Kingsnakes are back ! Rencontre avec Daniel Jeanrenaud

samedi 4 mai 2019, par Franco Onweb

Cela s’est passé il y a quelques semaines, sur un réseau social très connu Daniel Jeanrenaud postait juste « Kingsnakes are back » qu’aussitôt des dizaines et puis des centaines de messages apparaissent, tous plus positifs les uns que les autres, saluant le retour d’un des derniers vrais groupes de rock’n roll en activité : les Kingsnakes !

Depuis sa formation à San-Francisco en 1980 par Daniel Jeanrenaud le groupe a connu bien des déboires, des succès mais aussi beaucoup de désillusions et de déceptions, mais il est toujours présent. Daniel Jeanrenaud fait parti de ces musiciens ultra-respectés par leurs pairs. Voici un entretien exclusif que m’a accordé le leader des Kingsnakes. Pour l’occasion, j’ai été accompagné d’Amélie Rose May et de Laurence Romance qui ont ont, elles aussi, questionné le légendaire chanteur – guitariste !

Alors les Kingsnakes reviennent ?

Eh bien oui !

Mais les Kingsnakes c’est toi ?

D’une certaine manière oui parce que j’ai maintenu le groupe à bout de bras pendant 25 ans. Pas tout seul, j’ai joué avec des gens mais c’est moi qui décidait de la musique.

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( Daniel Jeanrenaud - Photo Paul Chamussy) 

Il y a eu plus de 500 likes sur Facebook à l’annonce de ton retour

Oui c’est étonnant mais ça fait plaisir.

La plupart des musiciens avec qui j’ai parlé de toi, te respectent énormément : tout le monde a un bon souvenir des Kingsnakes. Tu es un peu le « gardien du temple » ?

Je ne sais pas, je ne vois pas ça comme ça. Je reste fidèle à mon style sans être trop coincé dedans. J’aime le blues, le punk, le rockabilly et même quelques trucs de hard rock. Je suis assez ouvert musicalement tout en gardant une base rock’n roll au sens fidèle du terme.

Justement, quelles sont tes influences ?

Quand on a commencé à jouer on était tous un peu pareil dans le groupe. On aimait Chuck Berry, Elvis, Little Richard, le rock des années cinquante mais aussi des trucs plus obscurs de rockabilly. On aimait aussi beaucoup le blues comme Muddy Waters, Howlin Wolf, Robert Johnson … Quelques trucs de jazz mais traditionnel, c’est sûr que cela ne se ressent pas beaucoup dans notre musique. On aimait aussi quelques trucs de punk , le « rythm’n blues » comme Wilson Picket et bien sûr un peu de country avec Johnny Cash. On a toujours mélangé un peu tout. Maintenant quand tu vas dans un festival de rockabilly tu vois des groupes de rockabilly, pareil pour le blues … Nous on a toujours essayé de tout mélanger ce qui fait que on n’arrive pas vraiment à nous cataloguer : on pouvait jouer un peu de tout.

Tu es conscient que tu es une sorte de grand seigneur adoré par ses fidèles mais inconnu du grand public ?

Oui, je m’en rends compte et j’en suis très ému. Quand je viens jouer en France après des années en Angleterre, où je joue des gens se souviennent des Kingsnakes. Même si on n’a pas eu un grand succès, on a joué partout ici : on a fait des grosses salles et des festivals. On se donnait toujours à fond ! C’était du vrai rock’n roll, pas de la pacotille …

Comment le rock’n roll est rentré dans ta vie ?

Quand j’ai entendu pour la première fois Little Richard chanter « Tutti Frutti » à l’âge de douze ans en Angleterre ça a été une révélation. Je ne parlais pas anglais à l’époque et quand j’ai entendu « Waappa dulla » j’ai cru que c’était de l’anglais. Je me suis rendu compte après que cela ne voulait rien dire (rires). Mais pour moi ça voulait tout dire. Je jouais de la guitare depuis mes neufs ans. Ayant été élevé beaucoup dans les églises, je ne connaissais que la musique d’église. J’accompagnais les chants, ce genre de trucs et quand j’ai entendu cette musique, tout de suite je suis rentré d’Angleterre avec une banane et une guitare électrique. Je suis devenu un « teenager rebel » et j’ai su depuis cet instant ce que je voulais faire dans la vie.

https://www.youtube.com/watch?v=gwIlg7GgvA4

C’était en quelle année ?

