Il y a deux ans, tu sortais « Aurora » avec Marquis. Que s’est-il passé avec ce disque ?
Plein de choses très positives, notamment au niveau des médias. On a eu une page dans le Monde, une et demie dans Paris-Match, des bonnes critiques dans de nombreux autres journaux et on est entrés en playlist France Inter avec « Je n’écrirai plus si souvent » chanté par Daho, ainsi que sur la RTBF. Malheureusement on n’a pas pu tourner dans la foulée à cause du Covid. On n’a pu se lancer en concert que l’année dernière mais cela a été une grande satisfaction de se découvrir sur scène en tant que Marquis, avec Simon (Mahieu, le chanteur, NDLR). Comme le premier album avait été un peu « éteint » pour cause de Covid, on s’est dit qu’il fallait en faire un deuxième et voilà.
L’enregistrement de ce nouvel album a commencé très vite après la sortie du premier, qui avait été très compliqué, comme si tu voulais vite passer à autre chose ?
C’est d’abord parce que les concerts de 2021 ont été annulés qu’on s’y est mis. La phase d’enregistrement d’Aurora a évidemment été marquée par le décès de Philippe, puis celui de Dominic Sonic, qui avait enregistré avec nous ; cela a été évidemment éprouvant et compliqué. Mais si on a enchaîné aussi vite avec Konstanz, c’est aussi parce que j’ai toujours besoin de composer, aller en studio, écrire… Si je ne fais pas ça, je ne sais pas trop quoi faire de mes journées…
Tu écris des livres quand même…
Oui, mais je ne peux pas m’arrêter de composer de la musique. Ce n’est pas une vertu, c’est juste que je ne sais pas faire autrement... Comme les tournées du printemps et de l’automne 2021 étaient annulées, quoi de mieux alors, pour souder le groupe, que de composer, et retourner en studio…
Quand vous avez tourné au printemps 2022, vous aviez donc un nouveau répertoire qui était prêt ?
Sur les concerts de début 2022, on a juste joué un titre du nouvel album, « Brighter », qui sonne très Marquis de Sade. C’est ensuite qu’on a fini de composer les nouveaux titres et que l’on a ouvert aux invités. C’était aussi une volonté de Simon ces invités ; il voulait explorer de nouveaux territoires.
On peut se poser une question aujourd’hui : est-ce que Marquis est encore un groupe ou est-ce un collectif de musiciens ? Marquis c’est aujourd’hui Simon, Éric Morinière à la batterie, Niko Boyer à la guitare et toi. Autour de vous gravitent plein de gens et pas seulement des musiciens, je pense notamment au photographe Richard Dumas.
(Silence) Comme beaucoup de groupes, Marquis se base sur la relation entre le chanteur et le guitariste, Simon et moi, tous les deux auteurs, mais Éric et Niko sont très importants évidemment. Comme Thierry (Alexandre, ancien bassiste du groupe NDLR) a cette maladie des mains, et n’a pu enregistrer que sur « Brighter », on a d’abord invité cinq bassistes pour le remplacer, sur les autres titres. On a trouvé ça constructif cet assemblage, organisé en fonction de la couleur des chansons et on a ouvert ensuite à d’autres invités, et chacun a amené quelque chose d’important. Le cœur c’est Marquis, mais c’est aussi un collectif qui s’exprime sur Konstanz, tu as raison. Et c’est vrai que l’on collabore de près depuis Aurora avec Richard Dumas, mais aussi Anne Marzeliere, pour les photos, Cranes Studios pour les graphismes, Yannick Dangin Leconte pour les vidéos. C’est une équipe.
C’est un album qui est très marqué par l’Europe. Quand on voit ton travail, tu as toujours voulu aller vers l’Europe de l’Est et du Nord, tout en restant en Bretagne.
J’ai quand même travaillé dix ans au Portugal, où j’ai connu un certain succès comme producteur, et je me sens depuis en partie portugais. Mais c’est vrai que l’Europe continentale m’inspire beaucoup (sur Aurora, le titre « Holodomor » évoque la famine en Ukraine des années 1930 NDLR). Du temps de MDS nous fantasmions sur ce qui se passait de l’autre côté du mur… C’était excitant et plombant à la fois.
C’est aussi l’arrivée de Simon qui amène ça ?
Bien évidemment, du fait qu’il vit en Flandres, il a des connexions directes avec la Hollande et l’Allemagne, et passe aussi beaucoup de temps à Londres.
