Pouvez-vous présenter le duo et pourquoi et comment s’est formé le groupe ?
F : En fait, aux origines de tout, était le confinement… Pendant cette période étrange que nous avons vécu comme une parenthèse enchantée, Joël et moi nous sommes amusés à faire des reprises de morceaux que l’on aime bien (Down by the Water de PJ Harvey, Russian Roulette, After Hours du Velvet Underground…etc). Très vite ce qui n’était qu’un jeu (pour moi) est devenu une routine journalière et Joël qui prend la musique au sérieux s’est mis à créer des arrangements. Puis on a décidé de se filmer pour envoyer les vidéos aux enfants et aux amis. Ma fille a fini par nous créer une chaîne Youtube et on s’est surnommés astucieusement The Confinments ! C’était la première fois que je chantais dans un micro, ça m’a beaucoup amusé. Puis, ça été le retour à la vie normale et une envie qui a commencé à poindre, celle pour moi d’apprendre à jouer de la guitare. Facile avec un prof à la maison ! Et quel prof ! Là aussi Joël s’est montré très encourageant et pédagogue. Il a commencé par me créer des bases rythmiques sur lesquelles je m’exerçais à enchaîner des accords, des mélodies prenaient forme dans un style qui correspondait à l’humeur et à l’ambiance du moment c’est-à-dire simples, légères, enlevées, dansantes, bref pop quoi. Katápola venait de naître et on ne le savait pas encore !
J : On a assez bien vécu le confinement en effet…C’était un challenge de monter une cover par jour, on s’attaquait à des trucs plutôt difficiles, en tout cas pour nous, comme Alone Again Or de Love, du Squeeze ou des choses mainstream comme Madonna ou Depeche Mode…Après Françoise a chopé le virus de la guitare, et hop c’était parti !
Quels sont vos parcours musicaux respectifs, surtout Françoise que l’on connait moins que Joe ?
F : J’étais étudiante dans la première moitié des années 90. J’ai fait ma culture musicale en écoutant Bernard Lenoir sur France Inter et comme j’avais la chance de faire mes études à Toulouse j’ai pu assister à quantité de concerts notamment au Bikini (salle de concert bien connue à Toulouse).
J : Puisque d’après toi tout le monde connaît mon parcours, je n’ai rien à dire… Enfin, j’ai été moins étudiant que Françoise à l’époque mais j’ai finalement commencé assez tard. Quand j’étais jeune ado j’étais fan de Dutronc, des Beatles et de Abba, c’était inconcevable de devenir musicien, encore moins chanteur… Jusqu’à la découverte du punk, rien d’original, et surtout de voir des groupes locaux dans les bars.
Quelles sont vos influences et de quels groupes (duos ou pas) êtes-vous proches musicalement ?
F : On en a beaucoup (surtout Joël bien sûr) mais sur la période de gestation de l’album, c’est vrai qu’on écoutait pas mal les Dandy Warhols ou Courtney Barnett par exemple, ça se sent peut-être…
J : Je ressors toujours mon triumvirat : Beatles, Stones et Dylan. Il y en a évidemment une bonne centaine d’autres… Pour le duo il est évident que certains…duos sont des modèles du genre. Inimitables et à ne pas imiter de toutes façons, mais on a forcément en tête les duos Hazlewood / Sinatra ou Ann Margret, Sonny and Cher, plus récemment Isobel Campbell et Mark Lanegan.
F : On adore les Catl, un duo garage blues de Toronto et les Doum Doum Lovers de Périgueux !
Joe, tu participes à trois groupes (Indian Ghost, Don Joe Rodeo Combo et Jesus Of Cool), pourquoi ce nouveau groupe et surtout déjà un album ?
J : A part l’album récent avec Jesus of Cool, Indian Ghost et le DJRC étaient plus ou moins en stand-by…(NDLA : Indian Ghost bientôt de retour !). Pour revenir à ce qu’on disait tout à l’heure, je ne conçois pas vraiment de faire de la musique sans produire des disques. Ça en étonne certains mais c’est même plus vital que de faire de la scène. Après, sortir encore des disques en 2024, est-ce bien raisonnable ? Je ne pense pas…
Pourquoi ce nom : Katápola, qui est une île grecque ?
F : On voulait un nom qui ait du sens pour nous (c’était super important que ça ne soit pas impersonnel) et qui ne fasse pas « rock ». En 2018, on a découvert une île des cyclades qui s’appelle Amorgos, on en est tombé amoureux. On logeait à Katápola, une des villes principales de l’île. Voilà. On a trouvé que ça sonnait bien et puis quand on le prononce on a immédiatement de belles images qui reviennent à notre mémoire.
J : Qui sait, on se mettra peut-être un jour à faire du rebétiko…
C’est un disque d’été dont on a l’impression qu’il aurait pu être fait à Laurel Canyon en 1967, c’est une référence pour vous ?
