Tu as commencé comment à faire de l’image ?
J’ai fait une école, l’ESRA, que j’ai terminée en 1986. C’est d’ailleurs la seule date que je pourrai te citer avec précision, je ne suis pas très fort en dates (rires) ! Ensuite j’ai suivis un parcours classique : j’ai été assistant, j’ai bossé sur des films, des courts métrages… J’ai même monté ma propre boite de prestation vidéo pour la télévision avant que je comprenne que ce n’était pas du tout mon truc. Je l’ai revendu au bout de trois ans.
C’est en collaborant avec Jean-Claude Wouters, en tant qu’assistant réalisateur, que ma vocation de réalisateur est née. A l’époque Philippe Hellmann, voulait faire un film contemplatif, un peu new âge pour son cinéma le REX… C’était l’époque du « Grand bleu ». Pendant un week-end Jean Claude m’a proposé de rédiger les commentaires pour accompagner son montage. J’étais trop content, j’ai commencé à écrire, je me suis un peu lâché. Le lundi quand Jean-Claude est rentré, il a trouvé ça super mais le producteur n’a pas aimé du tout. Comme le réalisateur a refusé de changer ce que j’avais fait, le projet s’est arrêté net ! Paradoxalement, cette aventure m’a donné confiance en moi. J’ai continué à travailler quelques temps comme directeur de production chez Gédéon où j’ai fait mon premier court-métrage qui s’appelle « la désillusion de Bondoufle et Chapoulet » et que j’ai produit et tourné en cachette de la production pendant les vacances. En Septembre, je l’ai montré au patron de Gédéon (Gilles Galud) qui l’a montré aux Programmes courts de Canal Plus. Le film a été acheté tout de suite, c’était en 1991, deuxième date, trop fort.
Et là ça s’enchaîne ?
Je suis devenu réalisateur pendant cinq ans en indépendant, j’ai fait un peu de clips, des films institutionnels, des trucs comme ça… Et je suis arrivé à Canal assez naturellement.
Quoi comme clip ?
Le premier c’était pour Thierry Pastor, un morceau qui s’appelait « Mister T, mister love » (rires). Pas un grand succès (rires) ! D’ailleurs quelqu’un sait où en est Thierry Pastor ? Je lance un concours. Ensuite j’en ai fait un pour les “Beadochons“ en super 8 : “4 beadochons dans le vent“, Une bonne parodie des films des Beatles.
Donc Canal,
J’ai commencé par « Cyber Culture », une des premières émissions sur la culture cyber avec Chine Lanzmann et puis j’ai eu la chance de travailler sur une émission avec Édouard Baer et Ariel Wizman, 26 minutes mensuels ou l’on faisait ce que l’on voulait. J’ai beaucoup appris à leurs contacts. Suite à ça, j’ai été repéré par Sylvain Fusée qui m’a amené chez Groland et maintenant ça fait 15 ans que je collabore à l’émission. Et en parallèle je réalise aussi pour les Guignols depuis huit ans. En même temps j’ai collaboré avec Nova et Arte en documentaire, j’ai fait une vingtaine de pubs aussi. J’ai fait un peu tout y compris un long métrage que je viens de finir (« L’Elan » Ndlr).
C’est quoi tes bases cinématographiques ?
Mon père est très cinéphile. J’ai été élevé dans le culte des réalisateurs Français ; Tati, Chabrol, Blier…
Pas les Monty Python ?
Je les ai découvert assez jeune avec le Flying Circus qu’on regardait en famille à la TV et c’est vraiment un truc qui m’a beaucoup marqué, un peu comme Quentin Dupieux (réalisateur Français et musicien Ndlr ) que j’aime beaucoup…
Tu dois adorer « le chien Andalou » ?
Bien sûr, mais là c’est encore autre chose, tu n’es pas dans le même registre…
Ce n’est pas loin de l’Elan ?
On ne peut pas comparer mon film à celui de Buñuel qui est un pur génie du cinéma. L’Elan est plus bêtement absurde. J’adore l’humour absurde !
(L’Elan, photo tirée du film - Droit réservé)
Tu allais à la Cinémathèque ?
