Peux-tu te présenter Jean No ?
Jean No : Je suis Jean-No Le Jéhan mais sur scène c’est Jéhan. Jean Jéhan, en hommage à mon parrain qui, en partie aura été déterminant pour qu’un jour j’ose chanter pour les autres.
(Jean Jéhan - Photo Anne Marzeliere)
Tu as commencé comment et avec qui ?
JN : Avant j’étais dans JackO’Lanternes, un groupe punk guinguette, qui a surfé sur la vague des Négresses Vertes. Le groupe a tourné entre 1994 et 2000 en faisant plus de 400 concerts dans toute la France et aussi à l’étranger, notamment en Palestine. On faisait ce qu’on pourrait appeler du « rock festif ». On était dans la même écurie que Louise Attaque et on a aussi beaucoup joué avec les Casse-Pipe . On a fait trois albums, on ne voulait pas de leader mais rapidement il y a eu deux personnalités qui se sont dégagées de tout ça. Nous n’étions plus d’accord sur tout et j’ai décidé de quitter le groupe avec deux musiciens. Au début des années 2000 j’ai continué mais sous mon nom, Jéhan ! Vingt ans après j’en suis à mon quatrième album.
C’est quoi tes aspirations ?
JN : J’essaie d’être très attentif au texte, et dans un second temps à la musique, aux ambiances qui viennent le « servir »… A la base je ne suis pas un musicien mais plus un parolier. J’ai commencé comme ça dans Jack O’Lanternes : j’étais l’un des auteurs, le deuxième chanteur et je jouais aussi du « Bodhran » (une percussion Irlandaise). Je suis devenu un chanteur « frontman » dans les années 2000 avec d’autres formations et enfin sous mon nom, Jéhan. J’ai sorti un premier album en 2003.
Tu peux en parler ?
JN : Il a été produit par Bruno Green, c’est un disque minimaliste par rapport à ce que nous faisons aujourd’hui. J’ai retravaillé avec Bruno en 2012, au Québec pour le troisième album qui a été plus produit, avec la part belle aux guitares électriques.
Comme pour celui-là ?
JN : Oui. A ceci près, que pour l’album canadien, comme je l’appelle, le parti pris a été de prendre une direction à « la ricaine », en terme de production. La voix n’est pas forcément devant, mais est un instrument comme un autre. Pour ce nouvel album, j’ai souhaité remettre le texte devant, et retrouver un son folk rock à la française.
On parle de ton groupe ?
JN : Tout d’abord, il y a Pascal Karels à la guitare (guitariste aussi de Frakture Ndlr) . Pascal était un fidèle spectateur, on se voyait fréquemment. Il a un côté très rock mais c’est aussi un grand amateur de chanson française, très à l’écoute de ce qu’une chanson raconte. Je lui ai proposé de me rejoindre et j’ai été ravi quand il a accepté ! On a travaillé aussitôt sur de nouveaux textes, et très rapidement on a trouvé une complémentarité. On a vraiment monté l’album à deux : j’arrivais avec mes guitares/voix et lui ensuite travaillait les arrangements. C’est tout doucement que l’on a composé les 12 titres de « Vivement maintenant ». C’était une volonté de départ de travailler à deux même si parfois, sur le moyen terme, ça peut être frustrant, de deviner, d’entendre le reste sans que ce soit là. et quand on s’est senti prêt à rentrer en studio, on s’est demandé avec qui on souhaitait jouer pour répondre au mieux à ce projet.
