…