https://www.youtube.com/watch?v=5ZATsbew1ss
Daniel Darc. Pieces of my life. Teaser live
De remonter le fil de l’histoire. Ce qui lie Marc Dufaud à Daniel Darc. Rencontre scellée en mai 1990. Marc assiste à un concert de Daniel au Gibus. Depuis lors il ne cessera pas de le filmer. Ce qui aboutira à trois documentaires en vingt-cinq ans. D’abord en 1993, Le Garçon sauvage . Dont seules quelques copies ont circulé. Soit en 38mn l’histoire d’un film sur une rencontre. Puis Les enfants de la Blank, en 1994. Pas de sortie en salles. Marc s’embrouille avec le producteur et récupère ses copies. Et enfin cet ultime documentaire. Pieces of my life . Quatre années de travail (et cette fois en vue la possibilité d’une sortie en salles, selon les propos de Marc).
https://www.youtube.com/watch?v=uVtdVvdq12U
Daniel Darc. Pieces of my life. Rushes #2
Pieces of my life , donc. PARIS et aucune autre ville. On imagine d’emblée les kilomètres de bobines rush. Le documentaire est précisément là pour nous le rappeler. Un happening que l’on suppose sans fin de Daniel Darc. Le tout entrecoupé de séquences flash durant lesquels Thierry et Marc s’attèlent attentivement à démêler, à découper, rembobiner la tronche de Daniel. Ici et là en éternel poseur. T’es sûr que c’est le bon angle ? Touchant dès les premières images. Gros plan sur son visage. Pas de musique et tout de suite les mots qui interpellent. Ceux de Daniel, qui n’a de cesse de s’interroger. Des mots qui prennent une dimension cathartique. Si cet incommensurable besoin d’amour n’est pas le fil conducteur, alors quoi ? L’amour insufflé par le cœur à l’ouvrage des deux réalisateurs de cette aventure. Mais ce qu’il nous donne à voir dépasse en soi Daniel Darc. Celui dont toutes les femmes et tous les hommes se devaient instantanément de tomber amoureux. Daniel Rozoum, piégé par le personnage de Darc, est tout aussi présent. Et tombe alors le masque. Le miroir fissuré, dans l’éclat profond de ce désespoir inné à la vie qu’il a tant menée. Daniel Rozoum de confesser qu’en dehors des tournées et des enregistrements, il n’est qu’une merde. Et quand Marc lui assène quelques mots clés, parmi lesquels : Daniel Darc ? L’intéressé de répondre : peut-être moi. Et tout est dit. Et tout devient soudain d’une telle fragilité, d’une telle limpidité qu’on a simplement envie de prendre ce garçon-là dans nos bras (le beau piège). Et de se laisser happer par la pellicule. Tout près.
https://www.youtube.com/watch?v=jffLiD-lzEE
Daniel Darc - Pieces Of My Life/Rushes #02
Que dire de plus, en effet ? Sinon que le travail de Thierry Villeneuve et de Marc Dufaud est remarquable. Que la réalisation est une réussite. Que le montage est parfait. Et que ces morceaux de vie sans concessions nous livrent un portrait de Daniel, tel qu’on l’attendait. Accessible à tout un chacun qui ne connaitrait rien ou presque de l’histoire. Un travail d’orfèvre. Une précision chirurgicale. Le témoignage de George Betzounis, ami guitariste de longue date. Orphelin de naissance. Pour qui soudain Daniel est devenu un frère. Touchant, émouvant. Si drôle parfois (les rires dans la salle en attestent). Teinté d’une imparable désespérance, ce jusqu’à la dernière goutte. Que l’on savoure tout en se disant : déjà ?
https://www.youtube.com/watch?v=OKLDaeR4JfE
George Betzounis – Rushes #1
Tout ce que l’on peut donc souhaiter à ce formidable documentaire, qui s’inscrit tel un magnifique travail de mémoire, c’est qu’il bénéficie d’une sortie en salles. Ce qui serait sur la bonne voie, selon les propos de Marc Dufaud. Qui m’a fait la promesse d’une toute prochaine interview, pour BuzzOnWeb.
Prochaine projection le vendredi 15 février à 19h45, à la Gaité Lyrique. À ne surtout pas manquer !
En guise de conclusion, le retour à chaud de Jean-Eric Perrin et de Christian Eudeline, tous deux présents lors de cette projection privée.
Christian Eudeline : « La première impression c’est qu’il nous manque, combien de fois l’ai-je croisé au détour d’une de ses longues marches si bien mises en scène ? Ce film retranscrit bien ce mouvement perpétuel au sein de la ville, aussi ce happening permanent. Daniel se laissait guider par le destin. La deuxième c’est qu’il manque quand même une chose essentielle, son côté charmeur et charismatique ébauché pourtant à un moment. Toutes les filles étaient amoureuses. Et les mecs aussi... C’était un tombeur Daniel. Une vraie bonté d’âme. Marc était peut-être trop proche de son sujet pour saisir cela, restent des images bouleversantes pour ceux qui l’ont connu. »
Jean-Eric Perrin : « Faire un film à partir d’archives disparates, même quand on possède un corpus aussi riche que celui de Marc Dufaud, peut se révéler piégeur. La bonne idée a été de prendre ce parti pris "gonzo" et que les auteurs du film s’impliquent dans l’image et le récit, pour incarner cette recherche et lui donner un socle solide. Il en résulte un film touchant, qui ressemble à son sujet, et surtout qui puisse ainsi s’adresser à un public qui ne connaît pas forcément Daniel Darc, et pourra à cette occasion découvrir et s’immerger dans la vie d’un poète écorché, d’un rockeur pur, comme il n’en subsiste plus guère. »
Dernière info qui vient tout juste de tomber. Voté à l’unanimité au dernier conseil de Paris, une plaque à la mémoire de Daniel Darc dans Paris, selon le courrier officiel, je cite : " Une plaque sera apposée en son souvenir devant l’immeuble de la rue Cauchois où Daniel a habité avec sa famille presque toute sa vie ".