En fait j’ai eu une enfance bizarre avec un grave accident de voiture à 13 ans et je suis resté longtemps sous barbituriques sans pouvoir sortir ou boire une seule goutte de l’alcool…. J’ai eu une partie de mon enfance un peu en parallèle des autres, c’est comme si j’étais resté un peu bloqué dans l’adolescence, ce qui se ressent toujours d’ailleurs ! Bref, comme mon père était cinéphile, on a été parmi les premiers à avoir un magnétoscope et j’ai pu regardé beaucoup de films à la maison…
Je ne sais pas pourquoi mais je pense que la plupart des gens de Groland, comme toi, sont fans des Péplums ?
(Rires) Absolument, j’aime le côté naïf du genre. Ce qui m’amuse c’est que même si on n’a pas le budget nécessaire, on essaye de raconter une histoire quand même avec des rochers en cartons et des comédiens enroulés dans des draps. Ça me fait penser aux films d’Ed Wood, et à Tim Burton qui lui rend hommage dans son film du même nom que j’aime beaucoup.
Et le genre Godard ?
J’aime bien, je ne connais pas tout mais j’aime bien ! « Le Mépris », « Pierrot le fou » c’est des supers films. Je revendique un certain éclectisme ! Mon point commun avec Godard c’est que nous faisons travailler les même comédiens : Richard Chevalier qui joue dans mon film était dans le dernier Godard… Je crois que c’est notre seul point commun, mis à part notre amour du cinéma… Mais je ne vais pas non plus me comparer à Godard. Ça serait grotesque.
Tu es à la fois réalisateur de télévision et de cinéma ?
Oui, par exemple après mon premier court métrage, j’ai fait une série de programmes courts : « La télé qui fait meuh ». Des petits films bien produits en 35 mn qui m’ont permis de faire de la pub pendant dix ans. J’ai aussi fait un court métrage pour les Talents Cannes Adami, un autre pour la collection de Canal Plus « 600 secondes pour refaire le monde » que j’ai co-écrit avec Marc Bruckert qui est mon co-auteur pour le long métrage ! Films après films, j’ai développé mon propre parcours qui m’a amené naturellement à réaliser mon premier long métrage.
(En plein tournage avec Bruno Romiguirre - Photo droit réservé)
« L’Elan » donc, c’est quoi ?
C’est l’histoire d’une créature étrange avec une tête d’Élan en peluche, que tu peux voir sur l’affiche, habillée avec un grand manteau. Personne ne sait ce qu’il y a en dessous. Cette créature apparaît à proximité d’un petit village où tout le monde se pose des questions mais pas les bonnes.
Dans le village il y a qui ?
L’Elan est d’abord recueilli par une jeune fille, mais il ne parle pas et se déplace très lentement. C’est le héros (rires), l’anti héros !
C’est peu du Jacques Tati ?
Pas vraiment parce que tout le monde parle autour de lui. Rapidement, il est adopté par la famille de la petite fille qui le présente au village, ensuite il rencontre le garagiste qui est joué par François Morel, la pharmacienne (Servane Deschamps), le patron du bar (Kamel Abdessadock) et peu à peu il va rencontrer les autres habitants du village qui sont principalement des chasseurs.
(L’Elan avec François Morel, image tirèe du film - Droit réservé)
Tu as tourné en combien de temps ?
Quatre semaines, en 2014, une nouvelle date, trop fort aujourd’hui. Les trois dernières semaines d’Août et la première de septembre. Je m’en rappelle surtout parce que c’était la première fois que je voyais quatre semaines de soleil consécutif en Vendée (rires)… On a tourné aux alentours d’une maison de famille que j’ai là-bas. Je savais dès le départ que je n’aurai pas beaucoup d’argent pour le film, donc j’ai choisi la simplicité. Finalement j’ai même eu un peu plus d’argent que prévu !
Tu as financé comment le film ?
La région Pays de Loire a été la première à mettre de l’argent dès la lecture du scénario, une SOFICA a suivi, mon frère et moi avons mis de l’argent puis une boite Belge est rentrée en co-production et enfin le CNC nous a soutenu mais après le tournage.