Cet album c’est la vraie rencontre avec Simon. Il a pleinement pris sa place comme chanteur et Konstanz ne s’est pas fait dans la douleur, contrairement à Aurora ?
Refaire un album dans la foulée pouvait s’envisager parce que l’entente entre Simon et moi est porteuse. On est sur la même longueur d’onde et nos cultures différentes se complètent. Il a fait un super boulot sur Aurora aussi, c’est juste qu’il n’avait pas participé à la composition, et qu’il y avait beaucoup d’autres intervenants à la voix (Daho, Polak, Sonic, Keltchewski, Dargelos…).
Le titre de l’album, Konstanz, Constance en français, fait référence à cette ville allemande à la frontière de l’Autriche et de la Suisse.
Oui, on avait du mal à trouver un titre et une amie nous a proposé, après l’avoir écouté, de lier le disque à une ville en Europe, comme on l’avait fait avec Dantzig Twist ou Rue de Siam (les albums de Marquis de Sade, NDLR). J’avais passé mes vacances en août dernier à Constance. J’y étais allé il y a quarante ans et j’ai retrouvé la ville presque inchangée, intemporelle…
C’est une ville où Balzac a écrit et une ville qui a été préservée durant la seconde guerre mondiale : rien n’a bougé !
L’année dernière, je suis arrivé devant le lac de Constance, et ça a été comme une fenêtre sur un autre monde, un aperçu sur l’éternité, j’en ai éprouvé une forme de satori. Comme si le cœur d’une Europe immuable battait pas loin de là. J’ai compris pourquoi ces écrivains, Thomas Mann, Hermann Hesse, Peter Handke et bien d’autres, venaient se ressourcer là, chercher l’inspiration. Ce calme presque sidérant, un temps inscrit dans le marbre…
Il y a des invités sur ce disque, à commencer par Vernon Reid, le guitariste de Living Color, qui est très loin de ton de univers ?
C’est vrai que Living Color ne fait pas partie de ma discothèque habituelle au départ, mais leur technicité et leur énergie me bluffait. Je trouve intéressant également cet engagement de Vernon Reid, qui milite pour la reconnaissance de l’apport des afro-américains dans le rock.
Il y a aussi Ivan Julian, ex-Voidoids ?
C’est un ami avec qui j’ai souvent collaboré. Il avait déjà participé à Aurora et il est encore très présent ici. C’est lui qui nous a mis en contact avec Vernon Reid. Je lui ai écrit et, après avoir écouté le titre, Vernon m’a répondu qu’il était ok pour enregistrer, mais il allait falloir attendre un peu car ils avaient reformé le groupe pour quelques festivals, dont Rock in Rio. Bref, j’ai eu le temps de regarder toutes les vidéos de Living Color et il y avait des titres où je sentais que ce qu’il jouait pouvait coller avec nous. Je lui ai alors envoyé quelques indications pour le morceau.
Tu n’es pas allé à New York ?
Non, notre budget ne le permettait pas. On a travaillé par visio. Quand on a reçu la guitare de Vernon Reid par mail ensuite et qu’on l’a synchronisée, j’ai vécu une des plus grandes émotions de ma vie de musicien. Il joue ce contrechant incroyable, très hendrixien, qui dynamise le morceau, le drive, et puis il y a ce solo à la fois délirant et hyper structuré : le résultat allait bien au-delà des attentes, et je me suis senti honoré de jouer l’autre guitare sur ce titre. C’est super cool qu’un musicien de cette renommée vienne sur notre disque, écoute les demandes et joue le jeu à fond. J’adore les musiciens américains pour ça ; quand ils donnent leur accord, ils ne font pas semblant, pas de triche… juste la musique. Et ce n’est même pas une question d’argent, car tous ceux avec qui nous collaborons sont très abordables.
Tu ne craignais pas qu’il aille loin de ton univers ?
Non, il y avait ces titres que je lui avais signalés dans leur répertoire et Ivan l’a briefé pour la session puisque c’est lui qui officiait en tant qu’ingénieur du son. De toute manière, j’ai toujours été partisan d’explorer, de faire se rencontrer des univers a priori éloignés.
Il y a également le saxophoniste Pierrick Pédron, très grand jazzman et musicien mondialement connu. Tu l’as rencontré comment ?