On cherchait un batteur discret qui pouvait coller aux textes. On a croisé Gilles Morillon, qui joue avec Lighthouse et Filip Chrétien . On l’a rencontré quelques semaines avant le studio qui devait être en avril… Avec le confinement tout a été retardé jusqu’au mois de juillet. J’avais beaucoup apprécié l’album que Jibé Polidoro avait produit pour Gil Riot . Je suis allé le voir avec l’idée qu’il participe au projet, tout en gardant nos envies. Il a été parfait pour nous. Comme il est guitariste, il m’a permis de lui laisser les parties guitare acoustique et de me concentrer sur le chant. Il est très présent sur l’album : il a réalisé, il a mixé, et il joue guitare, piano et les parties de basse. Il y a Gaël Faun qui est assistant studio. On a eu deux répétitions à quatre, et ensuite on est rentré une semaine en studio. Dès le départ, on s’est mis d’accord sur une méthode de travail, et les choses se sont faites assez facilement. Pascal et moi-même en étions surpris.
Pascal Karels : Je crois que c’est ma collaboration avec Gil Riot qui m’a fait croiser la route de Jéhan. Ce dont je me souviens précisément, c’est au sortir d’un concert avec Gil qu’il est venu me solliciter. Je ne connaissais alors rien de son univers et c’est tant mieux. J’aime cette idée d’arriver « à poil » et garder tous mes sens disponibles à une nouvelle expérience. Mais c’était aussi très nouveau pour moi d’avoir à faire à des chansons totalement en français et la difficulté de trouver au mieux la cohérence entre les mots et la musique. J’y suis allé au début sur la pointe des pieds, en retenue, trop. Mais Jéhan m’a fait comprendre de prendre des risques, d’aller chercher dans ma veine rock qui me caractérise en somme pour bousculer les choses quand c’est nécessaire.
Quand on parle de tes influences, on cite Nick Cave, Tindersticks, Calexico et aussi Miossec !
JN : C’est vrai que mes influences sont plutôt anglo-saxones, avec une sensibilité pour les arrangements soignés, pour les ambiances les couleurs sombres. Des influences que l’on retrouve certainement dans mon travail, notamment sur ce nouvel album, mais sans pour autant que ça soit du « copier-coller ». Par ailleurs, je reste attentif précisément à ne pas tirer les textes vers le bas, de par les arrangements musicaux. Pascal d’ailleurs me seconde bien sur cet aspect. Une complémentarité sur laquelle je reviendrai plus tard . Pour finir avec les influences,
Miossec oui dont je suis un fan de la première heure et particulièrement du premier album.
(Photo Philippe Rémond)
On peut aussi citer Murat ou Manset ?
JN : Oui peut-être, je voudrais surtout citer Bashung, notamment ses derniers disques qui sont magnifiques. J’apprécie son approche de l’interprétation. Il y a aussi Léonard Cohen. Les deux derniers albums qu’il a réalisés avec son fils sont d’une sensibilité incroyable.
Mais il y aussi des influences littéraires sur ton disque, avec ces appels au voyage ?
JN : Je lis principalement de la poésie et en particulier des poètes Bretons comme Georges Perros, qui est aussi un des auteurs préférés de Miossec, ou Xavier Grall. Sinon en littérature j’aime beaucoup William Cliff ,un auteur Belge, ou encore Dan Fante, ou Raymond Carver.
Comment se répartit le travail entre Pascal et toi ?
JN : Tout d’abord avec Pascal, c’est une superbe rencontre, autant sur le plan musical que sur le plan humain ! Maintenant, avec lui, c’est ensemble jusqu’au bout..! J’ai le sentiment qu’il me tire vers le haut. Il me met en confiance, et coupe gentiment les ailes à mes doutes ! Avec le peu que j’apporte parfois, il arrive vraiment à en faire quelque chose. On est souvent d’accord, et avec lui, tout semble simple. Et c’est vrai que j’aime sa manière d’emmener un morceau « à la marge » comme il dit souvent. Il y a chez lui, cette façon modeste de sublimer les morceaux. Il est très attentif aux textes et à chaque fois il crée une ambiance, des arrangements, qu’il détermine en fonction des mots. C’est très important pour lui comme pour moi. Sinon l’une des chose nouvelles de cet album : je suis parvenu à rentrer en studio sans avoir à « tester » les morceaux auprès du public. Et je pense que cette nouvelle démarche pour moi, est en lien avec la mise en confiance que Pascal a su m’apporter. De fait, quand nous sommes arrivés en studio, les morceaux avaient encore, une fraîcheur, et même s’ils étaient écrits à notre arrivée au studio, il y avait encore beaucoup de possibilités, en terme de propositions d’arrangements.
