Dino Farfisa est né d’une annonce qui a été passée par un copain, Hamid Boukherifa, en 1997, dans un magasin de musique. Il était fan de rock sixties et de la guitare fuzz. Il est tombé sur Franck Durban le bassiste des Playboys, Daniel Aprosio qui jouait dans les Mokos, un vieux groupe Niçois et Karoline, un groupe de Hard Rock qui avait été signé chez CBS. Il a rencontré aussi Gilles Zerbib avec qui j’avais commencé la musique dans un rock de Rockabilly. Il y avait donc deux guitaristes, un batteur et un bassiste. Hamid commençait juste la guitare, il faisait des supers trucs avec son instrument. Ils m’ont alors contacté en même temps que un autre groupe qui s’appelait la Tribu, un groupe de funk et je suis toujours dans les deux (rires) !
Ca vient d’où cette fascination pour les sixties ?
On aime l’esthétique de cette époque : le cinéma, la littérature, les vêtements de cette époque mais aussi et surtout la musique.
(Dino Farfisa and the Fuzz en concert à Nice - Photo Jean Michel Spagnol)
Mais tu es sensible à la culture actuelle ?
J’ai écouté beaucoup de choses et je continue encore à écouter beaucoup parce que je suis curieux. Maintenant quand j’écoute ce qui s’est fait dans les années 80, 90, 2000 et même les années actuelles je n’ai retenu que des artistes qui puisaient dans les années 60. Ma théorie est qu’on a l’impression que tout va très vite et que si on prend un peu de recul avec l’âge, cela ne va pas si vite que ça dans la musique : il y a eu plein de regains et de revivals des années 60. Tout les dix ans en moyenne il y a un retour de cette époque qui fascine de nouvelles générations.
Tout d’abord il faut préciser que Dino Farfisa c’est uniquement des reprises.
Jusqu’à cet Ep ce n’était que des reprises. On a vraiment un gros plaisir à reprendre des morceaux dans l’esprit de l’époque avec le son ou les instruments, enfin on essaye (rires). C’est le même plaisir que lorsque Manet peignait plusieurs fois la gare Saint-Lazare : c’est un nouveau plaisir à chaque fois de reprendre et de réécouter ces morceaux.
Vous vous limitez dans le temps pour reprendre des morceaux, genre vous restez dans les sixties uniquement ?
On a repris un morceau d’une BO de Russ Meyer qui date de 71 mais globalement on reste entre 1963 et 1969.
Qui décide des morceaux à reprendre ?
Au début c’était Hamid qui a conçu le répertoire mais on est passé de 20 morceaux à plus de soixante. Ca fait quand même 21 ans (rires). Aujourd’hui on reprend un ou deux nouveaux morceaux par an mais le plus souvent on redécouvre de vieux titres que l’on jouait avant.
Toujours des morceaux en anglais ?
Oui, parce que contrairement à Bébert, le chanteur des Playboys, je suis un très mauvais chanteur en français. En fait je ne suis pas à l’aise avec.
C’est vrai ? C’est étonnant parce que j’étais persuadé que tu pouvais chanter du Ronnie Bird ou des 5 Gentlemen facilement
Je dois pouvoir mais je me sens pas à l’aise. J’ai essayé mais ça ne l’a pas fait.
Tu n’as pas peur que vous ayez l’image d’un groupe de « baloche sixties » ?
La philosophie de Dino Farfisa c’est que l’on a peur de rien ! (énorme éclat de rires). Ca ne veut pas dire que l’on est pas rigoureux dans ce que l’on fait, on ne fait pas de baloche, on sait trop ce que cela veut dire. On a déjà été interviewé par des radios et quand on nous a demandé nos projets on a répondu que l’on en avait pas (rires). Notre philosophie elle est là ! On a un grand plaisir à se retrouver pour répéter, à jouer ces morceaux, à se retrouver mais surtout on se prend pas la tête : juste du plaisir sans aucuns égo.
https://www.youtube.com/watch?v=OE4FSl4YwnY
Alors pourquoi sortir un disque aujourd’hui ?
En fait on est déjà sur deux compilations : une Rémoise et une compilation de South Of Nowhere, notre label actuel, le vol1 de leurs compilations. Maintenant notre but c’était pas de se dire : « on va rien enregistrer et on restera dans la légende », on joue beaucoup notamment en Italie et les gens nous pressaient de faire un disque(sans jeu de mot). Ce groupe c’est vraiment que du plaisir : il y a des gens qui sont partis, d’autres qui sont revenus, ça a un peu bougé mais le noyau dur est resté. On s’est dit : « on va se faire un cadeau pour nous et pour le public, on va enregistrer quatre titres pour un single ». Moi je ne voyais pas trop l’intérêt de chanter des reprises en anglais, il y a plein de gens qui le font mieux que nous. J’ai proposé de faire des reprises en Italien parce qu’on va souvent jouer en Italie. Tout le monde a dit ok.
Mais c’est toi Dino Farfisa et les autres les Fuzz ?
Au début on s’appelait les Diabetiks mais bon c’était pas terrible (rires). On devait trouver un autre nom et je crois que c’est Franck qui a trouvé Dino Farfisa. Bon, en Italie on m’appelle Dino, enfin les organisateurs de festivals (rires), parce que Didier ça n’existe pas en Italien.
Mais vous avez fait combien de concerts ?