Et Canal ?
Bien sûr que je suis allé les voir mais j’ai compris que je faisais exactement ce qu’ils ne voulaient pas faire ! Un film d’auteur, un peu barré, sans argent …
Il y a eu un Crowfunding aussi ?
Oui, cela a rapporté un peu d’argent et surtout cela m’a permis de faire exister le film sur internet. Ca a créé un noyau, il y avait 200, 300 personnes… Ça fait plaisir de se sentir soutenu sur un projet pareil.
Il sort quand ?
Le 28 Décembre 2016. Il y a un distributeur, Zelig Film. Nous l’annonçons comme la comédie de Noël alternative…
Beaucoup de salles ?
10 salles se serait bien, 20 le rêve et 5 et moins une petite déception. C’est impossible pour ce type de film de connaître le nombre exact de salles à l’avance.
Et essayer de partir sur internet ou d’avoir juste une sortie DVD ?
Pour l’instant il y a deux télévisons : RTL en Belgique et OCS en France qui veulent l’acheter. Je ne suis pas un spécialiste du marketing mais je pense que c’est mieux qu’il sorte d’abord en salle. Comme ça le film aura suivi son parcours jusqu’au bout et on pourra penser au DVD et à Internet après.
Ce doit être une satisfaction ?
Oui et puis j’aime bien l’idée qu’avec l’Élan on a tout fait comme les grands mais en petit et avec une autonomie totale : on a fait ce qu’on a voulu. C’est comme ça que j’ai envie de faire des films. Totalement libre.
Le film a été dans beaucoup de festivals
Oui, pas mal en fait. Quand tu vois l’affiche on a un peu l’impression d’un général Soviétique avec toutes ses médailles et ses couronnes (rires). Maintenant, je crois que le distributeur ne veut pas en mettre plus que 4.
Le film a donc été montré un peu partout ?
Oui, notamment à Shanghai, ce qui est ma grande fierté (rires). Je suis halluciné que le film ait été projeté là-bas.
Tu as envoyé le film ?
En fait la production a engagé une collaboratrice qui a très bien travaillé. On est allé à Houston, Nashville, où je suis allé et où j’ai passé un super moment. En même temps tous les festivals où le film a été programmé ont une vraie ouverture d’esprit, sinon ils ne le montreraient pas (rires) ! Donc le film a été sélectionné à Nashville, Houston, Victoria, Tucson, Shanghai et Montréal.
https://www.youtube.com/watch?v=y0lrpAERF0o
Et en France ?
On a fait la première projection à « L’étrange festival » au Forum des Images avec une salle sold Out, le festival de la Roche-sur-Yon et le festival du film Grolandais…
C’est quoi ?
Un festival international de films qui a huit ans et qui a commencé dans un petit village :Quend-Plage-les-Pins en baie de Somme et qui a dû déménager suite à son succès. La première année tout s’est bien passée, ambiance cool de petit festival. Mais après cette première édition très sympathique, la deuxième année 60 000 personnes ont déboulé et il y avait sur place cinq policiers ! Ambiance blackout total, ça s’est terminé à 10 heures du soir avec les hélicoptères et les projecteurs. On était dans un film de Carpenter ! Je me souviens, j’étais avec Terry Jones, un des Monty Pythons, il était halluciné ! Il n’avait jamais vu autant de personnes bourrées regardant « Le sens de la vie » projeté dans la rue ! (Rires) Un grand moment !
Maintenant cela a lieu où ?
A Toulouse
Et c’est plus calme…
Oui parce que c’est un peu mieux organisé mais la sélection est vraiment bien. Je suis très fier d’y avoir été sélectionné.
Qui s’en occupe ?
Benoît Delépine et il y avait un autre type avec lui, son ancien surveillant de lycée qui était un cinéphile convaincu, mais il est mort cette année. RIP Raymond ! Depuis d’autre gens se sont greffés à l’organisation….
L’Elan donc c’est parti !
Oui il a du mal à démarrer mais là c’est bien parti !
Tu espères en faire un autre ?