P : Il m’a paru assez vite évident dans cette formule duo de ne pas trop écrire mes interventions, juste la nécessité d’avoir un fil conducteur pour laisser une part d’imprévu. Ce qui je considère nous a permis de singulariser nos concerts et laisser aussi la liberté pour Jéhan d’interpréter les chansons en fonction des lieux et du public venu nous écouter.
Et comment s’est passée pour toi l’enregistrement de l’album ?
P : Sur la réalisation de l’album, je dirais que c’est agréablement surprenant. Je m’explique. Nous en avons formulé le projet fin 2019 début 2020 en n’évoquant pas au départ l’apport de musiciens additionnels. Tout à la sélection des chansons à retenir, l’idée s’est précisée et nous avons réuni les bonnes personnes qui ont adhéré et fait un excellent travail. Ce qui fait que seulement 7 mois plus tard et malgré la période de confinement, l’album était en boîte prêt pour le mastering. Une dizaine de jours pour enregistrer et mixer 12 titres, cela peut paraître court mais étonnement tout s’est fait posément, avec pertinence et lucidité et des idées nouvelles d’arrangements se faisaient jour. Je garde le souvenir de cette séance pour finir mes guitares qui s’est terminée assez tard. Nous n’étions que Jibé, Gaël et moi dans le studio. Ces deux alter-ego se sont révélés des alliés de choix pour collaborer tant sur le plan technique (combinaisons guitare-ampli) qu’artistique. Un moment de pure création à partager et à construire.
Quel a été le rôle de Stéphane Perraux sur le disque ?
JN : Nous nous sommes rencontrés il y a deux ans ! Comme il est, entre autres, peintre, on avons travaillé ensemble sur un projet de peinture et d’écriture : « Des regards, des histoires » présenté lors du dernier "Printemps des Poètes". Ensuite, pour revenir à l’album, pour commencer, je lui ai demandé d’en réaliser le visuel, ce qu’il a accepté avec le sourire... Mais Stéphane, c’est aussi quelqu’un de présent sur Rennes avec « Lust4Live » son association qui a pour vocation de développer la musique « live » et le spectacle vivant, en organisant des concerts. Comme cette année, de ce côté-là c’est plutôt une année en « stand-by », il m’a proposé de soutenir ce projet d’album, sur le plan de la communication, de la diffusion et aussi et surtout sur le plan financier. Par expérience, je sais que c’est toujours intéressant, voire crucial aujourd’hui de fédérer du monde autour d’un même projet.
Et je dois reconnaître, que pour ce quatrième album, entre le label Hasta Luego recordings , et Lust4live , je suis bien entouré.
P : Comme pour d’autres, cette collaboration m’a fait connaître d’autres gens, des personnes qui ne sont pas obligatoirement musiciens mais que la musique anime passionnément et dont certains œuvrent à la promouvoir. Ces belles âmes de l’ombre, comme tu l’es mon cher François, nous touchent. Elles nous sont aussi précieuses. Dans ce contexte est apparu dans le paysage Stéphane Perraux avec lequel nous avons collaboré comme le souligne Jéhan. S’il s’expose au grand jour quand c’est possible par le biais de ses toiles, il est ce passeur discret et précieux. Sans son aide, notre projet n’aurait pu aboutir.