Quand on a reformé Marquis de Sade en 2017, Pierrick m’a envoyé un message disant qu’il était fan de nous quand il était ado, et qu’il serait ravi de collaborer avec nous. On lui a proposé de venir jouer avec nous en off des Transmusicales 2018 au Marquis de Sade, le bien-nommé bar, mais il ne pouvait pas ce jour-là. Quand ce deuxième album de Marquis s’est construit, il y avait ce titre rappelant Rue de Siam au niveau guitare et batterie. Je me suis dit que ça pouvait coller et j’ai envoyé « I Wasn’t Born For Real » à Pierrick. Il a tout de suite dit banco ! Comme il a encore des attaches en Bretagne, on s’est retrouvés au studio WM à côté de Guingamp. Quand il a joué, cela a été un grand moment également. En fait, je crois que ce disque parle avant tout de musique, ce qui n’est pas une mauvaise idée (rires)…
Il y a deux autres invités notoires : Denis Bortek de Jad Wio et Elli Medeiros.
J’aimais beaucoup Jad Wio et quand on a rendu hommage à Philippe (Pascal, NDLR) au mois de juin dernier, à la salle de la Cité, Denis est venu sur scène interpréter « Skin Disease » avec nous. C’était vraiment top et je lui ai proposé par la suite de participer à Konstanz. On a chanté en duo « Listen To The Big Bang », car Ivan, qui joue les guitares solo sur le titre, trouvait que ma voix témoin avait « the required style, that lazy psycho approach... » (rires).
Et Elli Medeiros ? C’est un peu le match retour du concert de décembre 1978 à la salle de la Cité à Rennes entre Marquis de Sade et les Stinky Toys dont elle était la chanteuse ?
C’est ce qu’on s’est dit avec Elli ! Je la connais depuis longtemps. On est amis. J’étais aussi ami avec Denis (Jacno, NDLR). Un jour j’ai posté l’instrumental d’un titre en chantier sur les réseaux sociaux et elle m’a dit aimer, qu’elle aurait pu chanter dessus. Dès que la musique a été finie, je la lui ai envoyée et ça a matché. Ça me fait très plaisir qu’elle soit là. A la fin de la session je lui ai dit : « malgré les décès de Philippe et de Denis, c’est quand-même la rencontre des Stinky Toys et de Marquis de Sade ». On était très émus.
Et les bassistes, parce que là, il y a du monde !
Thierry Alexandre a joué sur un titre et après, ses difficultés sont devenues trop grandes. Il y a donc Pierre Corneau, ex-Marc Seberg et Kas Product reload, sur deux titres. Il y a aussi Xavier Soulabail, qui joue sur scène avec nous. Il a déjà fait trois concerts avec Marquis et il assure grave ! Et il vient du 22, c’est pratique pour répéter.
Et surtout Jared Mickael Nickerson ?
Là aussi, grande classe ! C’est le bassiste d’Ivan Julian et quand Thierry a dû se retirer, il y avait cette basse sur « Listen to the big band », le morceau avec Denis Bortek, qui nécessitait un groove soul. Ivan m’a proposé Jared Mickael, qui a joué avec pleins de monde dont Jeff Buckley, The The, et qui est surtout un pilier du Burnt Sugar Arkestra. C’est un mec adorable qui joue aussi sur « Immensité de la jeunesse », un de mes titres préférés sur l’album. C’est vraiment bon d’avoir ces mecs-là sur le disque : ils sont cools, apportent beaucoup, et viennent techniquement d’une autre planète… On a pu également compter sur Davy Hanets, un jeune bassiste hollandais très talentueux, ami de Simon.
Ça risque d’être compliqué pour la scène ?
Ce qui change tout par rapport à Aurora, c’est que nous avons déjà fait des concerts avec Simon. Il est vraiment bon, et c’est le principal. On sera sept sur scène avec Daniel (Paboeuf, le saxophoniste NDLR) et Apolline Jousseaume aux claviers. On va changer des parties car il n’est pas question de reproduire l’album à la note près. Avec des guitaristes comme Ivan et Vernon Reid sur le disque, il faut vraiment adapter de toute manière (rires). Pour nous c’est une nouvelle aventure et là, l’idée du collectif prend tout son sens sur scène et ça me plait, en comptant les techniciens bien sûr.
Daniel Paboeuf sera de tous les concerts ?
Oui, il est là depuis le début mais il était très pris et ne pouvait pas être tout le temps avec nous. Mais il sera sur scène à partir de maintenant.
On va parler des titres : « Immensité de la jeunesse » risque de marquer, ne serait-ce que par son refrain.
