Il y a deux ans tu déclarais sur ce site que les Married Monk s’étaient définitivement fini et tu reviens aujourd’hui avec un disque sous ce nom. Que s’est-il passé ?
Oui, c’est vrai, j’ai dit ça et pas qu’à toi !(rires) J’ai même fait un dernier concert en solo sous le nom de « Married Monk solo » à Clermont-Ferrand en septembre 2014. Je voulais refaire un truc sous un autre nom mais je ne savais pas trop, je pataugeais un peu. J’avais une dizaine de morceaux sous le coude et puis fin 2016, début 2017 j’ai participé à la production d’un album pour un artiste qui s’appelle Manuel Etienne originaire de Nancy. Là j’ai remarqué un musicien qui jouait avec lui et qui était talentueux. Il m’a impressionné musicalement et je lui ai proposé de travailler avec moi sans avoir de nom de projet : c’était Tom Rocton. J’en ai parlé autours de moi avec mes proches et on a décidé de garder le même nom pour ne pas repartir à zéro !
(Married Monk 2018, de gauche à droite Jean-Michel Pires, Christian Quermalet et Tom Rocton - Photo Elie Jorand)
Tu veux dire que le simple nom de Christian Quermalet avec un peut être un autre ne te permettait pas de lancer un projet, malgré tout ton passé ?
Oui, en tout cas dans ma tête c’était ça ! Et puis je ne me voyais pas retrouver un nouveau nom, l’assumer … Et donc on est reparti avec le même nom et un ancien membre, Jean-Michel Pires, à la batterie !
Tu en as parlé avec Philippe Lebruman (co fondateur des Married Monk Ndlr ) ?
Bien sûr, dés que l’on était sur de ce que l’on allait faire et que l’on a eu la validation par le label il a été le premier informé. Même si cela faisait dix ans que le groupe était en sommeil je ne voulais absolument pas qu’il l’apprenne par un autre que moi et quand l’album a été masterisé je lui ai aussitôt envoyé une copie.
Vous l’avez fait où et quand ce disque ?
Dans un studio qui s’appelle « Downtown Studio » en périphérie de Strasbourg entre février et mars 2017 durant onze jours à cheval sur les deux mois. On a ensuite refait des prises chacun chez sois et moi j’ai refait presque toutes les voix chez moi. On a ensuite rajouté une session additionnelle de cuivres et de cordes qu’on a fait en mai.
Tu aurais pu faire venir des anciens Married Monk comme Etienne Jaumet ?
Je lui en ai parlé mais il était vraiment trop pris : il est toujours entre deux avions, deux séances … On s’est dit que le saxophone n’était pas indispensable sur l’album. D’ailleurs il n’y en a pas ! Il y a juste un sample planqué dans un coins.
Jean Michel Pires s’est imposé ?
Oui, on travaille ensemble depuis 1997, humainement on est très lié et je préfère travailler avec des amis. Je voyais mal quelqu’un d’autre à sa place.
(Jean-Michel Pires - Droit réservé)
Le label Ici et d’ailleurs s’est imposé ?
On était plus sous contrat avec eux depuis plusieurs années. J’ai envoyé les démos à Stéphane et tout de suite il m’a dit oui.
On parle de l’album, tu commences avec un morceau assez électro-pop ?
C’est un des premiers morceaux que j’ai composé : j’habitais encore à Lyon à l’époque ! Si on l’a mis en premier c’est parce que c’était le seul endroit où nous pouvions le mettre. On a essayé de le placer ailleurs mais ça ne fonctionnait pas.
Après il y a « gravity », un hommage à la pop ?
Quand on est rentré en studio on en a fait une première version : plus lente, plus acoustique et franchement on allait dans une mauvaise direction. Donc on a arrêté et on a refait une version qui est celle qui est sur l’album.
Tu t’es ouvert à d’autres influences sur l’influence ?
En 2009 j’ai découvert vraiment « LCD Soundsystem » le groupe américain mais aussi « Of Montreal » un groupe de chansons qui fonctionnent avec des influences électro J’ai aimé ce mélange rock et électro avec des percussions.
Il y aussi un morceau sur l’album qui s’appelle « 10 ;16 Saturday Night ». C’est un hommage à Cure ?
