Comment est né le label ?
J’avais envie de faire un 45 t solo sous le nom de Memphis Electronic, et comme je n’avais aucune envie de démarcher pour trouver un hypothétique label, j’ai crée le mien pour l’occasion ! Cela me permet, maintenant, de pouvoir sortir mes disques et ceux de mes proches, en m’occupant moi même de tout pour ne dépendre de personne. Pour n’avoir pas à attendre (je déteste les choses qui prennent du temps !)
Si vous deviez définir une philosophie pour le label se serait quoi ?
Même si le terme est un peu dévoyé, c’est vraiment du Do-It-Yourself de A à Z, de l’enregistrement à la vente en passant par la pochette, 100 % autoproduit, 100% rock’n’roll, 100% vinyle (bien que, la qualité des pressages étant vraiment moyenne depuis un moment, même ça n’est plus un critère si pertinent finalement…)
Vous êtes guitariste des Dum Dum Boys, vous tournez depuis trente ans, cela a-t-il joué dans la création du label ?
Un peu dans le sens où on a sorti la moitié de nos disques sur de « petits » label et l’autre moitié sur celui d’un pote qui est devenu plus ou moins le nôtre (c’est Bratch des DDBoys qui s’en occupe maintenant), FFFascination Records, et on s’est aperçu que c’était exactement pareil (ni plus ni moins de chroniques ou de disques vendus), comme de toute façon on a, à part au tout début, toujours enregistré à la maison, finalement je me suis dit qu’il valait mieux faire tout à 100% seul, ça revenait à peu près au même. D’autant plus que, dans toutes ces années, on a toujours plus sympathisé avec des groupes ou des gens étrangers qu’avec des français (on doit être antipathiques…) donc on a très peu de contacts ou de relations avec le « bizness ».
Pouvez-vous nous présentez les artistes du label ?
Il y a donc Memphis Electronic (c’est-à-dire moi !), les Dum Dum Boys, The Bratchman (c’est à dire Bratch guitariste des DDBoys en solo), die Idiots (c’est à dire Karim, chanteur des DDB, un autre guitariste, une boite à rythme et moi), NON ! (ma copine et moi) et XYZ (Ian Svenonius, chanteur de Chain & the Gang/Make-Up et moi)
Vu de l’extérieur on a l’impression que l’on peut presque parler de collectif, quand pensez-vous ?
Forcément, vu que ce sont les mêmes dix personnes sous diverses combinaisons, ça ressemble fortement à un collectif ! Et même si ce sont des « projets » bien distincts, il y a aussi une forte unité musicale quand même.
Quels sont vos critères pour sortir un disque chez Mono-Tone Record ? On a l’impression que votre ambition est de dépasser le strict format musical : beaux objets, visuels superbes …
Pour l’instant, le critère principal est qu’il faut que je sois dans le groupe ou tout proche ! J’aimerais bien sortir des disques de groupes ou de personnes avec qui je n’ai rien à voir mais dont j’aime la musique, c’est uniquement une question de moyens. En gros, les ventes de chaque disque paient le disque suivant et je n’ai pas les moyens de sortir plusieurs trucs de front. En plus, comme le label est quasi uniquement distribué par mes soins (donc très limité), par correspondance et dans la quinzaine de disquaires « rock », ce n’est pas vraiment un super plan pour d’autres groupes ! J’aurai pu sortir le dernier Chain & the Gang mais, heureusement pour eux, ils ont fini par trouver un label anglais pour l’Europe.
Quand à « l’emballage », content que ça vous plaise ! Il n’y a pas vraiment de ligne directrice mais j’aime bien quand c’est assez simple et flashy, dans un esprit plutôt punk et pop.
Quelles sont, selon vous, les qualités d’un label et lesquels avez-vous ?
