Peux-tu te présenter ?
Philippe, plus connu sous le nom de Phil K. J’ai commencé à jouer de la musique vers l’âge de 16 ans. Depuis je n’ai plus arrêté. Cela fait plus de 48 ans que je suis dans le milieu musical. J’aime la franchise et l’amitié genre vieille école ,Je suis chanteur, je joue de la basse, de l’harmonica et du mélodica. Je compose et j’écris des textes en Français pour l’instant. je suis nostalgique ,voir maniaco dépressif ; j’aime les femmes la musique les chiens la psychanalyse
Tu joues dans AinSophAur, peux-tu présenter le groupe et pourquoi ce nom ?
Le nom vient de la Kabbale. Ça signifie la lumière illimitée. C’est un hasard ce nom. Je l’ai trouvé dans le tarot de Thoth et les écrits d’Aleister Crowley. Il a défini trois niveaux de conscience, l’ AinSophAur étant le troisième et dernier niveau.
Tu as donc un côté ésotérique dans ta musique ?
Je pratique en solitaire la méditation. Je suis retiré de tout ce qui est pratique en groupe parce que dedans il y a souvent des tarés qui veulent prendre le pouvoir. Je pratique toujours mais je ne me prends plus la tête avec ça mais c’est un sujet qui me passionne.
Comment définirais le groupe ?
C’est une fusion de deux groupes l’un avec une mouvance très punk, hardcore et métal, et de l’autre côté (le mien) ou nous étions plus influencé par Killing Joke, Dead Can Dance et la littérature Française. Ce mélange a donné le groupe. On a été étiqueté Cold Wave ou Gothique alors que pour moi c’est une fusion d’influences anglo-saxonne ,Punk cold wave dub métal etc et de chansons Française c’est du rock sombre en Français en fait .
Vous m’avez fait penser à New Model Army, Bauhaus et T21.
Ce sont des groupes que j’aime mis à part New Model Army que je n’aime pas ; je suis étonné mais why not ! 
mais on pourrait rajouter le rock industriel comme Throbbing Gristle. C’est difficile d’expliquer notre musique à des gens qui écoutent Bernard Lavilliers ou Johnny Hallyday. Quand on me le demande je dis que je suis un mix entre Killig Joke et Alain Bashung ,ou Cure et Daniel Darc voir Neubauten et Gilbert Bécaud ! rires).
Quand on vous voit sur scène, vous êtes plus dans un côté expérience, au sens noble du terme, que le simple concert de rock. Vous emmenez les gens dans un univers avec un côté expérience.
Oui, il y a un côté « grande messe » ou communion. Je parle souvent de contact ou de communication avec le public. Il y a un côté expérience. et transmission d’émotions ,sans triche nature ça passe ou ça casse
Vous avez un côté Christian Death (groupe américain, fondateur du mouvement Batcave, Ndlr) ?
Je le prends comme un compliment ,j’adore ce groupe ,Peut-être, parce que j’ai eu l’occasion de rencontrer certain d’entre eux , et de bons retours de leur part d’une de notre reprise de Christian Death« Figurative Theatre » par les membres originaux ;mais pourtant je ne nous considère pas comme un groupe gothique. j’embrasse au passage Gitane,Eva,George et Rick ,tendres pensée pour Roger « Rozz »
Vous pourriez être un Taxi Girl avec des machines ?
Peut-être (rires), version plus lourde quand même ,Taxi Girl avec des guitares plus prononcées ,mais ce doit être le chant en Français qui donne ça. et mon « amour » pour Daniel .
Qui est dans le groupe aujourd’hui ?
Nous ne sommes plus que deux, parfois nous faisons appel à un bassiste avec nous, comme sur le dernier album,( Romain ) (au fait JJburnel, Pierre Corneau ; Peter Hook vous êtes libres ? ) mais il ne reste plus que le noyau dur : Antoine, qui joue de la guitare, et moi au chant et à l’harmonica. Derrière ce ne sont que des machines avec des samples et du synthé. Tout est joué en amont. Le but pour nous étant qu’une fois sur scène, et que on ne nous voit pas, que ça sonne comme un groupe avec un vrai bassiste, un batteur un clavier. Il faudrait un côté rock pour un groupe électro mais pas électro. ou Électro pour un groupe rock mais pas rock
Vous avez beaucoup joué depuis les débuts du groupe ?
Beaucoup ! et pas assez à la fois ! On a presque tout fait en France : du nord au sud, de Marseille à la Bretagne, le Sud-Ouest, tout l’Est, toute la banlieue parisienne etc.
Et à Paris ?
