Tio Manuel : Le live de la rentrée !

vendredi 2 septembre 2022, par Franco Onweb

C’est un beau cadeau que nous fait Tio Manuel (Manu Castillo) pour cette rentrée un peu … morose : un album live enregistré l’hiver dernier à Épinal. Cela fait longtemps que je suis et que j’admire la carrière de ce guitariste incroyable qui joue le blues le plus excitant du moment. Désormais entouré d’un groupe impeccable, Gilles Fégeant à la guitare, Rudy Serairi à la basse et Christophe Gaillot à la batterie. Ce trio lui permet de mettre en valeur sa musique.

Après écoute de ce nouveau disque, j’ai décroché mon téléphone pour poser quelques explications à Manu sur ce Live qui est une récompense pour nous : ses fans !

Pourquoi faire un album Live après 7 albums studio ?

En fait je n’avais jamais pensé faire un album live, mais on a été joué à Épinal dans un endroit extraordinaire. Au départ ce n’était pas une salle de concert mais un studio d’enregistrement. Le propriétaire est un passionné de musique et de son. Il a adapté son lieu en café-concert, parce qu’il ne faisait pas assez d’enregistrements et comme il aime le Live, il en a fait un lieu assez « cosy ». Il a gardé la cabine pour enregistrer mais je l’ignorais. Quand on a joué là-bas, ils nous ont branché des micros à la fois pour le concert et pour l’enregistrement. On n’avait pas calculé tout ça. A la fin du concert, quand les gens sont partis, il nous a proposé d’écouter notre concert et là c’était top ! On avait un Live, un vrai… On s’est retrouvé avec plus de deux heures de musique Live, de très grande qualité. Les gars du groupe m’ont dit : « il faut le sortir ». J’y ai réfléchi et j’y suis retourné au mois de juin pour mixer, mais rien n’avait été prévu… En tout cas, je n’avais pas anticipé le fait de sortir un album Live en ce moment.

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Quels sont les disques Lives qui t’ont le plus marqué ?

Il y en a beaucoup ! Chuck Berry, mais aussi les Yardbirds, John Mayall et les groupes anglais des années 60, il y a aussi « Stupidity » de Doctor Feelgood… Mike Bloomfield, Willy Deville… En punk rock, j’aime bien celui de Clash à New York .Ah si, il y aussi les disques Live intimistes de Blues comme celui de Hot Tuna. J’aime ce côté intimiste et feutré. En tout cas je n’étais pas parti là-dessus parce que j’ai toujours pensé qu’un Live se faisait en tournée sur trois ou quatre concerts. Là, on ne savait pas que nous étions enregistrés donc on était tranquille et à l’arrivé j’aurais pu faire un double album parce que tout est bon.

La pochette de l’album m’a justement fait penser à « Stupidity » de Doctor Feelggod ?

C’est Rudy (Serairi, bassiste du groupe, ndlr) qui a fait la pochette. Il voulait faire quelque chose de rock et de simple. On avait ces photos, il me les a proposées et j’ai trouvé ça intéressant.

Est-ce que ce disque ce n’est pas aussi une façon de se rendre compte de la qualité de ton groupe actuel, qui est vraiment incroyable ?

Si bien sûr ! J’ai réussi à fédérer une belle équipe autour de moi : humainement c’est bien, et musicalement c’est bien aussi.

Il y a un vrai plaisir à jouer ensemble, on a vraiment l’impression d’écouter un vrai groupe.

Oui, c’est un groupe ! Après je reste indépendant sur l’écriture. On vient d’enregistrer un nouvel album studio, mon huitième ! J’ai beaucoup travaillé avec Rudy sur le disque, ensuite Christophe le batteur est venu. Gilles le guitariste était moins dispo mais il est venu quand même faire des slides sur deux titres (excellents comme d’habitude avec Gilles). Il y a aussi beaucoup d’intervenants extérieurs alors que le Live c’est vraiment le groupe ! c’est une des raisons pour lesquelles j’ai sorti le disque : pour que les gens voient ce que nous faisons en concert.

Sur le disque, en dehors de trois reprises, une de Robert Johnson, une de Danzig et une autre de Neil Young, ce sont des morceaux de tes trois derniers albums solos !