Oui, il est entêtant, et le texte intrigant peut-être. Pour expliciter, on a repris des images de manifs emblématiques dans le clip. J’ai été très marqué par ce qui s’est passé entre autres en Iran ces derniers mois. C’est un régime épouvantable, un des pires du monde. Je voulais rendre hommage la force de ces femmes et à tous ceux qui ont ce courage de descendre dans la rue, jeunes et moins jeunes, quand il le faut... Le clip, tourné à Bruxelles, nous permet aussi d’affirmer notre belgitude.
Le son est très européen, qui rappelle l’album Rue de Siam.
Pour certains titres je suis d’accord. Pour moi, en tant que compositeur ou producteur, cet album est autant abouti, parmi les disques auxquels j’ai participé, que Rue de Siam ou La Notte d’Etienne (Daho NDLR) dans des styles différents bien sûr. Mais ce sont des albums achevés, ciselés, et celui-là me donne le même sentiment. Ça ne veut pas dire que ça va marcher pour autant, mais c’est bon d’avoir cette sensation quand tu termines un disque.
C’est un album qui a été enregistré à New York, en Bretagne et à Bruxelles avec un chanteur Belge. C’est un peu le pont entre New York et l’Europe tout en restant en Bretagne. C’était l’idée de base de Marquis de Sade ?
Absolument et, avec un chanteur flamand, on devient vraiment un groupe européen. Mais, bien sûr, l’influence New Yorkaise sur le disque est très importante. Là-bas on collabore aussi avec une wind section, qui était déjà présente sur Aurora. James Stewart, le saxophoniste, joue dans Sun Ra Archestra. Rien de moins… Le trompettiste, Mac Gollehon a joué sur « Let’s Dance » de Bowie entre autres hits. C’est un mec adorable qui a écrit les arrangements sur « Listen To The Big Bang ». C’est vraiment gratifiant de bosser avec ces gens-là.
Ça ne te manque pas de chanter ?
Je suis très content de faire les chœurs, et le duo avec Bortek. J’ai été heureux de chanter avec Republik mais je ne me considère pas vraiment comme un chanteur, surtout après avoir collaboré avec Simon ou Philippe.
Pyramid aurait pu être sur Rue de Siam, non ?
C’est marrant parce que c’est vraiment un titre de Simon ; le riff et le refrain, j’y suis pour quelque chose mais pour le reste il a le contrôle. C’est inconscient de sa part si ça sonne comme MDS, et je pense que c’est surtout le saxophone de Daniel Paboeuf qui nous ramène là à Rue de Siam.
Tu as fait écouter Marquis de Sade à Simon ? On a l’impression qu’il s’est approprié cet univers !
Sur l’album, je pense que cela vient d’abord du jeu d’Éric et de mes guitares. Je ne crois pas que Simon ait beaucoup écouté Marquis de Sade. Mais l’inconscient, tu sais… (rires)
Simon chante en quatre langues sur le disque dont le breton sur « Er Maez ».
Oui, c’est à sa demande. Il est tombé amoureux de la Bretagne. Il s’est même fait tatouer une hermine sur le bras… Simon parle 4 langues couramment : Néerlandais, Allemand, Anglais et Français. Ce qui est quasi normal pour un jeune Flamand. Il m’a dit « ici je voudrais un refrain en Breton », et je lui ai proposé ce slogan : Er Maez (Dehors ! NDLR), qu’on voit parfois fleurir sur nos côtes sur les maisons aux volets fermés. Pour réclamer un accès de tous au littoral et la fin de la spéculation abusive. Ça collait avec l’esprit anarchiste du titre !
C’est un disque qui a besoin d’espace pour être écouté : il perd beaucoup à être écouter au casque.
C’est un disque qu’il faut écouter sur une chaîne Hi-Fi, fort, comme chez nos parents quand on était jeunes (rires).
C’est aussi un disque qui est vraiment conçu comme un album et non comme une suite de singles. Il se tient du début à la fin. C’est vraiment un disque d’artiste, un peu à « l’ancienne » !
Tant mieux si ça donne cette impression au niveau de la cohésion générale. À l’ancienne je ne sais pas, mais j’ai lu une interview de Sting l’autre jour, qui se plaignait qu’il n’y ait plus de bridges dans les compositions actuelles. Je suis d’accord avec lui, les titres composés dans les années 1980 n’avaient pas la linéarité des compos actuelles. Quand tu vois le temps qu’il faut pour trouver un B élégant à la guitare (passage entre A et refrains NDLR), c’est sûr que tu as l’impression d’être un artisan, mais je ne mets aucune nostalgie dans ces remarques.
