Ça a commencé comment « All If » ?
Olivier : Aux origines j’ai monté le groupe en 2008 avec un batteur, Nicolas, qui vit maintenant au Canada. On était voisins et je l’entendais régulièrement jouer de la batterie. On a sympathisé et on a commencé tout de suite par enregistrer des démos. Très rapidement d’autres personnes (notamment Yann aux claviers) sont intervenues dans le projet. Comme il fallait un nom j’ai choisi « If », en hommage au poème de Rudyard Kipling. J’adore ce poème. Mais rapidement on s’est aperçu que le nom était déjà pris par des groupes de métal américains. Comme je m’appelle Olivier, presque tout le monde m’appelle Oliv et des amis anglais, en entendant les premières maquettes du projet "If", m’ont dit "I like your stuff mate, i like all IF" : c’est donc devenu All If. Voilà, ça s’est fait comme ça et en plus c’était mieux sur les flyers, plus élégant.
Et aujourd’hui qui est dans le groupe ?
O : La DRH dans le groupe a été très active, il y a eu beaucoup de changements. Aujourd’hui on est trois : moi au chant, à la guitare et aux claviers, Valentin à la guitare et Antoine à la basse avec des intervenants à la batterie ou aux cordes. La formation est stable depuis 2014.
(All If de gauche à droite Antoine, Olivier et Valentin - Photo Mathieu Trautmann)
Quelles étaient vos influences quand vous avez monté le groupe ?
O : Plein de choses ! Par exemple je suis obsédé par la deuxième partie des Beatles, à partir de "Rubber Soul", j’ai adoré « Ram » de Paul McCartney, les Boo Radleys, Divine Comedy, David Bowie, Love, les Beach Boys, Scott Walker….
Tu es toujours fan de ces groupes aujourd’hui ?
Oui, car j’ai gardé un côté fan depuis mes années lycée et plus je découvre le travail des gens plus j’en suis fan.
Vous avez des influences très anglaises à part les Beach Boys, vous avez écouté de la musique Française ?
O : Moi très peu, hormis Gainsbourg, Daho et Katerine.
Antoine : Moi j’aime la variété Française d’avant 85, avant l’invasion du DX7 en fait (rires). Il y avait des orchestrations incroyables, des textes travaillés, de grands orchestres …. Par exemple le premier album de Michel Jonasz est incroyable mais pour ce qui est du rock Français non pas vraiment de personnes …. En fait j’ai du mal avec la scène Française, le genre chanson à texte dépressif (rires).
Valentin : C’est vrai que dans la musique actuelle Française il n’y a pas vraiment beaucoup de monde dont on peut se sentir proches à la fois dans la musique et dans les textes.
A : En plus on n’est pas vraiment un groupe à message, on revendique rien d’un point politique ou social (rires). Pour moi cela n’a rien à faire dans la musique, le côté message moraliste et revendicatif !
https://www.youtube.com/watch?v=ze0sH3tAF5A
On trouve des influences de classique dans votre musique, vous avez fréquenté les conservatoires ?
A : Moi oui, j’ai fait le conservatoire, j’ai pris des cours et franchement j’ai adoré ! C’est mon côté fayot et aujourd’hui ça me sert ! Les autres sont plus proches d’un Paul McCartney, du Maccarthysme donc (rires)
O : J’écoute peu de musique classique, je n’ai pas la culture pour ça ! Mais je travaille souvent à l’Opéra de Paris comme figurant dans les ballets russes, je suis parfois hallebardier. J’entends souvent du Tchaïkovski, du Prokofiev et mon subconscient est saturé de ce genre de musiques qui, je pense, repasse dans mon cerveau et que j’essaye d’adapter modestement avec mon esprit d’artisan pop.
Dans votre biographie vous vous présentez un orchestre de poche au service de compositions baroques ?
O : La phrase n’est pas de moi, mais j’aime bien le côté orchestre de poche. J’en parlais hier avec un copain et je lui disais que mon objectif était d’avoir un côté « Lo Fi » grandiloquent : des compositions qui tiennent seules à la guitare ou au piano sans avoir besoin forcément d’une production trop importante …
(All If en session acoustique à l’Opéra Garnier pour Popnews - Credit Photo David Jegou)
D’ailleurs ce que l’on remarque quand on écoute vos titres c’est ce sens incroyable de la mélodie
A : Oui pour nous c’est une constante cette recherche mélodique mais aussi la progression harmonique. Nous n’avons aucun morceau à trois accords. C’est un peu compliqué parfois à jouer (rires).