Oui bien sûr ! mais à force c’est malheureusement toujours les mêmes salles. on à fait un peu le tour , de belles salles au caves moisies ,car pour l’instant on ne peut pas remplir une salle à nous seuls ! et donc c’est toujours des co-plateaux ce qui est bien comme au Supersonic, l’International, Gibus etc
Vous avez joué avec qui comme groupes ?
Des groupes connus ? dans l’underground ? comme Sandie Trash,modelmartial ,treponem pal , jacquy bitch, Babel 17, Buzy, Little Nemo,no tears, Vuduvox ; then come silence,Skeletal Family … tu sais on jouait aussi avec un collectif a une époque sous un autre nom donc toute la scene « dub » Française" également comme Lab °, Brain Dammage, High Tone, EZ3kiel………
Il y a eu combien d’albums avant celui-là ?
Oh là (rires), il y a eu une cassette (rires), puis trois albums Cds, Ainsophaur, Horsemen of mentalis apocalypse, et Des pierres Blanches avant le dernier « Chants de ruines ».
Pourquoi il s’appelle comme ça ?
C’est la suite des « Pierres blanches », notre précédent album avec les pierres du petit Poucet. Ces pierres, nous les avons récupérées , et ce chemin nous à ammené sur un « chant de ruines », avec un jeu de mots sur champ et chant. La ruine c’est le désastre. un constat
Bon, sur cet album il y a une reprise de Marc Seberg « Sans mémoire » ! Pourquoi ?
D’abord je suis un admirateur de Marquis de Sade et de Marc Seberg depuis longtemps. On voulait faire une reprise de Marc Seberg mais pas la plus connue. Par rapport à ce qu’il se passait dans nos vies où rien ne changeait vraiment, on a trouvé que c’était le bon titre. Comme on travaillait avec Pascale Leberre (ex clavier de Marc Seberg, ndlr), on voulait lui faire un cadeau et on a fait ce morceau.
Est-ce que Philippe Pascal (chanteur de Marc Seberg, ndlr) l’a entendu ?
Quand on a enregistré, il était vivant et quand on a présenté le morceau à Pascale, c’était la semaine où il est décédé. On ne voulait pas le sortir à ce moment-là parce que cela aurait été indécent. On l’a mis de côté et on l’a utilisé après. Je n’ai jamais posé la question à Pascale, je n’ose pas ,ce n’était pas le moment .Nous étions sous le choc
Sur votre album, j’ai vu beaucoup de références littéraires et une forme de poésie. Pour moi, tu serais un poète beat qui ferait du rock ?
C’est bien dit ! J’aime bien. je ne suis pas un grand lecteur pourtant ! j’ai quelques restes de poètes maudits certainement
Par exemple, il y a ce morceau Canal 777 qui est passionnant !
C’est étrange parce que c’est un morceau que j’ai écrit avec la personne avec qui je vivais à l’époque. C’est un texte qui a donc été écrit à quatre mains. Je l’ai modifié en mettant mes phrases et mes idées. Il y a une référence à l’ésotérisme avec ce chiffre 777. C’est le désespoir qui te prend la nuit quand il n’y a plus rien. C’est difficile à expliquer. C’est une sorte de chemin initiatique et chamanique. Il correspondait bien avec le titre et l’ambiance de l’album « Chants de ruine ».
Mais 777, c’est le chiffre du diable ?
C’est compliqué ! Le chiffre du diable c’est 666 et 777 c’est juste après. C’est une référence magique et Luciférienne, plus qu’au diable !
C’est pour ça qu’il est à la fin de l’album ?
Oui, il correspondait bien, en plus il devait à la base le titre mis en avant sur le disque comme « single » et pourtant c’est lui qui clôture l’album comme un testament.
Il y a aussi « Chants du Pays » avec ce côté revendicateur.
C’est le seul morceau qui est une critique de la société, en l’occurrence de Paris et son microcosme ,le changement des mentalités ,un constat
C’est le morceau de plus accessible de l’album.
Peut-être ? je pensais plutôt à Rumeur niveau accessibilité . . . mais Chants du Pays est peut être le plus « rock », le plus simple…Basique, voir effectivement revendicatif
Tu fais aussi du « Spoken Word ». Est-ce que cela n’annonce pas ce que tu vas faire : de la poésie sur une musique assez rock ? Tu pourrais être un poète gothique ?
C’est exactement ce que je suis en train de faire sur un nouveau projet (rires). Il est vrai que j’aime mettre aussi les paroles en avant , qu’on puisse les comprendre même si elles sont souvent indissociables de la musique
Tu as un côté très poétique et un côté très rock ?