Vers 1972, j’avais la banane et tous mes potes à l’école avaient des cheveux longs, c’était la mode. Je passais pour un … original pour rester poli et quand le punk est arrivé tous les mecs se sont coupés les cheveux et je suis passé comme ça de « freak » à pionnier.

Tu étais où ?

A côté de Genève en Haute Savoie. Mon premier groupe, enfin le premier dans lequel j’ai chanté c’était le premier groupe punk de Genève en 1976 : Slam. On a fait trois concerts (rires).

Tu es donc fils de prêcheur ? Ce n’est pas banal…En quoi ça a pu influencer ton parcours :

Musicalement c’est à l’église que j’ai appris la musique. Ma mère jouait du piano et chantait, et des cantiques tous ce que j’avais comme contact avec le monde extérieur, c’était l’église, c’est comme ça que j’ai connu la musique.

Tu faisais quoi toi dans cette affaire, à l’église 

Je chantais, puis je jouais de la guitare depuis l’âge de 9 ans. En fait, la première fois qu’à l’église, j’ai vu un guitariste, c’était sous une tente. C’étaient des manouches qui jouaient des cantiques mais façon tzigane, tu vois, genre Django

C’était le bon côté de l’église protestante ?

Oui mais c’était pas une église protestante, mais une église pentecôtiste

Mais pourquoi , comment tu t’es retrouvé sous une tente avec des manouches pentecôtistes ?

J’avais 5 ans et c’est un souvenir hyper marquant. C’est là que pour la première fois j’ai vu un guitariste. Ce qui m’a tout de suite donné envie de jouer de la guitare et à partir de ce jour, j’ai tanné mes parents, jusqu’à ce qu’ils m’achètent une guitare et j’ai commencé à l’âge de 9 ans. D’abord j’ai eu un prof’ de classique, qui disait à ma mère que jamais je ne jouerais de la guitare, faut dire qu’il était vachement stricte et tout ce qu’il m’a appris pendant des mois c’étaient des gammes, des positions des doigts sur les cordes, etc.. Il a failli me dégoûter de la guitare , d’ailleurs. Du coup après j’ai eu un autre prof, un Argentin qui m’a appris les accords de base, les rythmes, les temps , mais avec son style a lui. C’est à dire le paso doble, la valse, le tango et puis après il est parti. J’ai donc volé de mes propres ailes, j’ai joué, d’oreille, j’accompagnais les cantiques, à l’oreille surtout.

Un super training ?

Oui et ensuite quand j’ai eu 12 ans je suis venu pour la première fois en Angleterre et comme je l’ai dit j’ai découvert Little Richard !

Donc tout ça c’était en France ?Tu as été élevé en France avec un père pasteur et ta mère chantait à l’église pentecôtiste.

Oui et puis j’ai continué à jouer, j’ai appris le rock’n roll, enfin j’ai essayé : Chuck Berry, Elvis, les Stones, Hendrix ensuite j’ai joué dans ce premier groupe punk. 

Qu’est ce qui a fait que tu te sois retrouvé à San Francisco ?

A 18 ans , je suis parti à San Francisco, je me suis marié avec une Américaine, une musicienne vachement connue d’ailleurs, mais en classique, son nom c’est Joan Jeanrenaud, elle jouait dans le KRONOS QUARTET, un quatuor à cordes de musique contemporaine. J’ai habité 3 ans à San Francisco et c’est là que j’ai monté, les Kingsnakes.

Tu arrives quand à San-Francisco ?