Oui bien sûr, je réfléchis à la suite. Je commence à écrire. Avec Marc Brukert, nous avons un autre projet mais plus sous forme de séries pour l’instant.
(Affiche de l’Elan - Droit réservé)
On attaque l’autre partie de ta vie : le rock’n Roll !
Yes, le rock’n roll !
Ça commence comment ?
J’ai commencé à jouer de la guitare classique vers 10 ans au conservatoire. A 15 ans je commence à monter mes premiers groupes à Sévres. Il y avait plein de supers groupes à l’époque comme les « Hot Pants » (groupe de Manu Chao et Santi futur Mano Négra Ndlr) ou « GPS » (groupe de Thiery Azard et de Thomas de la Mano Négra Ndlr) .
C’est quoi ton premier groupe ?
« Bas Résille », on était un des piliers du Gibus. Dès qu’un groupe se désistait ou qu’il y avait un trou dans la programmation, ils nous appelaient !
C’était quand ?
Vers 1980 – 1982, on a fait des maquettes.
Comme beaucoup
Ouais, c’est le terme polis pour des titres que personnes n’écoutera jamais (rires), mais attention une fois on a maquetté sur une cassette métal (rires), tu vois le truc … C’était du haut de gamme.
Tu étais bassiste déjà ?
Dans les groupes, j’ai toujours été bassiste. Je ne pense pas que je joue très bien mais j’ai eu la chance de jouer tout le temps avec d’excellents musiciens, bien meilleurs que moi à l’évidence !
Tu dois commencer à savoir jouer maintenant
Non, non mais j’ai mon style. C’était une énigme, je me suis demandé pendant des années pourquoi des types vraiment bons jouaient avec moi. Mais j’ai compris un truc : à chaque fois que je joue je suis hyper content de jouer et c’est communicatif ! Il y a un autre truc qui est très important c’est que le rock’n Roll c’est vraiment ma culture ! Je suis à l’aise avec cette musique, c’est mon truc. Je ne suis pas virtuose mais j’aime vraiment jouer et je me débrouille pour que ça tourne et que ça sonne.
Justement c’est quoi ta culture ?
Des trucs qui m’éclatent vraiment : Doctor Feelgood, Eddie and The Hot Roads, les Flesthones, les Real Kids, les Dogs, les Cramps, les Ramones, les New York Dolls, les Damned,…. La scène garage des années 80. J’adore ça ! Quoi d’autre ? Attend, il y en a tellement, je pense aux Stray Cats aussi, et avant eux à Robert Gordon, Jerry Lee Lewis, Buddy Holly, Eddie Cochran, Little Richard, Les Who, les Kinks, Bob Dylan, Roy Orbisson, c’est difficile de les citer tous… J’ai un côté Garage mais pas seulement !
Tu es fan de Quentin Dupieux (le réalisateur Français mais qui est aussi connu comme musicien électro sous le nom de Mister Oizo Ndlr) mais tu n’es pas fan de sa musique ?
Ce n’est pas ça ! J’ai l’esprit ouvert mais c’est sûr que je ne mets pas Mister Oizo à fond sur ma chaîne ! Mon truc c’est le Rock’n Roll encore une fois.
Après « Bas résilles » c’est quoi ?
Arrêt total pendant dix ans, le temps de faire l’ESRA et de commencer à bosser. Et puis c’est la naissance de ma fille aînée Selma qui m’a donné envie de refaire de la musique. Comme beaucoup j’ai senti le poids des responsabilités et là je me suis dit « ok, je vais reprendre la musique ».
(Etienne Labroue sur scène avec Christophe Dubois à la batterie - Droit réservé)
Et donc ?