J : J’ai fait une chanson avec Indian Ghost qui s’appelle Kind of Topanga Canyon, ça évoquait Neil Young, Charles Manson aux alentours de 1969…Là tu dis 67 ? ça nous rajeunit pas dis-donc…Mais je vois ce que tu veux dire et c’est plutôt flatteur, merci. La présence des guitares acoustiques, des sons plutôt boisés mélangés à des trucs plus acides, les accords ouverts, ce doit être ça. Sincèrement on n’y pensait pas mais pour répondre à ta question, l’apogée de Laurel Canyon reste bien sûr un fantasme de période artistique.
F : Du coup, on ira peut-être enregistrer le deuxième album en Californie !
Vous sortez un premier album « Wheat Fields », vous l’avez fait où et avec qui ?
F : On l’a fait tous les deux à la maison. Comme je disais, Joël me construisait des bases rythmiques pour m’aider à apprendre à jouer, il m’en « pondait » une tous les deux jours ! Tout ça a constitué la matière première pour quantité de morceaux ; on a en sélectionné 9 mais il y en avait beaucoup plus. Donc le salon a été le premier lieu de conception, puis ça s’est terminé au studio aménagé au-dessus du garage. Joël s’éclate à tout produire, à faire tous les instruments et tous les arrangements, c’est un dingue.
J : Tous les instruments ou presque, hélas je ne sais pas jouer de la batterie, un ami de la famille Simon B. donne un coup de main là-dessus, sinon il y a des batteurs virtuels et boîtes à rythmes qui font le job.
Pourquoi ce titre d’album ?
F : Quand Joël m’a suggéré un jour d’écrire des paroles sur une des premières mélodies, je me suis sentie perdue. J’ai alors suivi son conseil en convoquant des images qui me transportent. Depuis toujours ou presque je suis fascinée par les champs de blé balayés par le vent et quand j’ai découvert Van Gogh à l’adolescence, son tableau « Champs de blé aux corbeaux » peint les derniers jours de sa vie m’a bouleversé. Il me paraissait évident que mes premières paroles de chanson devaient lui revenir. Le titre « Vincent » est donc un hommage au peintre et l’image des champs de blé s’imposait tant pour le titre du disque que pour l’illustration de la pochette.
C’est un album où la mélodie de guitare est mise en avant avec une rythmique assez en arrière, pourquoi ?
J : Ah ? C’est peut-être une erreur de mix, hahaha ! Mais je vois ce que tu veux dire, j’aime bien mettre des thèmes mélodiques simples entre les couplets par exemple. Ceci dit ta remarque m’interroge…(Long silence).
Avez-vous fait des concerts et, ou y-en-a-t-il de prévus ?
F : Pour l’instant on répète tranquille à deux et, pour démarrer, le concept du concert privé en appartement semble le plus envisageable avant bien sûr la tournée mondiale…
J : Voilà, des showcases aussi, mais je suis curieux de savoir ce que ça peut donner avec des musiciens additionnels, on a déjà des sollicitations pour ça.
Qui compose ?
F : Joël à 80 %. Quelques paroles ont été écrites à 4 mains, parfois à 2. Joël me fait participer à la « fabrication du son », on échange, on suggère, on teste et parfois c’est assez tendu, il faut argumenter, faire des compromis. Mais au final, on arrive à s’accorder et le résultat est validé sans état d’âme.
J : Hum…Sans état d’âme ? Je n’aime pas l’idée du compromis, ni même de la démocratie quand il s’agit de musique, en revanche oui on doit savoir laisser tomber une idée quand elle ne plaît vraiment pas à l’autre.
Il y a plusieurs titres en français sur le disque : c’est une volonté de votre part ou c’est juste parce que la musique s’y prêtait ?
F : En général bizarrement c’est la mélodie qui nous évoque une langue plutôt qu’une autre. C’était important pour nous de laisser un peu de place à la langue française.
J : C’est exactement ça, on ne met pas de quotas mais le français est venu naturellement sur certains titres alors que sur d’autres l’anglais coulait de source.
L’influence de l’image est-elle importante pour vous ?
F : Je ne sais pas si je comprends bien le sens de la question. En tous cas, les images, elles, nous influencent dès le début. Elles nous ont donné la ligne directrice, la source d’inspiration et ont contribué à donner à l’album son identité.
J : Je ne suis pas contre l’idée du look ou du non-look mais si c’est cette question, elle ne semble pas se poser pour nous…
F : En revanche, j’aime bien l’idée de concevoir des clips sans prétention mais personnels. Il y en a déjà trois, il y en aura peut-être un pour chaque titre de l’album si j’ai assez de matière.
Comment peut-on se procurer vos disques ?
F : Sur le site de Pop Sisters Records ou sur demande par message. Attention tirage CD limité ! Bien sûr, parce que nous sommes modernes et civilisés, l’album sera également disponible en digital, sur les plateformes, sur Bandcamp, sur Soundcloud…
Quels sont vos projets ?
F : Personnellement, me perfectionner à la guitare !
J : Me perfectionner au Mellotron !
F : Plus sérieusement, pour l’instant mon prochain défi sera la scène et bien sûr il y a déjà plein de nouveaux morceaux en préparation.
Le mot de la fin !
F : Un grand merci à tous ceux qui nous soutiennent (comme Buzzonweb), on vous embrasse chaleureusement de nos 4 bras !