En 1978. J’ai commencé à chercher des musiciens et ça a pris un peu de temps, un an et demi à peu près. On a commencé les Kingsnakes en 1980. Il y avait Dany Minh à la batterie et James Farrel des Flamin Groovies, José Moita à la basse et un autre guitariste Karl Malinowsky. On était cinq donc, avec trois guitares.

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(La première formation des Kingsnakes, Daniel Jeanrenaud au centre - Droit réservé)

Vous jouiez beaucoup à San Francisco à vos débuts ?

On ne faisait que ça : on a joué deux fois en première partie des Dead Kennedys avec un public assez punk qui était à la mode à l’époque. Mais le plus gros concerts que nous avons fait là-bas c’est la première partie de Chuck Berry. A chaque fois qu’on jouait on se bastonnait, on cassait tout dans les loges. C’était comme les Who quoi ! On se faisait jeter des clubs on nous disait que l’on irait plus jamais et deux mois plus tard ils nous rappelaient parce que le public nous réclamait. Ensuite j’ai divorcé et je suis revenu en France au bout de3 ans,

Et le groupe ? Tu as pu le faire venir en France  ?

Oui, une ou deux fois au début. D’ailleurs la formation originale s’est produite en Savoie pour la première fois en France. Ensuite chacun retournait chez lui quand il n’y avait plus de concert. On n’était pas signé jusqu’à ce qu’on trouve le contrat avec New Rose. On a sorti notre premier disque : il y avait un enregistrement qu’on avait fait à San Francisco, mais on n’avait que 4 morceaux. Il a fallu que l’on enregistre trois morceaux en plus On a réunis tout le monde pour aller enregistrer à Londres en 83, , C’était notre premier mini album 7 titres. A l’époque j’habitais à Genève, le bassiste à Paris les autres au Etats Unis. C’était assez compliqué de se voir. Donc, sauf pendant les tournées, on ne se voyait pas souvent. La première tournée c’était en France et en Espagne en 84. Et puis pour le 2 eme album en 85, on est retourné à San Francisco pour enregistrer, toujours pour New Rose. Mais alors à ce moment-là, la tournée qui était prévue a été annulée pour plein de raisons mais surtout parce que le tourneur ne voulait pas payer un ticket de retour, au batteur, qui du coup, a refusé de venir. C’est là que, les Hot Pants qui étaient fans des Kingsnakes sont devenus les nouveaux Kingsnakes. J’étais le seul membre original

Donc c’est bien toi qui incarne les Kingsnakes !

Heu, c’est moi, c’est moi (hésitant) oui …

Cela s’est passé comment avec Manu Chao et les Hot Pants ?

C’étaient des fans : ils reprenaient un de nos titres sur scène. Manu a accepté que son groupe soit les nouveaux Kingsnakes. On est donc arrivé sur scène avec une formation différente : à part moi il n’y avait que des nouveau musiciens. Cela a duré quelques années, jusqu’à ce que Manu parte monter la Mano Negra. Santi (le batteur de la Mano Negra Ndlr ) est resté quelque temps en faisant les deux groupes et puis la Mano l’a emporté : il est parti à son tour.

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(Sur scène avec Manu Chao - Photo Franck Rapido) 

C’est avec cette formation que tu as enregistré l’album « More », j’ai lu que tu avais été déçu par ce disque qui est toujours très diffusé sur les réseaux sociaux.

Je n’avais pas la main sur la réalisation du disque, les morceaux sont biens mais je n’aime pas la production. Les batteries, par exemple, sont samplées. Le morceau « More » tient bien la route, il y a deux autres morceaux qui assurent dont une ballade chantée par Pascal Borne. Mais je préférais les mises à plats aux morceaux mixés…

Il y a donc beaucoup de musiciens qui ont joué dans les Kingsnakes ?

Il y en a pas mal maintenant (rires) !

A cette époque tu vivais à Paris ?