Quand je jouais dans « Bas résilles » il y avait un guitariste chanteur très talentueux : Thierry Montagner et qui m’a proposé de jouer quelques morceaux pour son mariage. Je commence à répéter et là c’était archi-pathétique, je n’avais pas touché une basse depuis cinq ans. Je joue et juste après moi il y avait Marc Upson (ancien bassiste de GPS et des Avions Ndlr ) que je connaissais depuis longtemps qui se branche sur l’ampli en me jetant un regard noir (du genre c’était pas brillant)…. Bref on se recroise ensuite souvent chez des potes en communs et un jour on trouve un petit local, et on se met à jouer ensemble : Marc Upson, Antoine Moreau et Christophe Dubois, l’ancien batteur de « Bas résilles » (batteur de studio Français qui joue avec des grands noms Ndlr) qui est pour moi l’un des meilleurs batteurs du monde et moi.
https://www.youtube.com/watch?v=jlOCRX6HMg8
Et alors ?
On commence à répéter et Ariel Wizman avec qui je travaillais me dit « ce serait bien qu’un groupe s’appelle les Producteurs de Porcs » et on a dit ok ! Alors qu’on ne jouait que dans des fêtes et des happenings pendant cinq, six ans, on est venu nous chercher pour faire le générique de Groland « God save the président ». On a eu comme ça un petit statut d’Orchestre National Grolandais. On a commencé à faire des concerts avec ce “nouveau statut“ et à en refuser plein. En même temps quelques membres du groupe travaillaient pour Groland depuis assez longtemps. Il y avait une certaine légitimité.
Et ça tourne bien ?
Ce qui est incroyable avec ce groupe c’est que tout ce dont peut rêver un musicien : faire des disques, tourner, de bons concerts … On l’a eu ! A Toulouse on a joué devant 8 000 personnes, à la Nef à Angoulême c’était bourré à craquer. On a fait un concert avec les Patrons (ex Mano Négra) à Nantes, avec les deux groupes en battle sur la même scène. Enorme !
(Les Producteurs de Porcs en concert - Photo Xavier Lahache)
Mais ce n’est pas sérieux ?
La vie n’est pas toujours sérieuse non plus !
Mais il y a des compos ?
Il y a pleins de titres que nous sommes les seuls à jouer : on joue par exemple la chanson de l’Eurovision, le morceau qui a été composé pour l’Eurovision Grolandaise ou alors « à quoi servent les communistes ? » du groupe Francis Gasoil (Francis Kuntz, Jo Dahan, Philippe Teboul, Véronique Forman et moi).
Et alors ça sert à quoi les communistes ?
Ben, pas à grand-chose en ce moment mais tu dois écouter l’album des producteurs de Porcs ! Ça manque à ta culture ! En gros on s’amuse et surtout le public aussi et ça c’est qui fait que ça marche !
Ensuite tu commences à jouer avec Tony Truant (Ex Dogs, actuellement guitariste des Wampas Ndlr)
Parallèlement en fait. Par l’intermédiaire de Jean-Baptiste son batteur, qui avait joué avec les producteurs de Porcs. Parce que nous c’est comme dans « Spinal Tape », un film de Rob Reiner que j’adore et qui est avec « Old City Confidential » (documentaire de Julian Temple sur le groupe Doctor Feelgood Ndlr ) l’un de mes deux films de Rock préféré, on a plein de batteurs pour en avoir toujours un (bon) de libre.
(Tony Truant, Etienne troisième à partir de la gauche - Photo droit réservé)
Tony Truant donc
Ah oui, donc Jb me dit « on n’a pas de bassiste, viens jouer avec nous ! », je ne voulais pas. J’étais top impressionné. Je pensais que je n’étais pas assez bon. On a quand même fait une répétition où j’ai joué basiquement et à la fin Tony me dit « parfait » ! Je n’y croyais pas et depuis j’ai fait deux disques avec lui et pas mal de concerts.
Pourquoi la musique de l’Elan a été composé par Étienne Charry (ancien chanteur des Oui Oui Ndlr) et non par Tony Truant ?
D’abord Etienne Charry est un ami. Je lui trouve une grande classe. Pour ce film bizarre, j’ai toujours su que la musique d’Etienne accompagnerait parfaitement cette atmosphère singulière. Sa musique apporte une poésie bizarre au projet ! Ensuite on a quand même enregistré la chanson de l’Elan avec le groupe de Tony et Alain Chenevières (ex Pow Wow Ndlr) au chant. Il a également trois autres morceaux dans le film donc Tony Truant est bien présent sur la BO du film.
