Papageno en pinçait-il pour le Gentil ?

jeudi 11 février 2016, par Dyonis Hator

Toujours à l’Est, au cœur de l’Europe députée, un vin d’union libérale, et plus qu’aimable, se joue de l’apéritif et sait bousculer les prolongations : le Gentil.

Gentil, aber hecht ?

Oui, sous condition d’élaboration, les vignerons alsaciens ont une charte. Tu récoltes du gewurtztraminer, du muscat, du pinot gris, du riesling que tu peux assembler, à ton goût, à du chasselas, du pinot blanc, du sylvaner, après élevage séparé, conditio sine qua non pour l’obtention de l’AOC Alsace. Donc assemblage + mise en flûte = dégustation obligatoire pour reconnaissance de la dénomination marchande : « Gentil ».

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Des gentils noms, peut-être ? Du très vénérable Hugel à l’irrésistible Bott Geyl tu peux procéder par étapes avec Klur et son Katz, Josmeyer, Paff, et Marcel Deiss en point d’orgue pour son Brug.

 

Ce vin est celui de l’attention pour celles et ceux qui sont tombés tôt ou tard et ont relevé le défi de l’improbable, celui de l’accord plus fort que les désaccords. Avec le Gentil, il y a de l’émotion. C’est du figuratif liquide et complexe, mais pas compliqué. Tu y trouveras ce que ton esprit te laissera lâcher. Force-le à laisser l’intuition baguenauder. Surtout pas de prise de becs, juste de la tranquillité avec une pointe d’acidité pour titiller les zygomatiques et pas laisser le floral emporter ton mood lacrymal, même si c’est pour le plaisir ; enfin, appelles ça comme tu veux. L’oeil sur le disque, inside your glass, ton nez vaticine puis tu goûtes pour donner chair à l’émotion. C’est juste une petite flamme pour t’allumer les papilles et chercher dans la cambuse de quoi calmer les ardeurs profanes (sinon tu peux spiritualiser avec Gérard Oberlé :

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Les papilles s’agitent et les pupilles ne font pas que de la figuration. Tu éprouves ce séisme a minima, la métamorphose s’opère et bientôt les mots viendront, ou pas. Retour à la cambuse pour les menus plaisirs. Tu mixes des queues de crevettes avec du citron vert, une larme de piment, des feuilles de coriandre, du radis blanc et un trait généreux d’huile d’olive. Tu étales sur des crackers ou bien des mouillettes bien toastées. Sinon, tu prends une crapaudine, des graines de carvi, un chèvre bien frais, tu malaxes le tout et ajuste à la fleur de sel et quelques tours de moulin. Avec des gressins pour la croustille ça accroche bien le palais. Encore ? Râpes une Granny Smith, assaisonnes à l’envi, étales sur des tranches de magret fumé, raifort ou wasabi à discrétion. Tu piques, tu couds, c’est comme tu veux.

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Et maintenant, en toute légalité et avec la plus usuelle des modérations, tu laisses se dilater le temps et s’envoler les noms d’oiseaux

 

tu es prêt pour « les frissons du commencement », le Gentil sonne bien et bon.

 https://www.youtube.com/watch?v=wA2blGYfC3o

https://www.youtube.com/watch?v=lMNlLbRrZc0

https://www.youtube.com/watch?v=JCOLAW8kg1g

https://www.youtube.com/watch?v=6gT2GOv9HaQ