Ce n’est pas un disque de pop, parfois post rock mais pas pop
Je ne sais pas… Il me semble que le titre avec Elli est assez pop, on va dire Dark Pop à cause du texte…
Ce sont souvent les deuxièmes albums avec tes groupes où tu es le plus à l’aise et que tu trouves tes marques : Rue de Siam, Paolino Parc avec Octobre ou Exotica le deuxième album de Republik ?
C’est possible, mais les premiers albums ont leur charme aussi, je crois. Je rêverais de faire un troisième album avec Marquis parce que pour l’instant, comme tu le dis, je ne fais que deux albums par groupes (sourires). Manque de souffle peut-être… Mais ça va venir…
Il y a quelqu’un qui est toujours là et qui est important c’est Éric Morinière !
Oh oui, tu me parles de Marquis de Sade ou d’Octobre : il a toujours été là. J’ai fait de la production pendant longtemps et j’ai dirigé des batteurs connus, et je le dis haut et fort : Éric Morinière est un grand batteur ! C’est tellement dommage que Thierry ait été obligé d’arrêter. Nous avions un son particulier tous les trois. That’s life…
Vous allez jouer bientôt ?
Oui, au printemps à Quimper, Paris et à Rennes pour la sortie du disque, et il y aura une tournée à l’automne avec déjà deux dates confirmées en Belgique, et on espère qu’avec cet album on va ouvrir sur d’autres pays étrangers.
Vous allez jouer du Marquis de Sade sur scène ?
On tient à garder deux ou trois titres : « Brouillard Définitif », « Skin Disease » et « Set in Motion », mais ça peut évoluer, à condition de laisser de côté les titres où Philippe s’investissait le plus sur scène, comme « Rue de Siam » ou « Silent World » et quelques autres. Mais pour nous c’est important de garder une trace, une filiation. « Skin Disease » fonctionne formidablement sur scène avec Simon, et le public aime ce rappel aux sources.
On parle de la pochette ?
C’est conçu par intelligence artificielle, on voulait se rapprocher graphiquement de l’école Der Blau Riter (« Le Cavalier Bleu » NDLR), le groupe expressionniste allemand qui était dans la région de Munich, et de fait pas si loin de Konstanz. Ça reste dans les codes de Marquis de Sade. Ce sont des gueules qui peuvent nous ressembler, jeunes…, passées dans un logiciel avec certaines indications pour la stylisation et ces regards qui font penser à des portraits peints par Gabirele Münter, la femme de Kandinski. Et c’est Ragnar, de Cranes Studios, qui était aux commandes pour ce projet. Il a fait un beau boulot.
Tu t’es vraiment occupé de toute la production sur ce disque ?
En termes de production exécutive oui, mais pour la réalisation, je me repose aussi sur les excellents ingénieurs du son avec qui on travaille : Dan Lacksman, Sébastien Lorho, Éric Cervera et Ivan Julian. Mais la prod exécutive a été gratinée, avec des sessions entre Bretagne, Bruxelles, Paris, New York et même la Thaïlande !
Raconte-moi !
Sur le morceau avec Pierrick Pedron, on n’avait pas de basse et la session de sax était programmée. C’est un morceau complexe et j’ai pensé à Roberto Briot, qui avait joué la basse sur le morceau avec Etienne sur Aurora et qui est une pointure. Il fallait la basse dans les 48 heures mais Roberto était redevenu entre-temps un Breton de Thaïlande... Je l’ai appelé et, comme il avait son studio sur place, il a enregistré une super partie de basse dans les délais, avant de nous la renvoyer par internet. Konstanz est vraiment un projet transcontinental ! (rires)
C’est quoi tes projets ?
La tournée bien sûr, et j’aimerais vraiment atomiser « la malédiction » du deuxième album studio indépassable. Ce futur album a commencé d’être composé et il risque d’être double, ce qui va prendre du temps. Et là, nous ne sommes vraiment pas pressés…
Et tes projets littéraires ?
Je vais commencer en septembre un sixième roman qui ne sera ni un polar, ni une dystopie. Je vais écrire un roman de « blanche » comme on dit, sans morts provoquées ni pari sur l’avenir. Je vais raconter à ma manière l’état des choses ; je dois aller auparavant aux USA faire un repérage dans une petite ville de Virginie, Staunton, pour prendre des notes et des photos. J’ai l’histoire en tête, en gros, un des axes sera, pour le personnage principal, le renoncement à la création… Rien d’autobiographique pour l’instant !
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