C’étaient les années 80, les années des clips, de MTV et des artistes blonds peroxydés… Des années ou la musique est devenu un vrai spectacle. Face à cette avalanche de facilité et de mauvais goût une poignée d’irréductibles se rebellaient et lançaient la contre attaque. Parmi eux se trouvaient Michael Heads et ses superbes compositions.
La première fois que l’on a vu Michael Heads en France, il portait un short. Avec son premier groupe, les fabuleux « Pales Foutains » il jouait à la piscine Deligny pour un concert restait mythique. L’avenir lui ouvrait grand ses portes, on lui promettait milles merveilles… Mais malgré un déploiement marketing impressionnant les « Pales Foutains » ne resteraient qu’un espoir sans lendemain malgré deux albums impressionnant.
Pas dégouttés, avec son éternel partenaire, son frère John, à la guitare, il monta « Shacks ». Là encore ses merveilleuses mélodies et son sens inné de la composition en firent la coqueluche de la presse musicale Britannique qui le considérait comme le compositeur le plus doué de sa génération… Mais là encore ce fût le fiasco et le public plus enclin à préférer des spécialistes des pistes de dance ne rendit pas ou peu hommage à son talent. Pour les frères Heads ce fût terrible et ils se réfugièrent dans leur Liverpool natal bien loin des turpitudes d’un business Londonien peu adaptés à leur musique.
En 1992, ils refirent parler d’eux en accompagnant sur scène Arthur Lee & Love, leur idole de toujours. A la sortie de la tournée, et à la demande du label Français le Village Vert, Michael Heads se rendit en studio et avec l’aide de son frère et de quelques membres des Shacks qui lui étaient restés fidèles il se lança dans l’enregistrement d’un nouvel album, « The magical words of the Strands » qui est aujourd’hui réédité.
Attention, voici un chef d’œuvre, un vrai ! Un disque d’une beauté incroyable qui, vingt après, garde sa fraicheur et son émotion. Il s’agit probablement du disque le plus personnel de Michael Heads, un disque ou l’acoustique domine et permet de garder son sentiment absolu d’intimité. On retrouve dans ce disque toutes ses « marottes » et toutes ses obsessions : Nick Drake, Arthur Lee ou autre Tim Buckley.
Dés le premier morceau « Queen Matilda », le ton est donné : la guitare acoustique et la voix de Heads sont mises en avant. La rythmique est discrète et les interventions électriques de John Heads ne sont là que pour servir les merveilleuses compositions de son frère. Parfois la tension monte comme sur « The Prize » mais rapidement on revient à un dépouillement qui frôle la perfection.
Pour info, ce superbe disque ou le talent de Michael Heads était enfin montré à nu, fût sans lendemain. Il reforma encore une fois les « Shacks » pour un nouveau fiasco. Il n’est réapparu qu’en 2013 avec « the Elastic Band » dans la plus grande discrétion. Espérons que cette réédition lui amène l’envie de revenir rapidement avec ses trop belles compositions.