Pourrais-tu te présenter ?
Oui, je commencerais déjà par dire que je suis assez mauvaise dans cet exercice de présentation, parler de moi tout ça, je ne sais pas faire, et le seul moyen de le faire plus ou moins bien passe par mes chansons, ou dans les textes que j’écris. Sinon, je peux dire que j’ai grandi dans le sud de la France, à 5 km de Nice. A l’âge de 18 ans j’ai fait comme tout le monde, je suis « montée à la capitale » pour ne plus jamais en repartir.
(Marie Ospiri - Droit réservé)
Comment as-tu commencé ?
Commencé à chanter ou à écrire ? En fait je chante depuis que je suis toute petite.
Avec ma sœur on dormait dans le même lit et elle avait droit au TOP50 de Marc Toesca de l’époque. Je ne commençais pas au TOP TEN non ! je partais du numéro 50 jusqu’à la 1re place, la pauvre…. on dormait peu du coup (rires).
Ecrire, tout le monde écrit quelque part, que ce soit sur un bout de papier, un carnet, un cahier de texte ou un journal intime. Par exemple j’adorais écrire sur un carnet spécial « vacances », c’était amusant parce qu’on ne savait jamais en quelle année avait été écrit ce petit carnet en revanche on savait à la minute près ce que j’avais fait ou allais faire !!! « il est 14h16, je vais commencer à écrire mes cartes postales » (rires)
Des années plus tard, avec mon expérience et la maturité, j’ai commencé à écrire des choses un peu moins légères, la vie quoi ! jusqu’au jour où, Wendy James (Ex chanteuse du groupe Transvision Vamp Ndlr) une amie anglaise et chanteuse, m’a conseillée et poussée à mettre ces écrits en chanson.
Comment définirais-tu ta musique ?
Ma musique ne rentre pas dans une case bien définie. Je ne suis pas non plus spécialement à contre-courant de ce qui se fait actuellement, mais je pense que c’est de la chanson française, un peu rock, un brin classique peut-être un peu démodée ? Je ne sais pas… je pense qu’on adhère ou pas à mon univers.
https://www.youtube.com/watch?v=1wkTVXQjCL8
Quelles sont tes influences ?
Aïe ! la question des influences j’aime pas bien.
Généralement c’est là que les artistes dégainent toutes leurs connaissances et j’en suis bien incapable. Tout à l’heure je te parlais du TOP 50, moi j’ai grandi à cette époque avec tous les artistes du moment, J-J Goldman, Cabrel, mon père adorait V. Sanson par exemple, c’était quand même assez chansons françaises à la maison.
J’ai écouté et aimé tout un tas de choses de l’époque : Lio, Daho, Elli Medeiros, Jill Caplan, Luna Parker, Kate Bush, Jérôme Pigeon, Les Innocents, Cock Robin… etc. La musique des années 80, désolée si je te déçois (rires).
Plus tard il y a eu la période New-Wave avec notamment au tout début Al Corley, Duran-Duran, Frankie Goes to Hollywood, Tears for Fears, Depeche Mode, The Cure, j’écoutais aussi Madness, B52, Midnight Oil, INXS.
La découverte de Fleetwood Mac haaa … Stevie Nicks, j’adorais sa voix, je chantais toutes leurs chansons par cœur. Comme tu peux voir, je suis assez éclectique dans mes goûts musicaux où d’autres diront que j’ai carrément des goûts de merde (rires), moi je ne renie pas cette période, celle des années 80, je n’en ai pas honte pour la simple et bonne raison qu’elle a fait partie de ma vie, de mon histoire, de mon adolescence avec tout ce que cela comporte de difficile, de ma jeunesse dans la cité-dortoir de Nice, et ça ça compte forcément. Musique merdique ou pas, pour moi elle a compté et m’a construite telle que je suis.
Aujourd’hui j’aime le rock des Kills, des Arctic Monkeys, Franz Ferdinand, du groupe canadien Metric. Je les suis depuis une quinzaine d’années, à une période ils ont pris un virage électro rock que j’ai aimé tout autant.
J’adore aussi écouter de la country ou du jazz, bref, je suis sensible à la musique au sens large, excepté peut-être le reggae ?!
De quoi parlent tes textes ?