Oui j’ai habité 11 ans à Belleville. On a signé chez EMI et on a fait l’album More . Apres ce disque, le groupe a splité donc je me suis retrouvé tout seul. C’est là que j’ai commencé a faire la manche dans les cafés à Belleville, notamment aux « Folie’s ». A ce moment-là, j’ai aussi monté une nouvelle formation des Kingsnakes avec Colo a la guitare. Il y a eu plusieurs bassiste, un batteur qui s’appelait Max J’ai ensuite monté mon Label, qui s’appelait Rock’n roll house : on a sorti 3 CD, dont un qui s’appelait Belleville Cats, c’est de la que vient le nom du groupe les Belleville Cats, et d’ailleurs le chanteur des Belleville Cats s’est servi des musiciens des Kingsnakes à l’époque. Après j’ai fait un crochet par la Suisse, un an et demi avant de partir en 97 à Londres. Là j’ai joué dans le métro, tout seul, et ensuite au Marathon, un Kebab, où on pouvait jouer quand on voulait, même très tard pendant 12 ans pratiquement, j’y ai joué tous les soirs, c’est là que j’ai rencontré Amy Whinehouse, Robert Plant, Kevin Shields ( chanteur de my Bloody Valentine) Il m’a fait faire sa première partie d’ailleurs. 

Il parait que avec Kevin Shields tu as fait des trucs ?

Oui il m’a fait enregistrer moi tout seul dans son studio, mais ce n’est jamais sorti , je dois avoir un CD qui traîne quelque part

Tu jouais quoi « au Marathon Kebab » ?

J’étais seul avec ma guitare. Je jouais beaucoup de reprises et parfois un ou deux morceaux à moi. C’était du Elvis, du Chuck Berry, du Johnny Cash …. Je connais environ une centaine de reprises. Je jouais ce qui me passait par la tête. Quand tu joues autant tu peux jouer les yeux fermés ou avoir une conversation avec quelqu’un. En fait je devenais meilleur à chaque fois. Cela m’a fait connaitre à Londres et beaucoup de groupes de passage venaient là-bas parce que c’était le seul endroit où tu pouvais boire des coups après la fermeture des pubs. C’était petit mais toujours pleins.

Tu continuais à jouer avec un groupe ?

Non, quand je suis arrivé à Londres j’ai dû tout recommencer à zéro. On avait joué une fois en 1983 au moment des enregistrements et une autre fois en 1985 au Dingwall. Peu de gens me connaissaient, j’ai commencé par faire la manche dans le métro, tout seul. Ensuite j’ai trouvé cette résidence au « Marathon ». J’ai essayé de remonter le groupe avec des Anglais mais les mecs étaient peu investis : ils jouaient tous dans quatre ou cinq groupes, ils voulaient faire des reprises alors que pour moi dans les Kingsnakes il y a peu de reprises… J’ai laissé tomber et quand le « Marathon » a commencé cela ne m’intéressait plus vraiment. Je voyais que tout seul j’arrivais à faire danser les gens et puis je gagnais mieux ma vie en m’éclatant tous les soirs. J’avais eu un super groupe dans le temps et je n’allais pas en remonter un qui soit moins bien qu’avant.

Qu’est ce qui s’est passé après le « Marathon Kebab » ?

J’ai eu l’opportunité d’enregistrer un album en 2010 avec un batteur et un contrebassiste sous mon nom, Daniel Jeanrenaud. On a d’abord fait quelques concerts. On jouait des morceaux des Kingsnakes qui n’étaient pas sortis sur disque que l’on a fini par enregistrer avec quelques nouvelles compositions et puis l’année dernière j’ai enregistré encore un album qui va sortir sous le nom de Kingsnake. J’en suis très content.

Penses-tu que le rock peut se chanter en français ?

Difficilement à mon avis, ce n’est pas une langue qui sonne pour le rock ! La seule exception c’est le cajun mais ce n’est pas vraiment du français non plus (rires) !

Donc pour toi des gens comme Dutronc, Gainsbourg ce n’est pas du rock ?

C’est du rock, ce n’est pas du rock’n roll … Même quand on comprend l’anglais on n’écoute pas les paroles du rock’n roll, ce qui saute d’abord aux oreilles c’est le rythme, le groove … Après si les paroles sont bien c’est une chanson alors qu’en français tu écoutes d’abord les paroles.

