D’où viens-tu ?
Je suis né à la réunion, d’où est originaire la famille de ma mère. J’y ai vécu une dizaine d’année avant de revenir en Métropole, vers Montpellier. J’ai aussi vécu un an sur un bateau avec mon père entre les Antilles et le Venezuela puis Paris, avec un passage de un an à New York.
Comment est né Brooklyn ?
En fait j’ai toujours eu des groupes depuis l’âge de treize ans avec lesquels j’ai fait des petits concerts. Après mon bac j’ai fait une école de son (ISTS). Dans ma classe il y avait Jane, la future bassiste de Brooklyn et Jean-Baptiste Devay qui jouait dans les Parisians et Nelson. C’était en 2004, la pleine époque du Bar 3 et des babys rockers. Avec Jane on s’est bien entendu et on a voulu monter un projet plus sérieux. On a commencé à jouer ensemble. Jb (Devay) qui programmait au Bar 3 nous a proposé une date, et là c’était plein et on a eu un retour vraiment épatant du public.
Le groupe a beaucoup changé ?
Au début on était quatre avec un claviériste, en 2005 on a recruté Léo (Colson, le batteur) on a tourné à trois pendant quelques temps, puis on a trouvé qu’il manquait quelque chose et c’est là que Bertrand (alias Dombrance) nous a rejoint à la guitare.
Beaucoup de concerts ?
Avec Brooklyn environ 300 -350, on a joué partout en France, aux USA, au Japon, en Angleterre, en Italie… Plus l’album, les radios, les passages télés, Nagui nous adorait !
Le Japon ?
Quand on faisait l’album on a été contacté par un label Japonais, qui nous avait découvert sur Myspace. Ils avaient craqué sur nous, ils nous ont demandé de sortir le disque d’abord chez eux avant l’Europe. On est parti 10 jours au Japon pour faire la promo avec quatre concerts et là ça rigolait pas du tout. Les japonais quand ils font la promo, ils la font à fond, les magasins locaux étaient pleins de nos disques et on est passé partout… Vraiment un grand souvenir !
Brooklyn a été un moment assimilé à la fameuse scène des Babys Rockers alors que vous en étiez pas vraiment proche tant au niveau de l’âge que de la musique,
Quand on a commencé c’était au Bar 3, le lieu emblématique de cette scène. On a donc rapidement été assimilé à eux mais bon il y avait une vraie différence : on était plus âgé (20- 22 ans) alors que eux avaient 15 – 16 ans parfois 14, on était influencé par la Brit Pop et pas eux… Bref pas mal de différence, même si on a joué deux ou trois au Gibus et que l’on est présent sur la compilation « Paris Calling » de Yarol Poupaud qui regroupait une partie de cette scène ! On n’avait rien contre eux mais on était ailleurs tout simplement, même si certains d’entre eux sont devenus des potes !
Justement parlons un peu des influences ?
A l’époque de Brooklyn, mes influences principales étaient la Brit Pop, Blur, Oasis et le rock américain… Quand j’étais gamin mon père me faisait écouter les Stones et les Beatles, cela a du me marquer surtout pour mon amour de la pop. Maintenant mes influences sont plus larges.
On y reviendra ! Pourtant en 2010 Brooklyn s’arrête !
Ouais, bon pour résumer la situation on a signé avec un label Anglais et une distribution de Discograph pour la France. Quand l’album sort on a eu une grosse promo : radios, Télés, presses… Il y avait une vraie demande et les FNAC demandaient l’album, on s’est adressé au label pour en faire re pressé mais ils avaient dépensé tout l’argent en signant d’autres artistes, ils avaient fait de mauvais choix et ils déposaient le bilan. Et là on a tout perdu : nos royautés, notre disque, tout… Cela nous a refroidis sachant que l’on avait vendu a peu prés 10 000 albums (5 000 en France, 2 500 au Japon et 2 500 en Angleterre). On a commencé à travailler sur un deuxième album mais le cœur y était plus.
Ajoute à cela qu’en plus on n’avait pas de vrais tourneurs, c’est seulement sur la fin qu’on a commencé à travailler avec un tourneur sérieux, on a jamais réussit à avoir une grosse tournée pourtant sur la fin on eu de bonnes dates dont plusieurs premières parties des BB Brunes dans les Zéniths… Mais bon c’est comme ça !
Là tu pars à New York !
Ouais cela correspondait à une période où je voulais voir autre chose. Avec Jane, la bassiste, on a décidé de s’installer quelque temps à New York. J’adorais, et j’adore toujours, des groupes locaux comme Grizzly Bear ou Animal Collective. C’était donc naturel de partir là bas.
Et alors, à New York ?
Tout de suite après mon arrivé j’ai eu besoins de passer à autre chose ! Les choses ne se sont pas passées comme prévues, avec Jane on ne se voyait plus trop. Les autres étaient restés en France, Dombrance faisait des trucs électro dans son coin et Léo le batteur s’est marié et a eu des enfants ! Il ne restait plus que Jane et moi, le groupe s’était moi et Jane mais aussi la batterie de Léo et la guitare de Bertrand (Dombrance). Tout s’est donc arrêté naturellement …
Alors tu rentres ?