Pas mal de thèmes sont abordés, la mort (La Partie qui tourne mal), l’addiction (Blanche ou un autre titre qui n’est pas dans l’album), un peu de sexe avec l’humour qui me caractérise (Lupanar Hôtel), le rejet (Mon Roi et Saint Nestor), la filiation (Sauvetage en mère), l’urgence de vivre (Son palliatif et Trouver un sens), et enfin la revanche sur la vie, le combat (Invincible). On peut transposer le combat pour n’importe quelle cause : la maladie, la solitude, l’adversité au sens large, ça peut parler à tout le monde.
Sauf que le mien, de combat, tourne court, alors que me voilà enfin prête ! je négocie mal ma trajectoire.
Je m’adresse à ce moment-là à mes freins en leur demandant s’ils ne se foutraient pas un peu de ma gueule quand même !!? (rires).
Ce sont des histoires plus ou moins vécues, d’autres totalement inventées mais toujours avec cette mélancolie, cette nostalgie dont j’ai besoin et qui me nourrit (complaisance malsaine j’en parle dans Son palliatif).
Dans la vraie vie et depuis mon enfance, pour tous ceux qui me connaissent bien, je suis la luronne, je fais des Marinades , c’est à dire que je ne me prends jamais au sérieux et déconne pas mal, mais à l’intérieur il y fait plus sombre. Un peu comme les clowns peuvent l’être. Je n’ai évidemment pas connu le clown Grock qui était marié à la sœur de mon grand-père paternel, mais je me sens assez proche de lui. J’aime son désarroi dans ses numéros et son humour décalé. J’ai d’ailleurs utilisé le nom de son impressionnante villa (Villa Bianca), située dans la région d’Impéria en Italie, qui reflète parfaitement son style extravagant.
(Pochette de l’album Villa Bianca - Droit réservé)
Tu as sorti un premier album peux-tu le décrire ?
En réalité mon album est difficilement définissable parce qu’à la base les textes n’étaient pas destinés à être chantés comme je le disais précédemment. Il s’agissait davantage, non pas de poésie, mais disons de textes un peu imaginaires tirés d’une forme de réalité, un exutoire qui raconterait un peu ma vie romancée. Mais tout ceci n’était certainement pas prévu pour être chanté, il n’y avait donc, bien évidemment aucun refrain, le nombre de pieds totalement inexistant, il a fallu quand même bosser pour en faire des chansons.
Où et avec qui as-tu enregistré l’album ?
Cet album a été enregistré en partie chez moi par Grégoire Garrigues qui s’occupait des guitares et des claviers et le reste en studio pour les prises de chant notamment.
Où as-tu joué ?
Pour l’album Villa Bianca hélas je n’ai donné qu’un petit show case aux Ballades Sonores en septembre 2017 avec Grégoire qui m’accompagnait à la guitare acoustique.
J’avais eu d’ailleurs l’opportunité d’y jouer en 2012 avec mon groupe de l’époque : 2:12AM un 2 décembre (2/12) une date forcément incontournable !
J’ai également tourné en Europe avec les Panther Burns de Tav Falco en tant que choriste.
(Marie Ospiri sur scène avec Tav Falco - Droit réservé)
Comment cela se passe-t-il sur scène ?
Avec 2:12AM donc, nous étions un duo composé d’une guitare-voix, avec au chant Alec Hörlin du Houx et d’une basse-voix (moi-même). Il était assez facile à l’époque de trouver des salles pour nous programmer. Pas de batterie, donc pas trop de nuisance sonore, une guitare et une basse ça passe partout dans les petits bars : au Baron, au Vieux Léon, au Tigre, au Bar La Légende, à la Mécanique Ondulatoire, au Pop In, au Caveau des Artistes, dans les évènements Kioskorama (square des Epinettes), à La Loge (Boutiques Sonores Party 2010) à l’OPA (Supersonic actuel) etc. Lorsque nous faisions des dates plus importantes comme La Boule Noire pour ne citer qu’elle en 1re partie de Jonathan Richman (13 octobre 2010) là nous faisions appel à Grégoire qui était au clavier et à Iann Assuied à la batterie.
(2:12 AM en concert - Droit réservé)
Quelle influence a sur ta musique le fait d’habiter à Paris ?
Heu… aucune je crois !? je pourrais habiter n’importe où ailleurs.