(Stéphane Perraux et Jean-No / Photo Noémie Perraux)
Stéphane Perraux : Comme il l’a dit j’ai rencontré Jean-No’ lors du vernissage d’une de mes expositions où j’avais invité Filip Chrétien et Pierre Corneau à jouer quelques morceaux en acoustique. Je connaissais à dire vrai mal la musique de Jean-No mais cette lacune a été vite comblée grâce à nos nombreux échanges qui suivirent. Nous avons, il faut le préciser, beaucoup d’amis, de connaissances communes dans le petit monde de la musique indé rennaise ce qui rendait notre rencontre presque inévitable. Il fallait pourtant bien un départ. Et ce fut ce soir-là.
Ma rencontre avec Pascal quant à elle avait eu lieu quelques temps avant. Etant, entre autre, artiste peintre et passionné de musique j’avais eu la chance de collaborer avec le réalisateur Jo Pinto Maia sur le tournage du clip « Sans Visage » de Frakture où Pascal officie également en tant que guitariste (groupe que j’admire depuis mon adolescence). Nous avions à cette occasion échangé brièvement et par la suite de nombreuses fois lors de concerts à l’Ubu ou au Bistro de la Cité. Bref ! Le point de départ de notre collaboration actuelle était en fait la suite à notre 1re rencontre avec Jean-No, que j’évoquai précédemment, où il me proposa d’écrire de courts poèmes à partir de mes tableaux. J’ai été enchanté par l’idée, voyant là une nouvelle façon de lier encore plus mes passions. Après plusieurs mois d’échange et de travail nous avons appris à nous connaitre et à partir de là une amitié était née.
Cela a débouché sur une réelle collaboration :
S : Certains de mes tableaux sont devenus des chansons mis en musique par le fabuleux duo Jean-No, Pascal. L’idée alors de présenter l’ensemble dans une exposition alliant peintures, poésies et chansons sous le nom de « Des regards, des histoires » devenait concrétisable. Après quelque temps de prospection nous avons présenté deux expositions de ce projet. Une première à Bruz dans la salle Paul Gauguin (Grand logis), le coup d’essai dirons-nous, et une seconde plus abouti en mars au Lavoir (Ateliers réunis) à Rennes. Où malheureusement pour nous la crise sanitaire s’est invitée à la fête annulant dès le lendemain du vernissage la possibilité de visite de l’exposition. Un coup pour rien ou presque, puisque s’il y a bien quelque chose qui caractérise Jean-No, Pascal et moi c’est sans aucun doute notre persévérance. Nous avons donc immédiatement réfléchi aux suites possibles que pouvait prendre notre collaboration. Jean-No avait, par le biais de l’exercice d’écriture qu’imposait « Des regards, des histoires », retrouvé l’inspiration prolifique qu’on lui connaît. Et comme l’incertitude planante du confinement, semblait vouloir nous forcer à remettre les ouvrages oubliés sur le feu, l’idée de faire un album nous est rapidement venu tel une évidence.
Peux-tu présenter Lust4Live qui a joué un rôle important et sur ce disque et sur la mu sique à Rennes :
S : Une autre de mes casquettes est d’être co-fondateur d’un webzine répondant au no m évocateur de lust4live (Lust for Live). Un peu à l’image du tien mais en plus modeste. Avec au menu chronique, interview, live report, photo report, mais aussi la réalisation de bio, de photo (portrait) et de vidéo (clip). J’ai donc naturellement proposé mon aide à l’élaboration de ce nouveau départ. Par une co-production, puis le développement du projet, la promotion, etc… Et puis afin que cela puisse en quelque sorte faire la jonction entre notre précédent projet et celui-ci, Jean-No m’a demandé de réaliser son portrait pour en faire la pochette.
Quelle va être la suite ?
JN : Avec Pascal, après deux jours de studio, c’est apparu comme une évidence de proposer aux musiciens, Gilles Morillon et Jibé Polidoro ainsi que Gaël Faun à la basse de nous suivre pour présenter l’album sur scène... On ne se voyait pas repartir à deux pour défendre le disque. On voudrait que ça sonne sur scène au plus proche de l’album. Donc on va repartir à cinq sur des scènes en espérant que les perspectives s’améliorent... Sinon je continue à écrire. Je sais que la meilleure façon de pas à avoir à y « retourner », avec les difficultés qui vont avec, c’est de ne pas s’arrêter... Et aussi, je commence à écrire pour d’autres.