Quand j’étais à New York j’ai travaillé sur quatre titres avec juste ma guitare folk (c’était la seule que j’avais emmené). Ca sonnait pas mal, un peu Grizzly Bear justement. J’ai envoyé les titres à notre management « Industry Of Cool ». Ils ont trouvé ça super et ils m’ont dit « on va voir ce que l’on peut faire avec ça ! ». C’était super différent de ce que j’avais fait avec le groupe, vraiment folk.
Je rentre alors. J’avais trouvé un boulot dans la mode et juste après il y a eu le festival « Industry of Cool » à la Maroquinerie ou j’ai fait un petit concert en trio avec notamment François des « The Agency » aux chœurs. Mais bon je n’avais pas trop le temps de bosser la musique, je me suis surtout équipé en Home Studio avec des synthés et des ordis.
Pourquoi ne pas appeler ça « Brooklyn » ?
Parce que ce n’était pas la même musique, ce n’était pas le même truc du tout ! Les titres étaient limite ambiance tribale, avec pleins de percussions. Mais l’envie était de retours et je voulais vraiment avancer sur autre choses. Je voulais mettre des synthés, travailler sur les rythmes et conserver une écriture pop. J’écoute beaucoup d’électro et je sentais que c’était le moment de mettre ça dans ma musique.
C’est là que tu fais enregistre ton EP ?
Oui, je voulais faire un gros mélange de genre : la pop, les rythmes de la Réunion, l’électro… On est allé au studio du Hameau ou j’ai fait les mises à plat puis par « Industry of cool » j’ai contacté Alex Gopher qui a trouvé le projet super et qui a mixé les quatre titres dans son studio.
Quand c’est sorti, il y a un an j’ai eu envie d’aller plus loin, de mélanger tout avec un fond pop. J’aime la pop, le côté couplet-refrain, le côté immédiat de cette musique.
On a comparé tes titres à Phoenix ?
On peut nous comparer par rapport a cet amour de la chanson pop peut être mais bon je fais mon truc dans mon coin ! Eux ils ont mis du temps à trouver leur son, leur équilibre moi je cherche encore, je suis toujours en recherche ! Je ne me compare pas, j’essaye juste de faire mon truc !
Tu te sens proche de qui ?
J’adore Caribou, le Canadien ! C’est un mec qui a un doctorat de mathématique et qui sort des trucs fous, il se met lui-même en danger, il sort des sentiers battus tout en conservant le format pop ! Sinon le groupe que j’admire le plus c’est Radiohead ! Je suis admiratif du travail de production de Thom Yorke et de Nigel Godrich. Ils sont perpétuellement dans la recherche, l’évolution. Ils sont capables de travailler sur des morceaux et de les faire évoluer avec le temps. Vraiment au top les mecs ! Moi par exemple sur mon album il y aura des morceaux composés à New York et que j’ai réussi à faire évoluer avec mes envies et mes goûts !
Justement tu vois comment ton évolution ? Tu es parti d’un groupe de rock pour arriver à un projet pop électro ?
Je crois que c’est une des plus grandes caractéristiques de ma personnalité : je suis synthétique ! J’ai grandis à la réunion, j’aime la musique de là bas, très rythmique, lancinante et j’aime la pop et l’électro. J’ai eu du mal à me fixer, à mettre en place toutes mes envies et influences mais aujourd’hui j’y suis arrivé. Il m’aura fallu cinq ans entre la fin de Brooklyn et la sortie de mon album l’année prochaine.
Justement on parle beaucoup de toi, tu as la télé avec « Paris Derniére », de la presse, les Inrocks… Tu n’as pas trop de pressions par rapport à ces espoirs et ces attentes que l’on attend de toi ?
Franchement non. Pour être honnête je m’en fous un peu. Je ne sais pas s’il y a une vraie attente. J’avance, je suis un peu imperméable à tout ce que l’on dit sur moi. Je fais mon truc et c’est tout ! Si tu prends « The Night » un de mes titres très électro pop, tu as des gens qui étaient déçus en disant qu’il préférait les titres plus rock ! Bon d’un côté tu perds des fans mais d’un autre tu en gagnes !
Les projets ?
Déjà la sortie de l’album en 2015, je le fais dans mon home studio et c’est un vrai luxe. Quand tu es dans un studio normal tu es pressé par le temps, là je vais à mon rythme ! On mixe à la fin de la semaine prochaine, la première partie de l’album : Ces titres je les revendique totalement, c’est vraiment moi. En ce qui concerne la scène il y aura des concerts à partir de novembre : on sera trois sur scène. On espère faire une belle tournée à la sortie du disque. Mais là le projet principal c’est vraiment de finir l’album !