O : Cette recherche c’est grâce à Antoine qui étoffe beaucoup mes démos en rajoutant des accords qui agrandissent nos mélodies.
Mais ce parti pris de la mélodie c’est une évidence pour vous ?
O : Absolument ! Nous avons des petits moyens mais on essaye de mettre en avant nos arrangements. On est « Lo Fi » grandiloquent même si c’est un oxymore ! (Rires)
Vous avez sorti plusieurs EP entre 2009 et 2015 ?
O : Oui mais ce furent des sorties plutôt confidentielles avec à chaque fois des formations différentes. Le fait de sortir ces EP nous a surtout permis de faire des concerts, une bonne centaine depuis le début du groupe. Mais le seul disque que nous pouvons « revendiquer » tous les trois c’est « Absolute Poetry », notre Ep qui est sorti en 2015. Le seul disque où nous sommes tous dessus, avec Gilles à la batterie et Marie au violoncelle, tout le monde a chanté.
C’est important pour vous que tout le monde chante ?
O : Oui, totalement, on apporte beaucoup de soin à nos parties vocales, dans les harmonies …
A : c’est très excitant le travail de superposer des voix, de les mettre en place … Ce sera toujours primordial pour la réalisation de nos morceaux.
V : Ce qui vient tout de suite après la maquette de base ce sont nos voix pour les harmonies. On travaille toujours les morceaux en fonction de ça.
Pour votre dernier Ep il a fallu un gros travail en amont pour arriver à ce résultat harmonique ?
V : Quand nous disons que nous sommes un orchestre de chambre, c’est vrai parce que tout a été préparé dans nos chambres.
A : Le travail voix /clavecins a vraiment été fait à la maison, dans ma chambre en fait (rires). C’est vraiment un travail qui m’excite de mettre au point ça. Cela nous différencie de beaucoup de gens dans la musique actuellement : chez nous tout est écrit et mis au point à l’avance quand nous rentrons en studio.
V : On s’oriente de plus en plus vers une pré production à la maison : cela nous amène du temps, de la liberté créative, on peut travailler quand on veut et surtout financièrement c’est bien plus intéressant.
Vous êtes donc un groupe de home studios ?
A : Un peu comme tout le monde maintenant, nous avons du matériel à la maison. On fait ça la plupart du temps chez moi : enregistrement, mixage et si on pouvait on ferait aussi le mastering.
Mais est ce que cette production très au point avec des morceaux ne dérange pas pour le travail sur scène ?
A : C’est assez classique comme réponse mais le studio et la scène sont deux choses différentes On essaye de garder les instruments, piano, guitare… Mais forcément ce n’est pas aussi précis que sur disque à part les chœurs. Nos arrangements sont différents mais nous tenons absolument à ce que tout le monde chante. Comme tu l’as compris, les harmonies de voix ont une très grande importance pour nous (rires) !
Vous avez joué où jusqu’à présent ?
O : Au Bus Palladium, l’International, le Pop In, le Réservoir, le Truskel…. On n’a jamais quitté Paris sauf une fois pour aller jouer « au Chinois » à Montreuil.
A : Notre tournée internationale (rires)
Vous ne vous sentez pas restreints par des arrangements plus dépouillés sur scène ?
A : Non pas vraiment parce que il nous reste toujours les harmonies vocales … Je me répète je trouve (rires).
Mais il y a de l’énergie ?
V : c’est clair que c’est plus énergique que sur disque c’est normal
A : On ne peut pas reproduire notre son sauf si on avait un quintet, donc on fait autre chose c’est donc plus énergique, c’est plus vivant avec une vraie synergie entre nous.
O : C’est moins précis c’est sûr mais c’est très bien, c’est … différent mais nos morceaux sont là ! Je tiens d’ailleurs à préciser que j’adore la scène.
On parle de l’album ? Vous avez fait un crowfunding pour le sortir !