Parce que c’est ce qu’on joue sur scène. Il y a des vieux titres comme « Rosita » et « S.P.S ». On joue effectivement ce qu’il y a depuis le disque avec Ian Ottaway.

Ton son va de plus en plus vers le « Blues du désert », un peu comme Calexico. Tu joues le blues mais pas celui des bons élèves, tu joues le blues du désert…

Cette couleur vient des guitares. On trouve ce côté Calexico avec le twang de la Gretsch et Gilles avec ses slides va amener des ambiances à la Ry Cooder. Ça marche très bien ensemble et tu arrives à trouver ce son que tu appelles « du désert ». Quand on pose la question à Rudy sur notre style musical, il répond à chaque fois qu’on sonne comme du Tarantino. C’est assez bien vu parce que c’est la musique des grands espaces et du désert. J’ai beaucoup traîné dans les déserts en Amérique du nord et latine.

Vous avez beaucoup joué cette année et toujours avec le même plaisir d’être sur scène.

On a joué régulièrement, ce qui me ravit. C’est vrai que cela se passe très bien avec ce groupe. A chaque fois qu’on joue, on a la banane et le public est ravi parce que ça joue bien avec de la musique de qualité. Ils ont un super niveau musical et moi je suis dans un fauteuil parce que quand tu joues avec des musiciens pareils c’est vraiment confortable !

Ce Live c’est un nouvel album ou c’est juste une parenthèse dans ta carrière ?

Encore une fois, je ne m’y attendais pas. Je ne voulais pas faire un Live parce que je ne suis pas très connu avec Tio Manuel. Faire un Live, ça fait un peu … prétentieux et franchement ça m’ennuie que l’on puisse penser ça de moi. Ce disque est un bonus rien de plus et une récompense pour les gens qui viennent nous voir. Ils peuvent repartir avec le disque du concert.

Donc pour se procurer le disque il faut aller à tes concerts, ou sur Bandcamp ?

Exactement !

Crédit : Philippe Beranger

Tu es un des rares artistes qui arrive à mélanger ses origines espagnoles avec la musique « rock », c’est flagrant sur ce disque !

Je ne m’en rends pas compte ! Je ne pense pas à ça quand je compose. Je suppose que c’est naturel, c’est mon ADN. Je fais mes trucs et parfois il y aura des gammes ou des sonorités hispaniques mais pas tant que ça en vérité.

On le sent sur Andaluz !

Bien sûr parce que je parle de mes grands-parents et de l’Espagne. Mais c’est soutenu encore une fois par la Gretsch .

Tu te sers toujours de la Gretsch sur scène ?

De plus en plus mais aussi de ma Stratocaster mais j’aime le son de la Gretsch pour la scène. C’est le son qui me convient le mieux depuis plusieurs albums : elle est semi-acoustique et polyvalente.

A l’écoute de ton disque j’ai vraiment senti une évolution de quelqu’un qui a beaucoup aimé et écouté The Clash : le son clair, le côté blues du désert et ce côté hispanisant.

Peut-être : j’ai beaucoup écouté tout ça ! A mon âge j’ai forcément beaucoup écouté de musique et comme beaucoup de musiciens j’ai une bande son dans la tête, forcément tu vas reproduire cette bande son et dans la mienne il y a le Clash et Joe Strummer, entre autres.

On a l’impression qu’en ce moment il y a une sorte de scène avec des groupes ou artistes comme toi, les Jones, Shaggy Dogs ou encore les Belleville Cats. Des gens qui jouent cette musique intemporelle, une sorte de famille ou du moins une scène ….

On a tous des kilomètres au compteur (rires). On est tous fans de musique et on a toujours joué donc c’est un peu comme un club naturel qui s’est formé au fil des années.

Tes projets ?

Mon nouvel album studio ! Le huitième ! Je vais essayer de trouver un label, préparer la promotion et ensuite quand j’y verrais plus clair avec cette sortie d’album je commencerai à travailler pour trouver des dates. Là, on a deux dates : une à Paris et l’autre à Épinal pour présenter le Live. Ensuite je mets les concerts en stand-by et je vais me concentrer sur la sortie du 8e album.

Ton prochain album c’est ton huitième album studio ou ton huitième album tout court ?

C’est mon huitième album studio ! Maintenant j’ai un album bonus : ce live !

https://tio-manuel.com/
https://tiomanuel.bandcamp.com/