Donc pour toi le rock’n roll se base sur une grosse rythmique ?

Oh oui, c’est quelque chose qui fait taper du pied ou qui fait danser. Le rythme peut venir de la guitare, cela dépend comment c’est joué mais il faut que ce soit un son qui donne envie de se lever, de danser et de faire la fête. Ce n’est pas une musique d’intello même si les paroles de Chuck Berry sont fines et intelligentes.

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(Sur scène avec Pascal Borne - Photo Franck Rapido)  

Est-ce qu’il y a des groupes actuels que tu aimes ?

Je n’ai pas beaucoup l’occasion d’en voir : je sors tous les soirs mais pour aller jouer, je n’ai pas l’occasion d’acheter beaucoup de disques non plus … Je vois parfois des groupes qui sont superss ! Ce soir par exemple je vais à Brighton jouer de la basse avec un pote mais c’est plutôt du blues … Mais oui j’entends parfois des groupes ou des musiciens dans des groupes qui assurent. Mais il faut être réaliste c’est un esprit qui se perd. Je suis assez âgé pour avoir connu et rencontré quelques pionniers mais pour un jeune de maintenant « vintage » c’est les années 90 ou 80 (rires).

(Rires) C’est pas sympa comme phrase !

Eh oui mais pour moi aussi c’est pas sympa (rires), j’ai l’impression que c’était hier et crois moi je me suis bien marré !

On parle de ton nouvel album ?

Il va sortir sous le nom de Kingsnakes, il a été enregistré à Londres dans un studio qui s’appelle le Snap Studio. Il a été enregistré et réalisé par le même producteur que l’album d’il y a dix ans : Jestyn Polson. Tout a été enregistré en live, même la voix. On a enregistré 19 morceaux en quatre jours. A la batterie il y a Nicky Forbes qui jouait dans les Rezillos, Kurt à la contrebasse qui jouait aussi sur l’album d’il y a 10 ans mais il vient de quitter le groupe pour déménager au Texas. Il y a beaucoup de morceaux en trio avec moi mais il y a quelques morceaux avec un pianiste qui jouait avec Dave Edmunds et on a Brian à l’harmonica comme invité qui jouait avec Daddy Long Legs un groupe de New York.

Il sortira quand ?

Le producteur vient de trouver une distribution : Absolute Universal qui en fait est une distribution Universal mais je crois que c’est seulement pour l’Angleterre et l’Irlande. On cherche une distribution en France. On a finis le mixage le mastering et on en train de faire la pochette pour l’album qui s’appellera Rock’n roll tzar.

.https://www.youtube.com/watch?v=MrFgX_-njWE

Pour fêter ça tu viens faire quelques concerts en France à Nantes. On peut espérer Paris ?

J’espère qu’avec le nouveau disque on va venir jouer à Paris et ailleurs. J’ai joué l’année dernière à Paris m sous le nom de Kingsnakes mais sous mon vrai nom.

Justement pourquoi as-tu décidé de relancer les Kingsnakes ?

Quand on jouait avec le trio en Angleterre, on s’appelait Camden Cats. J’avais écrit le titre Belleville Cats et quand je suis arrivé en Angleterre, j’ai juste changé le nom du titre en « Camden Cats » parce que j’habitais Camden. On a fait quelques concerts et on a été un peu connu sous ce nom. On a aussi joué un peu en France avec ce nom. Mais quand je voyais qu’en France les mecs mettaient Camden Cats avec à côté entre parenthèse ex-Kingsnakes, je me disais : « pourquoi ex ? ». Les Kingsnakes ne sont jamais partis : on fait la même musique et en reprenant quelques morceaux des Kingsnakes …. C’est notre nom et ça sonne mieux. C’est universel alors que Camden Cats c’est limité géographiquement.

Il y a qui dans les Kingsnakes à l’heure actuelle ?