On arrive à ton nouvel intérêt : le coaching !
Oui j’ai conscience que cela peut paraître un peu étrange ou incongru étant donné mon parcours. En fait, je m’intéresse principalement au processus de créativité et aux mécanismes de l’inspiration artistiques. Je cherche à avancer des problématiques que j’ai moi-même rencontré de manière à être en mesure d’aider d’autres personnes à résoudre certains types de blocage. L’apprentissage du coaching et, plus généralement, l’étude des sciences humaines m’offrent des outils d’analyse et de réflexion très efficaces sur ces questions.
C’est quoi ton idée du coaching ?
Comme je viens de le dire, cela me permet déjà de travailler sur moi-même. J’ai toujours l’impression d’un sentiment d’inachevé me concernant. L’apprentissage des sciences humaines peut ainsi m’aider à travailler sur l’écriture de mes projets cinématographiques. Ensuite j’aime les gens, j’aime parler avec eux et les écouter. Pour moi, les rencontres, il n’y a rien de mieux dans la vie. Le coaching me permet de rencontrer des gens que je n’aurai jamais croisés autrement. Peut-être que ces rencontres pourront aussi nourrir d’autres projets d’écriture… Je vise une complémentarité entre toutes mes activités. En ce sens le coaching est une diversification et pas une reconversion.
Pourtant tu as une vie assez différente de la plupart des gens
Sans doute. C’est parce que je n’ai jamais réussi à rentrer dans une vraie boite : la BNP n’a jamais voulu de moi (rires)
Je te préviens, je vais l’écrire !
Pourquoi pas (rires) mais c’est vrai…. (Rires) Je n’ai pas réussi à mettre le bon costume pour leur plaire. Plus sérieusement cela m’aide à mieux me connaître pour pouvoir ensuite aider les gens. Quand tu es dans une activité artistique, tu es trop souvent centré sur toi même. Pouvoir aider les gens, se tourner vers les autres, c’est aujourd’hui une idée qui m’attire. J’habite à Pantin, aux 4 Chemins, qui est un quartier très populaire avec une population qui n’a pas accès à ce type d’aide. Rien que dans mon quartier, il y a déjà beaucoup de possibilités pour s’investir auprès des jeunes par exemple.
(Etienne Labroue par Renaud Montfourny)
Sous quelles formes ?
Du coaching scolaire ou solidaire ! Sous quelle forme exactement ? J’y réfléchis mais je n’en suis encore qu’au début. Pour l’instant j’étudie, je travaille sur mon mémoire consacré au coaching de l’inspiration artistique et je me renseigne sur les associations qui existent déjà dans ce domaine d’aide solidaire au développement personnel. Je pense qu’il faut essayer de démocratiser et rendre accessible cet accompagnement au plus grand nombre. Je ne suis d’ailleurs pas seul à penser cela. Si je peux m’investir dans cette voie je le ferai.
Tu es dans les associations à Pantin ?
Plus maintenant, c’est une question de temps et de priorité. En ce moment, en plus de mes activités à Canal Plus, je suis engagé par la DRAC de la région Est pour accompagner des élèves de primaire, collèges et lycées afin de réaliser des films qui seront projetés dans un festival à Chalon en Champagne. Je fais des choses assez différentes. Le truc pour moi, c’est d’être dans le moment présent et de toujours savoir m’adapter en restant moi même. Suivant les moments ce sont des parties différentes de moi qui s’expriment ; le père de famille, le réalisateur, le musicien et plus tard peut-être le coach…
Donc le coaching c’est très personnel ?
Oui bien sûr, je cherche avant tout à avoir une compétence supplémentaire qui puisse être utile à d’autre.
Tes projets c’est quoi ?
Tout continuer. Avoir le temps de tout mener de front et des fois c’est un peu chaud. Mon but est de faire le mieux possible ce qui me plait vraiment. Dans cette optique, je viens de monter avec mon frère une société de production « Les films des Loges » dont la principale finalité est de développer les scénarios de mes prochains films. C’est dorénavant à partir de cette structure que mes projets se développeront mais il est encore un peu tôt pour parler de projets précis.