En fait je travaillais sur une chanson qui raconte l’histoire d’un mec qui essaye de draguer le samedi soir et je suis allé voir des vidéos sur youtube sur tous ces types qui te conseillent comment draguer. Ca m’a fait rire et j’ai rajouté une minute dans le titre par rapport à Cure, pour éviter quelques problèmes (rires) !
(Tom Rocton - Droit réservé)
Il y a aussi deux reprises : une de Dogbowl et une reprise de Cure. Tu as joué avec Dogbowl ?
Oui c’est un très bon copain, on a joué ensemble un soir au Gibus : on avait monté un groupe pour lui avec Michel Cloup (guitariste et chanteur du groupe Diabologum, aujourd’hui en solo NDLR ) à la guitare, Eric de Perio à la basse, moi à la batterie et lui à la guitare et au chant. C’était super ! C’est une sorte d’hommage. Le morceau original est beaucoup plus dépouillé, on a rajouté des cordes et des cuivres. Je suis ravis du résultat.
La reprise de Cure aussi est splendide : limite jazzy ?
Ouais, ouais … On a fait une prise piano et batterie. C’est une sorte de ballade. C’est un morceau que je voulais reprendre depuis longtemps. On a essayé de lui donner un peu plus de relief, disons que l’on se l’est vraiment approprié …
Il y a aussi « Mitte », un morceau qui parle de Berlin Est ?
J’ai habité à Berlin Ouest deux fois quelques mois et tu avais le droit de passer 24 h à l’est. Ce morceau parle de mon expérience
Tu termines l’album avec un morceau limite électro : c’était un choix ?
Quand on avait terminé l’album ce morceau s’imposait à la fin. On ouvre et on ferme l’album avec de des titres limite électro. Quand tu enregistres tu fais les morceaux dans le désordre et quand on a terminé on a défini le Track listing comme ça. Il faut que ce soit fluide et logique. Ce n’était pas prémédité mais après plusieurs essais de montage ça s’est construit comme ça.
A l’écoute de cet album je me suis demandé si tu n’avais pas fait de la « pop de chambre » ?
(Silence) Je ne sais pas, beaucoup de gens me le disent mais je n’ai pas l’impression d’être dans cet état d’esprit. Quelqu’un a même écrit que c’était un album à écouter sous sa couette. Ce n’est pas trop mon truc ce genre choses d’ailleurs quand on a joué sur scène avec la nouvelle formation, le son était un peu plus dur. On va continuer dans cette voie et durcir un peu les choses pour que il y ait vraiment un décalage entre la scène et le disque.
Justement cela va se passer sur scène ?
On est quatre sur scène avec Nicolas Laureau, de Don Nino, NLF 3 et Prohibtion, qui nous accompagne à la basse et cela se passe super bien. Il fait partie intégrante du groupe maintenant, même si il n’était pas en studio avec nous.
(Les Married Monk en concert de gauche à droite Christian Quermalet, Tom Rocton, Nicolas Laureau et Jean-Michel Pires - Photo Marie D’Emmy)
Quels sont tes projets ?
On joue le 27 septembre au Café de la Danse à Paris, après il devrait y avoir une tournée.
Et il faudra combien de temps pour un nouvel album ?
(Rires) Je ne sais pas. On a un nouveau morceau et je continue à composer, comme toujours.
Tu es très exigeant toujours avec ta musique ?
Tout les groupes sont exigeants avec leur musique ! Globalement je pense que mon exigence et ma technique vient de mon éducation classique : j’en ai fais 10 ans quand même. Tom aussi et il est toujours musicien classique. Tu as des groupes comme Divine Comedy qui viennent complétement de là… Moi ma dizaine d’années de musicien classique en piano me permet de composer plus facilement avec un clavier et franchement ça aide d’avoir des « petites » notions comme j’ai.
Donc les Married Monk sont bien de retours ?
Oh oui !
Mais tu n’as eu aucunes pressions pour l’album ?
Non aucunes juste que je devais rendre l’album à la maison de disque à une date précise et je n’arrivais pas à terminer certains textes. Cela a été ma seule pression …. Comme à chaque fois !
(Christian Quermalet - Droit réservé)
Ce serait quoi ton mot de la fin ?
On va pousser plus loin sur le prochain ce que l’on a fait sur celui-là : on va encore plus se laisser aller …. On cherche juste à se faire plaisir rien de plus.