A part les grands labels qui sont une chose quand même complètement différente, j’aime bien les labels qui ont une vraie identité donnant envie d’écouter leurs disques quels qu’ils soient, comme k records au début ou Norton, Fat Possum pendant longtemps, ce genre de chose. Mais ce n’est pas évident de durer comme ça, il faut avoir les bons groupes (et les garder !), pas trop se disperser mais pas trop se répéter non plus.
Pour Mono-Tone, ce n’est pas vraiment comparable, je n’ai sorti que 14 disques et avec quasiment que des groupes à moi donc c’est quand même bien différent, il faudrait que j’en ai sorti trois fois plus et avec des groupes plus divers pour qu’on puisse vraiment appeler ça un label.
Quel serait l’artiste et le disque que vous auriez aimé sortir dans vos rêves les plus fous ?
C’est dur à dire ! Dans mes rêves les plus fous il y aurait tous mes disque préférés (ça en fait pas mal !), dans mes rêves relativement plus raisonnables, j’aimerais bien avoir les moyens de sortir des disques des groupe actuels que j’aime comme Chain & the Gang, Kid Congo, Warm Soda, Quintron & Miss Pussycat, les Wooden Shjips et quelques autres ainsi que des rééditions ou des compilations de vieux trucs.
Vous êtes originaire et basé à Nice, quelle est l’importance de la ville sur le label, sachant que c’est une ville qui depuis les années 80 a une tradition musicale très forte, les Dum Dum boys, les Playboys et maintenant Griefjoy ? Est ce plus facile de faire de la musique sur la Riviera ? Y a-t-il plus de structures ?
« Très forte » c’est un peu exagéré ! Il y avait effectivement une bonne scène plus ancienne que la nôtre, du punk aux Playboys et une encore pas mal quand on a commencé mais ensuite il y a eu un énorme creux de toute une génération avec AUCUNS bons nouveaux groupes pendant des années.
Depuis quelques temps, il y a des nouveaux groupes comme Griefjoy, Alpes ou Hyphen Hyphen qui ne sont pas ma tasse de thé mais qui sont bons dans leur genre et se bougent bien. Il n’y a pas tellement de salles où jouer dans la région qui est en plus un peu isolée par rapport au reste de la France, sans compter que la grande majorité des gens ici sont plus branchés électro, techno, reggae, etc… que rock’n’roll. En même temps, est-ce mieux ailleurs ?!
Quels sont vos moyens pour la promotion ?
Aucuns ! J’envoie juste quelques disques à 4 ou 5 fanzines ou magazines.
Vous qui êtes sur le circuit depuis longtemps pensez vous que internet et les réseaux sociaux vous aident beaucoup pour la promotion et la diffusion ?
Ca aide quand même évidemment pas mal pour diffuser les infos et atteindre - un peu – les gens. Pour ce qui est de vraiment vendre des disques, c’est moins sûr. Les chiffres ont quand même été divisés au moins par deux par rapport à il y a vingt ans, il y a cent fois plus de gens qui vont écouter un bout de morceau sur Facebook, You Tube ou autre mais qui soient vraiment intéressés c’est autre chose…
Ou peut-on se procurer vos disques, notamment à Paris ?
A Paris : chez Born Bad, Plus de bruit, Souffle Continu et parfois Gibert. Ailleurs dans les magasins faisant toujours du vinyle et du rock ou par correspondance (à memphismao@gmail.com)
Quels sont vos projets ?
Pas grand chose ! Probablement un nouveau DDBoys (mais on a à peine commencé à y réfléchir, on voudrait faire un truc franchement différent de tout ce qu’on a fait précédemment), à part ça je ne sais pas trop, avec NON ! on ne fait plus rien (3 albums et des 45 tours, on a bien fait le tour de la question…), XYZ c’est un projet occasionnel mais qui sait… Ces temps-ci je fais plus souvent DJ (100% vinyle et rock’n’roll aussi !) et un fanzine (ZERO, tous les mois, numéro 15 !), que de la musique…
Le mot de la fin :
Le rock’n’roll est mort, dansons sur sa tombe !