Ca dépend, il n’y a pas vraiment de formation fixe. A Courchevel on a joué avec Nicky Forbes qui est sur l’album. Jean-Marc Despeigne à la basse qui a fait partie de la formation Hot Pants/ Kingsnakes et un pianiste, un ami d’enfance. A Nantes les seuls personnes fixes seront Nicky et moi, il y aura Olive à la basse qui joue avec les « Belleville Cats » et Colo à la guitare qui aussi joué dans les Kingsnakes. J’espère que la formation sera stable avec Nicky, Colo et Jean-Marc ou Olive à la basse selon leur disponibilités. 

Après Nantes tu vas ou ?

Je devais aller en Ukraine seul mais c’est reporté. Je pense y retourner à l’automne. D’habitude j’y allais seul mais là, il est question d’emmener le groupe. C’est toujours une expérience de jouer là-bas .C’est un pays qui est un peu « en retard » sur plein de choses. J’ai joué là-bas dans des cafés, des festivals aussi , des clubs, des centres culturels, Mais aussi dans des endroits où les gens n’avaient jamais vu de rock en live, c’est génial !

On annonce que tes anciens disques pourraient être réédités ?

On cherche des plans en France mais c’est compliqués … La nouvelle intéressante est que Philippe Lenglet un journaliste qui a écrit un gros article sur moi dans Guitare Magazine a trouvé deux éditeurs intéressés par un livre sur moi.

Ce serait écrit par qui ?

Lui et moi : je n’ai pas assez d’expérience pour écrire un livre sur moi. Je pense qu’on l’écrira en français sous forme de roman. Ce ne sera pas une bio classique en tout cas.

https://www.youtube.com/watch?v=y5dm7idWewI

On pourrait imaginer un concert où tous les membres des Kingsnakes seraient présents ?

C’est pas possible : le bassiste originel est mort mais avec les autres ce serait génial mais ça coûterait de l’argent. Par exemple Il est question de faire venir James Farrel à la guitare avec moi, mais il habite à San Francisco et on a du mal à trouver le budget. Tu imagines ce que cela coûterait pour tous ?

Une question au fils de prêcheur , est ce qu’à un moment ou un autre, le fait d’être fils de prêcheur t’as posé un problème de conscience, comme Jerry Lee, Little Richard et bien d’autres, qui ont pu faire quelques albums de la country, le fait de jouer du rock’n roll, la musique du diable, est ce que, tu as eu envie de faire un autre genre de musique moins connotée ?

Oui à une époque, mais en fait qu’est-ce que ça veut dire musique du diable, tout ce qui n’est pas musique à la gloire de dieu est musique du diable a ce moment-là, Mozart c’est la musique du diable, le Bluegrass et la country sauf si c’est du gospel, techniquement parlant c’est aussi de la musique du diable.

La question c’est finalement t’as peur de l’enfer ?

Peur de l’enfer, bah, si on n’est pas sauvé, on a peur de l’enfer. 

Avec qui tu aimerais partager l’affiche ?

Jerry Lee Lewis (rires), au début des années 90 on devait accompagner Chuck Berry dans les arènes de Béziers. Il y avait Jerry Lee Lewis à l’affiche aussi. L’organisateur voulait que Chuck ait un vrai bon groupe parce que d’habitude il ne prenait que des groupes locaux sans intérêt et en plus il ne répétait pas. Parfois c’était bien, parfois c’était nul : il cherchait à faire des économies. Bref le promoteur allait faire une grosse campagne d’affichage dans le sud avec Chuck Berry et The Kingsnakes. On était ravis de jouer sur le même plateau que lui et Jerry Lee. Tout a été annulé à cause de Furiani (le stade de football de Bastia où la tribune s’était effondrée faisant de nombreux morts et blessés Ndlr)  et des raisons de sécurité comme dans pleins de festivals …

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(Les Kingsnakes à Belleville au milieu des années 90 - Photo Olivier Dabit) 

J’ai lu dans Noise que tu avais aussi rencontré Sly Stone ?