Houla ! Beaucoup ! On a commencé par jouer pour l’Euro Vespa à l’époque. C’était notre premier concert et puis après dès qu’il y avait des manifestations Mods sur la côte on était invités. En fait au début en 1997, on faisait plus de concerts qu’aujourd’hui. Il y aussi le Volume (salle de rock à Nice Ndlr), où nous étions un peu le groupe résident principalement parce que j’étais président de Trafic Rock une association partenaire du Volume (rires).
(Dino Farfisa and the Fuzz au concert au Volume - Photo Richard Prompt)
On parle un peu des quatre morceaux de ce single ?
En fait on a enregistré plus de morceaux mais on a de quoi entretenir la légende parce que nous avons aussi des enregistrements perdus (rires).
Hein ?
Oui, on avait enregistré une maquette au Volume et qui a été perdue sur un disque dur. D’ailleurs notre disque a été enregistré au Volume, c’est symbolique parce que c’était le seul lieu digne de ce nom à Nice où il y avait de la musique alternative.
Vous avez enregistré en Live avec un son d’époque ?
Exactement, j’ai juste refait des voix et des chœursAvec Franck le Bassiste et Stefano un ami chanteur originaire de Rome. C’est Yann Le Clanche et Aymeric Pohl qui ont fait la prise de son et c’est Daniel Aprosio notre guitariste qui a fait le mixage.
https://www.youtube.com/watch?v=Kazn865pnFg
C’est quoi donc les morceaux ?
Il y a une adaptation du Spencer Davis Group, une reprise de Michel Polnareff…et deux morceaux Garage classique. Ce sont des morceaux que l’on chantait en anglais et que l’on a adapté.
Dessus tu fais de l’harmonica et du Farfisa ?
L’harmonica oui, mais le Farfisa c’est surtout Gilles Zerbib qui en joue sur le disque : en fait je ne suis pas un très bon clavier.
Dino Farfisa ce n’est pas un peu une sorte de Radio Caroline d’aujourd’hui ?
Je ne sais pas, peut-être mais en tout cas c’est un esprit qui nous plait beaucoup !
Vous avez un nouveau batteur ?
Oui, c’est l’ancien batteur de Captain Rock et c’est aussi le batteur des Zemblas avec qui je joue aussi.
On parle de votre label « Ave The Sound » ?
C’est un collectif qui a démarré avec une fille, Sophie, qui a quitté Nice pour Marseille. Elle a rencontré là-bas, des musiciens marseillais et comme elle connaissait les groupes de Nice Avignon, Montpellier et Toulon, elle a crée un collectif de groupes du sud. On se connaissait tous : entre les groupes du sud entre Marseille, Nice, Aix ou Toulon. C’est devenu un label par la suite. Il y avait une cause pour ce label : c’est de pouvoir offrir avec les compilations et les concerts des chaines stéréos pour les enfants hospitalisés.
C’est eux qui vous ont proposé de faire ce 45 t ?
On les connaissait depuis longtemps. On avait fait plusieurs propositions ailleurs sans succès puis ils se sont proposés et pour nous c’était le plus simple. On voulait faire un petit tirage donc c’était plus pratique pour nous de se débrouiller avec du local.
On peut espérer un jour un album ?
On a du matériel, tu t’en doutes ? (rires) Mais on a ce poil dans la main qui nous bloque (rires), on est des feignasses (rires) … Disons que notre objectif ce n’est pas de faire des compos et ce genre de trucs.
Vous n’allez jamais composer ?
C’est pas le but ! A une époque on a eu dans le groupe des gens plus jeunes qui faisaient partie d’un groupe « Eon Megahertz », un groupe Nicois. Il y avait le chanteur guitariste et le batteur. Ils sont restés quatre ou cinq ans et c’était super ! Ils avaient une volonté de composer et le chanteur a amené un morceau, on l’a fait et quand ils sont partis on a repris les reprises (rires).
Mais ce single regroupe toutes vos « palettes » ?
Oh non, il manque encore la palette « surf instrumental », un genre que l’on joue souvent en live.
C’est quoi vos projets ?
(Enorme rires) Il n’y a pas de projets ! On n’en a toujours pas ! (rires). C’est pour ça que l’on ne voulait pas d’un gros pressage, on ne voulait pas de pressions ce genre de choses. On va faire une « release party » en décembre et puis on vendra les quelques disques restants sur les concerts et puis voilà. En fait notre grand truc, c’est « Le Mans Classic », un concert que l’on fait sur le circuit du Mans pour une course de voitures de collections. A chaque fois c’est du bonheur ! C’est un public différent et des super conditions.
Vous ne seriez pas le groupe ultime Niçois : tout le monde joue dans d’autres groupes et personne ne se prend la tête ?
Je joue dans d’autres groupes et personne ne se prend la tête ! Mais c’est vrai que c’est un groupe un peu fédérateur parce que quand on joue on a un peu tous les publics : quand on jouait au Volume, on voyait que le jeune public comme le plus ancien aimait ça.
A Nice vous devez inspirer le respect ?
La maison mère ca reste les Playboys, c’est eux qui rassemblent tout ça ! On est pas loin derrière mais on est derrière même si on a Franck Durban avec nous et c’est tant mieux !
https://avethesound.bandcamp.com/album/dino-farfisa-and-the-fuzz-av040-ep