Il est vrai que j’en parle dans une ou deux de mes chansons en parlant notamment des arrondissements, mais ça c’était pour la rime ! (rires)
Je ne pense pas que ce soit Paris qui influence ma musique ou alors inconsciemment, ce qui influence ma musique sont davantage les gens, les situations, je suis une observatrice, j’aime raconter ce que je vois depuis ma terrasse de café par exemple, alors que ce soit à Paris ou ailleurs, il y aura toujours pleins de choses à raconter.
L’importance d’internet et des réseaux sociaux pour la promotion ?
Comment faisions-nous autrefois pour alerter tout notre petit monde sur un événement quelconque ? on passait du temps sur nos mails je crois, ou bien on passait des coups de fil aussi non ? aujourd’hui un simple clic et HOP ! l’événement est envoyé à 300 personnes ou à 30 selon le nombre d’amis que tu as (rires). C’est valable pour tout : pour la promotion d’un album, d’un concert, d’un nouveau clip, tout le monde balance son truc si bien que parfois on peut passer à côté de certaines choses.
Moi-même j’en ai fait l’expérience, de m’être sentie terriblement vexée à la sortie de mon album « Villa Bianca ». Ce n’était pas un ami très proche mais voilà il me demandait « quelles nouvelles ? » sur Facebook et moi de lui répondre vexée « comment oses-tu me poser cette question ? ».
Les réseaux sociaux c’est ça ! tout le monde tourne autour de son petit nombril, de ses intérêts propres, et du coup ça peut être une source de pas mal de prises de têtes, de vexation, d’incompréhension, de mal entendus, de règlements de compte même aussi parfois, bref, il faut rester vigilant.
https://www.youtube.com/watch?v=9sBfXUv6NLU
Quelles sont tes ambitions pour le prochain ?
A vrai dire, je ne suis pas en mesure de dire aujourd’hui s’il y aura un prochain.
Je n’ai aucun projet pour l’instant qui aille dans cette direction mais je n’en avais fait aucun non plus pour « Villa Bianca ». Les choses sont arrivées comme ça, alors il se peut qu’il y ait un 2e album un jour mais en attendant, je pense que la reformation du duo 2:12AM va occuper tout mon temps. J’avais un peu délaissé ma basse depuis cette longue parenthèse et me voilà de nouveau en selle avec Alec.
Je n’en reviens toujours pas de l’accueil que nous a réservé notre public adoré le 29 novembre dernier à l’Extra Brut. Ils étaient (presque) tous là pour notre retour (rires). Leur enthousiasme ne mentait pas, les visages et les expressions non plus, nous étions heureux Alec et moi de retrouver toutes ces émotions avec eux, c’était beaucoup de chaleur et une unité parfaite.
Quels sont tes projets ?
Mes projets justement, j’aimerais qu’ils soient placés sous le signe du retour de 2:12AM. Forte de mon expérience avec « Villa Bianca », j’aimerais travailler au plus près avec Alec.
Le seul handicap pour moi est la langue. On pourrait retranscrire des idées que j’aurai, mais en anglais ? je nous sens prêts l’un et l’autre, nous avons mûri depuis tout ce temps, nous avons une vision plus philosophique et posée des choses qui nous entourent aujourd’hui. On devrait faire du bon travail ensemble, encore mieux je dirais que le précédent…
Le mot de la fin
Le mot de la fin sera : le début !
Parce que tout ne fait que (re)commencer.
Un nouveau départ pour 2019 et un album en préparation pour 2:12AM ??? ce pourrait être mon voeu le plus cher.
Discographie Marie Ospiri
Grégoire 4 « Eternelles Compulsions » chant « A contre-courant »
APC026 2005
Grégoire 4 « Arrogants & Sauvages » chant « La nuit sur Paris »
APC028 2008
2:12AM Single « Dark Navy »
Twin Fizz Rcds TFR1010001 2010
2:12AM album Vitch Music VMG004 2013
B.O.« Lui années érotiques » chant « Mademoiselle Mai »
Milano Records Mil-Rec 001 2015
Marie Ospiri album « Villa Bianca »
Milano Records Mil-Rec 002 201
Long Chris « Chansons Bizarres pour gens étranges Vol.2 » chœurs,
Milano Records Mil-Rec 004 2017
Jean Touitou single « Svalutation » chœurs
APC032 2017
Long Chris « Chansons Bizarres Vol.3 » chœurs.
Milano Records Mil-Rec 007 2018