J’aime les deux mais j’ai un peu fait un peu le tour du problème en ce qui concerne le rock ! J’aime les mots et les décliner sur de la musique, quel qu’elle soit. Je pourrais décliner mes mots sur une musique de film ou sur une musique où l’on peut danser .
C’est là où l’influence de Philippe Pascal est énorme !
Bien sûr, sur le fond, mais Philippe Pascal est une référence plus qu’une influence pour moi quoi qu’il en soit
En fait, vous ne faites plus de rock ?
On a fait le tour de la question. On a beaucoup d’influences et on cherche à tourner un peu dans le circuit littéraire, ou plus ouvert qui pourrait être intéressé par nous, sans renier le rock. Ça fait des années que je cherche à faire le lien entre les deux mais pour certain labels on doit rester dans un milieu pour des raisons marketing et étiquetage , c’est dommage ça pousse à rester dans un circuit qui se mord la queue alors que si nous allions ailleurs on pourrait vraiment agrandir notre audience. Avec Antoine, on a fait des sessions électro acoustique « sang d’encre" avec ses guitares et effets et récitations et déclamations de mes textes devant un public différent . C’était bonifiant , il faut aussi expérimenter et s’ouvrir.
Mais toi tu es obligé d’avoir un certain son pour placer tes mots ?
J’ai besoin d’avoir un côté musical où je me sent à l’aise. de l’espace et une bonne entente quelle que soit la musique en fait un tam tam, un sample, une mélodie à la guitare qu’importe si ça me m’inspire et me parle
Je suis d’accord mais quand tu te mets en scène avec une guitare et un harmonica, comme vous l’avez déjà fait, vous redevenez un groupe « normal » et franchement vous perdez beaucoup de puissance et d’intérêt.
C’est dû aux clichés du rock’n roll je pense , harmo fait penser au blues , mais j’aime ça aussi , mais on est vraiment pas dedans avec AinSophAur ! et pourtant notre vie oui la musique moins au sens propre du terme
C’est ce qui vous rend intéressant !
Tant mieux alors ! merci
Pourquoi et comment avez- vous été produit par Pascale Leberre ?
C’est juste une histoire d’amitié. On s’est rencontré dans une salle de concert. J’aimais son groupe et je suis allé lui dire. On a discuté et on est devenu amis. Elle a écouté notre musique et ensuite elle est revenue vers nous pour nous proposer ses services. j’étais aux anges !
Vous êtes produit par Pascale Leberre, vous reprenez Marc Seberg. Tu n’as pas peur d’avoir une étiquette un peu lourde sur le dos ?
C’est agréable et lourd à porter ,c’était évident de toute façon , je ne me suis pas posé la question sur le moment , j’étais trop content de travailler avec Pascale et j’assume c’est un honneur il y aura toujours les pour et les contre …… Avec Pascale on a pu avoir un nouveau crédit. On ne l’a pas fait pour ça bien sûr parce que c’est elle qui est venue vers nous. En tout cas on a pu toucher un nouveau public, plus large, plus ouvert…
Surtout que c’est un peu réducteur de vous ramener à ça ?
C’est clair, ASA ne se résume pas juste à une reprise d’un groupe iconique ,c’est une des facette du groupe , de toutes façons On voulait faire se faire plaisir et Marc Seberg nous rappelle tellement de souvenirs
Vous avez de bons retours ?
On a eu plein de bonnes critiques ,pour l’instant que des bons retours ! ,( mis à part pour la reprise forcément ) , mais c’est pas grave , et puis du coup pas mal d’itw , nous sommes joué sur les radios web … des concerts en vue , alors je suis assez satisfait
Mais qu’est-ce qui vous manque ?
Une bonne promo ,un bon manager ! Quelqu’un dont c’est le métier. et un putain de tourneur ,une plus grande audience , Aujourd’hui je dois un peu tout faire avec Antoine et franchement c’est fatiguant. C’est compliqué parce que je suis toujours en première ligne et tu ramasses les bons coups comme les mauvais .Je suis juste un chanteur et pas un VRP C’est malheureusement la situation de plein de groupes.
Vous avez un label ?
Oui, « Manic Depression ». C’est un petit label avec une belle notoriété, un beau catalogue avec beaucoup d’artistes reconnus
On peut le trouver où votre disque ?
Chez les disquaires indépendants, les plateformes de téléchargement, sur le site du label et aux concerts. Il est disponible en CD et en « dématérialisé » MP3, wav, band camp, etc.
Le mot de la fin ?
« Aé Panti Nam » Il faut élever notre âme, c’est le titre d’une de nos chansons (rires) avec un grand sourire pour l’autre pour l’autre que tu aimes enfin , enfin… ? Merci à toi
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