V : Ce n’est pas vraiment un crowfunding, c’est notre label Microcultures www.microcultures.fr/ qui fonctionne comme ça. C’est une plateforme qui a une ligne éditoriale et qui décide ensuite de mettre en avant des artistes par un système qui se rapproche du crowfunding. On est contents de travailler avec eux parce que il y a beaucoup de gens que nous nous apprécions là-bas : The Apartments, John Cunningham …
O : Un copain m’a suggéré d’aller les voir, ils ont tout de suite accroché au projet ! On a pu bénéficier comme ça de leur technique de financement participatif.
J’en profite pour les remercier ainsi que tous les Microcultivateurs qui nous ont aidés à bâtir ce projet.
Il s’appelle comment cet album ?
O : « Absolute Poetry », comme le Ep et il y a 10 titres.
(Pochette de l’album Absolute Poetry - Droit réservé)
Ça s’est passé comment le processus de composition ?
A : Olivier nous a envoyé des morceaux assez clairs d’un point de vue mélodique, que nous pouvions jouer à la guitare. Aussitôt on a placé les chœurs et après on a rajouté des arrangements.
Vous l’avez fait où ?
O : En grande partie à la maison et la finalité dans un studio en Seine-et-Marne qui n’existe plus hélas …
A : On est partis de nos maquettes super sophistiquées, presque abouties. On a rejoué quelques trucs mais assez peu en fait : la batterie, quelques guitares, des voix …Mais les claviers et les samples sont les mêmes que ceux que nous avions enregistrés en Home Studio. On est arrivés là-bas avec nos instruments piste par piste, Ce qui est intéressant en studio c’est que tu as des conditions idéales : sans souffle, sans petit bruit, ce genre de chose que tu as chez toi dans ta chambre …
Vous avez mis combien de temps ?
O : Deux jours et demi : on a travaillé vite mais on savait vraiment ce que nous voulions !
A : Il n’y a eu aucune création en studio et zéro improvisation … Je ne le supporterais pas (rires).
De quoi parlent vos textes ?
O : Mes thèmes ? Le sexe, l’amour, la mort, la vie de famille, la paternité, l’alcool, les amitiés à l’épreuve du temps, la vie urbaine …. La vie quoi !
A : Il n’y a jamais de premier degré chez nous, comme nous l’avons déjà dit nous ne sommes pas dans la revendication ou dans la dénonciation. Nous essayons une forme de poésie …
https://www.youtube.com/watch?v=BTJ9erAs-2I
Il sort quand le disque ?
O : Il sortira fin avril sur toutes les plateformes ou vous pouvez nous l’acheter directement (all.if.music@gmail.com). On va essayer d’en placer en magasin mais d’une manière générale on va le vendre nous-même aux concerts. C’est plus intéressant pour nous vu le nombre de disques qui ont été pressés.
Vos projets ?
O : Défendre le disque, faire de la promotion, essayer enfin de passer en radio … Enfin les trucs normaux que tu fais quand tu sors un disque. Moi si je m’écoutais on passerait notre vie sur scène … mais on a tous des envies différentes !
A : Moi j’ai envie me remettre au boulot : de recomposer des morceaux refaire des morceaux et les arranger. C’est vraiment le travail qui me plait ça : les arrangements
V : Nos projets c’est de continuer à faire de la musique tout simplement … En ce moment on prépare la suite : on compose des morceaux et on les arrange chez nous en Home Studio.
Vous allez faire des concerts pour défendre cet album ?
O : On va surement faire une « release party » pour à la sortie du disque et puis après on va chercher des concerts en électrique ou en acoustique partout où nous pourrons !
A : On a resserré nos morceaux, on les a retravaillés pour pouvoir placer nos voix sur scène !
Vous avez d’autres projets à côté ?
O : j’ai plusieurs groupes, notamment un duo sunshine pop tempérée, avec mon collègue Jan Dark : Puppets Of Digression et puis je prête volontiers ma voix à plein de projets …. Je suis vraiment un fan absolu de musique, je passe ma vie à ne penser qu’à ça ou presque … (rires)
Le mot de la fin ?
A : Ecoutez notre disque et venez nous voir !
O : Ecoutez de la musique !