Pour qui ?
JN : J’avais écrit un texte pour Dominic Sonic mais il n’aura pas eu le temps de l’enregistrer. Quand je lui ai proposé le morceau, il ne pouvait plus chanter ! Il aura quand même pu me dire, avec la sincérité qui le caractérisait, que pour lui, la chanson était bonne. C’est un morceau qui parle de nous, de lui et de la fin du parcours. Ça s’appelle « Seconde chance ». La semaine passée, je viens de terminer un texte pour Filip Chrétien. Par ailleurs, j’écris pour un autre ami qui a un projet d’album.
Tu as un texte qui s’appelle « Saint Quentin », je croyais que c’était une chanson sur le pénitencier mais pas du tout !
JN : Non pas du tout (rires), c’est une chanson qui date de l’automne 2019. Il y a eu pas mal de départs autours de nous en Bretagne... La mort était assez présente dans nos milieux et je voulais rendre hommage à ceux qui sont partis. J’ai donc regardé ce qu’était la veille du 1er novembre, et c’est la Saint Quentin. Bon, on pourrait penser à un hommage à Johnny Cash avec son concert au pénitencier Saint-Quentin mais ça n’a rien à voir. J’avais écrit ce morceau pour un autre projet mais ma collaboratrice le trouvait trop triste. j’ai revu ma copie et St Quentin « fait parti du voyage » de cet album.
(Jean No et Pascal Karels en concert / Droits réservés)
Tu pourrais devenir une sorte de Nick Cave Français ?
JN : Non, je ne crois pas. Même si c’est très flatteur. Il va beaucoup plus loin que moi dans l’écriture, et je n’aurais jamais cette prétention… même si « Tellement te dire » sonne peut-être assez Bad Seeds, ce n’était pas du tout calculé. C’est un morceau où il s’est vraiment passé quelque chose avec le groupe en studio. Quant à la question initiale, Je vais déjà essayer de rester Jéhan.. ! (rires)
Vous allez remonter sur scène ?
JN : On va remonter sur scène ! On a joué en septembre. On s’est battus pour ça même si on n’avait que deux répétitions dans les pattes. Il y avait 300 ou 400 personnes. Les gars sont sortis de scène heureux et on a vu que c’était une évidence, que c’était bien à cinq, que l’on avait quelque chose à raconter sur scène. Pour l’instant on a une proposition de concert au mois de mai, et deux autres en mars et avril et c’est tout ! On cherche d’autre dates, notamment un plateau en avril à Paris. On espère, comme nous tous, que ça reparte. Aujourd’hui, on a le sentiment que le prochain concert, ça pourrait être le dernier. Alors sur la scène, on se doit de tout donner parce que on ne sait pas quand on pourra la retrouver. Encore plus qu’avant, le prochain n’est plus un concert parmi d’autres. Non. Le prochain, c’est le dernier, l’ultime tour de piste. Alors, on donne tout, on déchire tout, ici, et maintenant. Vivement maintenant ... !
P : Pour terminer, nous étions au départ assez loin de considérer la manière de porter cet album, de l’exposer. Mais c’est l’évidence naturelle je pense de ce que nous avions concrétisé en studio qui nous a tous réunis sur cette belle scène du MeM à Rennes. C’était une bonne occasion de tester la formule et unique aussi en ces temps de disette artistique et je peux affirmer que tout s’est enclenché magnifiquement, que l’album sonne en concert, bref que ce groupe est bien né. A espérer maintenant que les étoiles s’alignent comme il faut, pour pouvoir encore le revivre et le partager avec les gens. Comme le disait Arthur Rimbaud : « Qu’ils viennent les temps dont on s’éprenne ».