On s’est rencontrés, chez une copine commune qui faisait une fête chez elle, elle m’a invitée, Sly aussi. Moi je suis arrivé à la fin , et tout le monde était parti, sauf ma copine et Sly, et comme il y avait du matos, on a commencé à jouer dans son appart, on a fait un bœuf, il aimait vachement comme je jouais et il voulait me prendre dans son groupe, mais c’était au début des Kingsnakes et puis bon, il était un petit peu … un petit peu défoncé en fait et donc son groupe il a jamais pris forme parce qu’il était plutôt dans son imagination , et à l’époque je ne savais pas vraiment qui c’était, le nom me disait quelque chose mais c’est plus tard que j’ai découvert qui il était vraiment qu’il avait joué à Woodstock et tout ça !

Quel est ton meilleur souvenir avec les Kingsnakes ?

J’en ai plein ! Un des trucs qui me vient c’est quand on a joué devant 100 000 personnes à Barcelone : c’était énorme ! Il y a aussi le Nancy Jazz Pulsation en première partie de Chris Isaak qui cartonnait avec « Blue Hotel ». Je le connaissais de San Francisco : j’avais même joué avec son batteur avant de monter les Kingsnakes. On était des potes. Ils arrivent avec le gros bus de tournée, ils frimaient grave, surtout le batteur … Ils avaient réussis ! Il me regarde d’un air condescendant et me dit « Tu as toujours ton groupe ? ». C’était l’époque de Manu Chao et de Hot Points. Je lui répond que oui et là le concert commence. Il y avait 4 000 personnes quand même ! On avait juste une centaine de fans devant la scène : on a mis le feu ! Ca a commencé avec nos fans et puis cela s’est propagé dans toute la salle à tel point que lorsque Chris Isaak s’est pointé, il s’est fait jeter à coup de canettes. C’était bien ce qu’il faisait mais il reproduisait le disque sur scène. C’était un bon groupe avec de bonnes chansons mais rien de plus. Le lendemain dans le journal il y avait deux pages avec pleins de photos de nous. L’article sur deux pages était très élogieux et ça se terminait par « Chris Isaak est monté sur scène et c’était naze ! » (rires).

Quelle a été pour toi la meilleure formation des Kingsnakes ?

(Silence) C’est dur à dire (silence), elles étaient très différentes. D’un point de vue sentimental j’ai un faible pour la première formation : c’était incroyable ce groupe !

Quels conseils tu donnerais à un jeune groupe ?

Pour réussir leur carrière ? Je ne suis pas le mieux placé (rires). Le seul conseil c’est de ne faire aucune concessions, de faire ce qu’ils sentent. Ne pas écouter les producteurs, les managers et même le public, faire ce qu’ils sentent Comment veux-tu faire de la bonne musique si toi tu n’es pas convaincu de ce que tu fais ? Mais si tu es convaincu ce n’est pas sûr que cela plaise aux gens mais il faut être têtu et t’obstiner !

Tu as quelque chose à dire pour finir cette conversation ?

Je suis ravis du nouveau disque : il est digne des premiers Kingsnakes ! J’espère qu’il va marcher !

Un grand merci à Amélie Rose May, Laurence Romance et Franck Rapido pour leur participations. 

 

Concerts à Nantes :

  •   Le 7 mai à Cour 87
  •   Le 8 mai, le marathon des Kingsnakes – projection de ticket please + + Concert Kick Ass Drum + Kingsnakes
  •   Le 9 mai – CafK – concert des Kingsnakes
  •   Le 10 mai - Blockhaus DY10 -projection de Tickets Please + Concert Daniel Jeanrenaud solo

Pour tout renseignements : https://www.facebook.com/events/549580288888211/

 

Le film " Tickets, please ! Balade avec Daniel Jeanrenaud" Le film 2019
45 minutes - c’est une virée au coeur de Camden, caméra à l’épaule. Une rencontre avec une légende un peu maudite, mais encore bien vivante. Un film La Petite Prod & Jump and Stay, signé Astrid Serafini.